SULLA ROTTA
PER LA SICILIA: L’EPIRO,
CORCIRA E L’OCCIDENTE
a cura di
Giovanna De Sensi Sestito e Maria Intrieri
Edizioni ETS
www.edizioniets.com
Volume pubblicato con i fondi del PRIN 2007 (MIUR 20072KYY8C_004)
© Copyright 2011
EDIZIONI ETS
Piazza Carrara, 16-19, I-56126 Pisa
info@edizioniets.com
www.edizioniets.com
Distribuzione
PDE, Via Tevere 54, I-50019 Sesto Fiorentino [Firenze]
ISBN 978-884673091-6
LES OBJETS MÉTALLIQUES DU SANCTUAIRE DE PÉRACHORA
ET LA DYNAMIQUE DES ÉCHANGES ENTRE MERS IONIENNE,
ADRIATIQUE ET TYRRHÉNIENNE À L’ÉPOQUE ARCHAÏQUE
Le secteur de la Mer Ionienne compris entre l’Épire, l’Illyrie et la Messapie
constitue à l’époque archaïque un carrefour complexe de voies maritimes qui relient
les diverses zones de la Méditerranée centrale et de l’Adriatique et qui se modifient
continuellement, en fonction des transformations dans les équilibres économiques
et politiques entre les puissances de la région. On pourrait trouver divers moyens
pour tenter une reconstitution de la physionomie de ce nœud dense de voies
maritimes, même si la documentation, souvent non publiée, ne permet pas encore
d’en retracer un cadre complet.
Parmi les corpus documentaires susceptibles de donner des informations sur
cette question, on peut en examiner un qui ne provient pas de la zone considérée
mais apporte toutefois un éclairage original et intéressant. Il a été un peu sousévalué à cet égard. Il s’agit de la série des objets métalliques d’époque archaïque qui
ont été recueillis dans le sanctuaire d’Héra à Pérachora. Le site se trouve sur la
côte méridionale du promontoire qui se dresse à l’est du golfe de Corinthe. C’est,
avec celui d’Isthmia, l’un des plus importants lieux de culte du territoire de
Corinthe. Il est mentionné par plusieurs auteurs antiques et a été exploré de
manière systématique de 1930 à 1933 par une équipe dirigée par Humfry Payne1.
Il a livré de très nombreuses offrandes, parmi lesquelles une riche série d’objets
métalliques qui, dans leur très grande majorité, datent des VIIe-Ve siècles avant J.C. Ils proviennent de deux secteurs du site. Les plus anciens ont été mis au jour
dans la zone du temple d’époque géométrique d’Héra Akraia, dans le port antique2.
Ce sont avant tout des épingles, auxquelles s’ajoutent de rares fibules et d’autres
parures en bronze et en or, ainsi que quelques armes, antérieures au milieu du VIIIe
siècle avant J.-C.
Les offrandes les plus nombreuses proviennent de la terrasse supérieure, qui
domine le port à l’est3. Certaines d’entre elles ont été trouvées dans les couches
superposées qui se sont déposées entre le milieu du VIIIe et le Ve siècle avant J.C. autour du bâtiment principal, dans lequel on reconnaît maintenant une salle de
PAYNE 1940; DUNBABIN 1962. Voir plus récemment TOMLINSON 1992 et MORGAN 1994,
129-135, avec la bibliographie précédente. Voir aussi NOVARO-LEFÈVRE 2000.
2
PAYNE 1940, 27-77, en particulier 69-75.
3
PAYNE 1940, 116-118 et 123-190.
1
19
Stéphane Verger
banquet4. La majorité provient surtout du comblement d’un bassin artificiel qui se
trouve en contrebas de cette terrasse, à l’ouest5. Il a probablement été creusé au
VIIIe siècle avant J.-C. et s’est rempli progressivement jusqu’au Ve siècle avant
J.-C. Il contenait des fragments d’objets qui avaient peut-être glissé le long de la
pente, mais surtout une grande quantité d’offrandes volontairement jetées à cet
endroit, comme une série de quelque 200 phiales et plusieurs autres vases de
bronze, utilisés probablement pour les libations ou pendant les banquets6.
Les objets métalliques grecs de la terrasse supérieure sont beaucoup plus variés
que ceux des couches géométriques autour du temple. À côté des épingles, on
trouve de très nombreuses fibules, une certaine quantité de parures (bracelets,
bagues, boucles d’oreilles, diadèmes et pendeloques) et quelques objets de toilette
(miroirs et strigiles). Les armes semblent relativement peu nombreuses (quelques
épées en fer, des pointes de flèches et des ornements de boucliers en tôle de bronze).
S’y ajoute une riche série de vases métalliques des VIIe et VIe siècles avant J.-C.
Les grands récipients sont rares et mal conservés. En dehors des phiales trouvées
dans le bassin, on reconnaît surtout des vases du service (olpès et œnochoès) et de
la consommation du vin (des kotylai notamment) ainsi que des bassins.
À côté des très nombreux objets fabriqués à Corinthe ou, plus généralement, en
Grèce (notamment en Grèce de l’Est, d’où provient une série de fibules de modèle
phrygien), les terrasses supérieures du sanctuaire d’Héra contenaient un nombre
important d’objets non grecs, qui ont été repérés par Thomas J. Dunbabin, puis
recensés plus systématiquement, notamment par Imma Kilian Dirlmeier en 19857.
L’inventaire que cette chercheuse en proposait alors montrait clairement que, si le
rayonnement du sanctuaire corinthien au VIIe siècle n’atteignait pas celui de
l’Héraion de Samos, il pouvait être comparé en revanche à celui des grands sites de
Delphes et d’Olympie et dépassait très largement celui que révélait le sanctuaire de
Pherai, qui était presque exclusivement tourné vers la Grèce nu nord et les Balkans.
L’enquête fondamentale d’Imma Kilian Dirlmeier présente maintenant, pour ce qui
concerne le sanctuaire de Pérachora, deux limitations. La première est d’ordre
chronologique. L’auteur avait pour but de préciser l’impact du développement des
réseaux de contacts maritimes à longue distance au début de l’époque orientalisante
(“vom 8. zum Beginn des 7. Jahrhunderts v. Chr”), ce qui se justifiait dans le cadre
des recherches qui étaient alors menées sur l’évolution des pratiques votives
grecques entre le début de la période géométrique et l’époque orientalisante, mais
qui ne convient pas pour l’enquête présente, qui porte aussi et surtout sur une phase
plus récente, la seconde moitié du VIIe et les deux premiers tiers du VIe siècles
avant J.-C. Si l’on regarde plus en détail les listes d’Imma Kilian Dirlmeier, on
s’aperçoit d’ailleurs que certains des objets pris en compte sont sans doute plus
récents que la limite basse qui avait été fixée. La deuxième limitation est d’ordre
4
5
6
7
20
Depuis TOMLINSON 1977, repris dans TOMLINSON 1992.
PAYNE 1940, 119-122 et 148-156.
TOMLINSON 1992, 334-335.
KILIAN-DIRLMEIER 1985, 228-230, Fig. 12, et 245-246.
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
géographique. D’un point de vue général, le monde des offrandes lointaines tel que
le restituait Imma Kilian Dirlmeier à partir des quatre grands sanctuaires de Pherai,
Pérachora, Olympie et Samos, était un monde essentiellement oriental, centré sur la
Mer Egée, s’étendant au nord jusqu’au domaine des Scythes, au sud jusqu’à
l’Égypte, à l’est jusqu’à la Perse occidentale et à l’ouest jusqu’à l’Italie. Le bassin
occidental de la Méditerranée en restait à l’écart, si l’on excepte les quelques peignes
de Samos produits par un atelier orientalisant du sud de la péninsule ibérique8. Or, il
est possible d’identifier à Pérachora d’assez nombreux objets originaires de diverses
régions de la Méditerranée nord-occidentale et datant de la fin du VIIe et de la
première moitié du VIe siècle avant J.-C.
Les offrandes étrangères des terrasses supérieures mettent en fait en évidence
la position centrale qu’occupe le sanctuaire de Pérachora dans les navigations
méditerranéennes du VIIe et de la première moitié du VIe siècle. Si l’on excepte la
très abondante série de scarabées, dont la présence est sans doute à mettre au
compte d’une pratique votive spécifique plutôt qu’à celui du développement de
relations très privilégiées avec la Méditerranée orientale, les proportions d’objets
orientaux, septentrionaux et occidentaux sont assez comparables. Cet équilibre
relatif rappelle celui qui a été observé par exemple, à Corinthe même, dans la série
céramique provenant du Trader’s Complex, à la fin du VIIe et au début du VIe siècle avant J.-C.9
Un examen plus attentif de la série révèle l’existence de deux groupes
chronologiquement distincts. Le premier concerne la fin du VIIIe et les deux
premiers tiers du VIIe siècle avant J.-C.; le deuxième la fin du VIIe et les deux
premiers tiers du VIe siècle.
La phase ancienne: la Méditerranée orientale et l’Italie tyrrhénienne
La série des objets non grecs de la phase ancienne comprend un petit groupe de
vases, les uns d’origine orientale, les autres de l’Étrurie tyrrhénienne, ainsi que
quelques fibules qui, elles aussi, montrent la même association caractéristique de
types orientaux et d’exemplaires essentiellement tyrrhéniens.
La composante orientale ancienne
Parmi les premiers, on peut ranger une des nombreuses phiales mises au jour
dans le sanctuaire. Elle présente un ombilic entouré de côtes concentriques moulées
et un bord légèrement épaissi10 (Fig. 1, 1). Il s’agit d’un modèle typiquement
phrygien dont les grands tumulus de Gordion ont livré de nombreux exemplaires11
8
9
10
11
FREYER-SCHAUENBURG 1966.
KAUFMAN WILLIAMS 1974, 14-33; MAC INTOSH 1974.
PAYNE 1940, pl. 55, 4 et pl. 135, 5.
YOUNG 1981, 15-16, pl. 9, F-G et pl. 10, A-H (tumulus P, n. 15-27); 143-145, Fig. 91, E-
21
Stéphane Verger
provenant de contextes bien datés de la seconde moitié du VIIIe siècle avant J.-C. Il
n’est pas impossible qu’un fragment de disque à côtes et cannelures périphériques12
(Fig. 1, 2) provienne également d’une phiale d’un type semblable au précédent,
mais avec l’intérieur de la vasque entièrement décoré de cannelures13. Ce type de
phiale phrygienne est attesté par ailleurs dans le Sud de la Turquie, dans les
tumulus d’Elmalı en Lycie, ainsi qu’en Crète, dans la grande nécropole d’Eleutherna14, dans des contextes du début du VIIe siècle avant J.-C. Cette répartition
pourrait indiquer la voie que suivent les produits phrygiens pour atteindre la
Méditerranée centrale.
On doit sans doute reconnaître une autre phiale de modèle ou de fabrication
phrygienne dans l’exemplaire à vasque lisse, lèvre épaissie et petit ombilic central
conique15 (Fig. 1, 3). Le meilleur parallèle se trouve en effet dans le tumulus W de
Gordion: la phiale W1716 a exactement les mêmes caractéristiques que celle de
Pérachora. Elle se place au début de la série des phiales phrygiennes de Gordion,
si l’on en croit la chronologie relative des tertres établie par R.S. Young, selon
laquelle le tumulus W est le plus ancien.
Une autre phiale de modèle oriental est ornée de gros godrons qui forment une
rosace complexe en relief sur l’ensemble de la vasque17 (Fig. 1, 4). Le bord est
très évasé. Il s’agit d’un type pour lequel on peut trouver des parallèles en
Phrygie, dans les tumulus de Gordion18, mais surtout en Assyrie. C’est sans doute
plutôt de cette région que provient l’exemplaire de Pérachora. Une phiale très
finement godronnée (Fig. 1, 5) appartient à une série dont l’origine est à chercher
aussi en Assyrie, mais qui a été largement imitée en Méditerranée orientale et
jusqu’en Italie centrale tyrrhénienne. On considère généralement que l’exemplaire
de Pérachora est un produit original du Moyen Orient19.
On peut ajouter à ces vases un petit groupe de coupes en calotte à lèvre
épaissie dans lesquelles on peut reconnaître soit des productions de la
Méditerranée orientale – de Chypre notamment – soit des imitations grecques ou
occidentales. Plusieurs variantes peuvent être distinguées: basse “à vasque
lenticulaire” (Fig. 1, 6) (type 1a de Laurence Mercuri20); hémisphérique ouverte
H, pl. 72, A-E (tumulus MM, n. 130-145); 205, Fig. 123, pl. 90, A-C (tumulus W, n. 12). Voir
aussi TOKER 1992, n. 59-60, 82-83.
12 PAYNE 1940, pl. 64, 4.
13 Y OUNG 1981, 15, pl. 9, D-E (tumulus P, n. 12); 141-143, Fig. 91, A-D, pl. 71 (tumulus
MM, nn. 124-130).
14 STAMPOLIDIS, KARETSOU 2001, 94, n. 292; STAMPOLIDIS 2002.
15 PAYNE 1940, pl. 55, 1.
16 YOUNG 1981, 206, Fig. 124, pl. 90, E.
17 PAYNE 1940, 154, pl. 56, 3-4.
18 YOUNG 1981, 14-15, Fig. 8, pl. 9, A-C (tumulus P, n. 11); 204-205, Fig. 121-122, pl. 89,
F (tumulus W, n. 10).
19 PAYNE 1940, pl. 56, 2: voir HOWES SMITH 1984, 79, 105 et 108, 3a et b; SCIACCA 2005,
79, Pe1, Fig. 104 et 294-295.
20 PAYNE 1940, pl. 62, 3; MERCURI 2004, 147-154, Fig. 43.
22
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
Fig. 1. Sanctuaire d’Héra à Pérachora, objets orientaux de la phase ancienne: 1. Phiale de type
phrygien à ombilic entouré de filets en relief; 2. Fragment de phiale de type phrygien à ombilic
entouré de filets en relief; 3. Phiale de type phrygien à petit ombilic conique; 4. Phiale orientale
à godrons formant une rosace; 5. Phiale orientale à godrons fins; 6-10. Coupes en calotte; 11.
Fibule phrygienne. D’après PAYNE 1940.
à paroi évasée dans la partie supérieure (Fig. 1, 7) (type 2a21); en demi-sphère
(type 2b22; Fig. 1, 8); à paroi rectiligne et fond aplati ou plat (type 423). Dans ce
dernier cas, il s’agit d’un côté d’une coupe24 (Fig. 1, 9) et de l’autre un large
bassin à lèvre épaissie vers l’extérieur (Fig. 1, 10), qui pourrait faire partie d’une
série plus récente25. La datation et l’origine de ces vases, qui ont une forme très
simple et qui ont donc pu être assez aisément imités, sont difficiles à établir en
21
PAYNE 1940, pl. 62, 8; MERCURI 2004, 155-158, Fig. 45.
PAYNE 1940, pl. 62, 6; MERCURI 2004, 158-161, Fig. 46.
23 PAYNE 1940, pl. 55, 2-3; MERCURI 2004, 171, Fig. 48.
24 PAYNE 1940, pl. 55, 2. Très semblable par exemple à une coupe mise au jour dans la couche
5 du sanctuaire de Bitalemi à Géla: VERGER c.d.s., Fig. 19, 5.
25 P AYNE 1940, pl. 55, 3. On en trouve toutefois des parallèles exacts à Cirò Superiore en
Calabre, dans un contexte mal daté (MERCURI 2004, 168, n. 4, Fig. 48, 3) mais aussi dans la tombe
du Guerrier de Tarquinia, datée vers 700 avant J.-C. (KILIAN 1977, 34, n. 49, Fig. 13, 1).
22
23
Stéphane Verger
l’absence de contexte précis26. Certaines séries (comme celle du type 2a)
apparaissent dès les Xe-IXe siècles à Chypre et en Méditerranée orientale et sont
attestées dès cette époque en Italie du sud (à Torre Galli en Calabre); d’autres
(comme celle du type 3) persistent jusqu’à la seconde moitié du VIIe voire à la
première moitié du VIe siècle, comme le montrent les exemplaires de Bitalemi et
de Cerveteri (Camera degli Alari de la tombe des Dolii dans le tumulus II de la
Banditaccia, vers 630 avant J.-C.).
Pour la phase ancienne, les fibules orientales sont représentées par une série
d’exemplaires qui viennent pour la plupart de cités de Grèce de l’est27, mais aussi
par une fibule de construction plus complexe de fabrication probablement
phrygienne28 (Fig. 1, 11). L’objet date du VIIIe ou de la première moitié du VIIe
siècle avant J.-C.
Les productions tyrrhéniennes anciennes
Les productions occidentales pourraient être représentées par une phiale godronnée29 (Fig. 2, 1) qui entre dans les variantes occidentales de la série
précédente, bien connues dans toute l’Italie centrale tyrrhénienne à la fin du VIIIe
et dans la première moitié du VIIe siècle avant J.-C. Ferdinando Sciacca doute
toutefois de son origine italique et propose plutôt d’y voir une variante régionale,
grecque, d’un type oriental plus largement imité par ailleurs en Italie centrale tyrrhénienne30. La vaisselle étrusque du début de l’époque orientalisante comprend
aussi un objet plus exceptionnel en Grèce. Il s’agit d’une grande tige courbée et
munie de rivets à grosse tête sphérique à une extrémité31 (Fig. 2, 2) qui peut être
identifiée comme un pied de support de vase cylindrique en tôle de fabrication
vulcienne de la première moitié du VIIe siècle32. Un trépied muni de pieds semblables provient ainsi de la riche tombe du char de Vulci, qui date de la première
moitié du VIIe siècle33. En Grèce, deux pieds appartenant probablement à un seul
objet de même type, l’un entier et déformé, l’autre fragmentaire, ont été mis au
jour dans le sanctuaire du Ptoion près de Thèbes34.
Ces types de vaisselles étrusques sont caractéristiques des tombes les plus
riches de d’Etrurie tyrrhénienne dans la première moitié du VIIe siècle. Elles
s’insèrent dans le petit groupe de pièces exceptionnelles originaires de cette
26 Pour la discussion de cette question et pour la bibliographie précédente, voir MERCURI 2004,
188-192.
27 PAYNE 1940, 171, pl. 73, 21-26, 28-29, 31-32.
28 PAYNE 1940, 171, pl. 73, 30.
29 PAYNE 1940, 154, pl. 56, 1.
30 SCIACCA 2005, 79, Pe2, et 295, Fig. 105.
31 PAYNE 1940, 164, pl. 69, 5.
32 Sur ce type, voir JURGEIT 1999, 258-259, pl. 124-125, n. 414-415.
33 SGUBINI MORETTI 1997, 144, Fig. 8.
34 Les deux objets sont connus par une photographie conservée dans les archives de l’École
française d’Athènes. DUCAT 1971, 431, pl. 101, n. 285 et pl. 102, n. 286.
24
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
Fig. 2. Sanctuaire d’Héra à Pérachora, objets occidentaux de la phase ancienne: 1. Phiale godronnée de fabrication grecque ou italique; 2. pied de trépied vulcien; 3. Fermoir d’origine
incertaine, peut-être tyrrhénienne; 4. Fibule serpentiforme en argent; 5. Fibule serpentiforme
en bronze; 6-7. fibules a sanguisuga en bronze; 8-9. Fibules à arc filiforme revêtu d’os et
d’ambre. D’après PAYNE 1940 et DUNBABIN 1962.
région et datées de la fin du VIIIe et de la première moitié du VIIe siècle
provenant des grands sanctuaires de la Grèce. Cette série se distingue assez
clairement du groupe d’objets villanoviens, qui sont des armes offensives (épées
et peut-être lances) et défensives (casques) datant du IXe et des deux premiers
tiers du VIIIe siècle35. Une série de fragments de boucliers circulaires étrusque
de la seconde moitié du VIIIe ou de la première moitié du VIIe siècle fait la
jonction entre les deux phases36. On les trouve à Dodone, Delphes, Olympie et
Samos. Les objets importants du début de l’époque orientalisante sont plus
variés. Mentionnons ainsi, parmi les cas bien connus, un fragment de feuille
d’argent décorée par estampage et un petit chaudron sur pied à anses figurées
d’Olympie37 et des fragments de vaisselles décorés de végétaux et d’animaux de
Samos. Alessandro Naso a proposé de reconnaître dans deux restes de tôle
35
36
37
VON HASE 1997, 293-323; NASO 2006, 331-334.
NASO 2006, 335-336, Fig. 7-8.
NASO 2006, 340-341, Fig. 10-11.
25
Stéphane Verger
d’Olympie, antérieurement considérés comme des fragments de boucliers, les
restes du revêtement métallique d’un trône étrusque du VIIe siècle38. Il les a mis
en relation, de manière très suggestive, avec le renseignement fourni par
Pausanias (V, 12, 5) selon lequel se trouvait dans le temple d’Olympie le trône
d’Arimnestos, roi des Tyrrhéniens, qui fut le premier des Barbares à faire une offrande au sanctuaire. Il faut toutefois rester prudent pour certains de ces
fragments, car l’attribution à des boucliers ovales ou bien circulaires de très
grande taille n’est pas entièrement exclue39.
Il faut ajouter à ce petit groupe des objets “princiers” orientalisants d’Étrurie
dans les sanctuaires grecs une pièce en bronze mise au jour dans le sanctuaire de
Delphes40, dans laquelle on peut reconnaître un renfort arrière de plancher de
caisse de char étrusque de la première moitié du VIIe siècle41. Ce type de pièce est
attesté sur les véhicules du tumulus des Chars de Populonia42, de la tombe 8
(LXI) de la nécropole de la Contrada Morgi à Narce43 et de la tombe Regolini
Galassi de Cerveteri44. Une variante pourvue d’une décoration zoomorphe ornait
le char de la tombe Bernardini de Palestrina45. La forme de l’objet se retrouve
également sur la pièce de bois qui formait un des angles postérieurs du plancher de
la caisse du currus de la tombe du Char de Vulci46. Tous ces véhicules peuvent
être attribués à la première moitié du VIIe siècle.
A Pérachora même, deux autres pièces pourraient être attribuées, sans
certitude absolue, aux productions d’Etrurie centrale tyrrhénienne de la fin du
VIIIe ou de la première moitié du VIIe siècle. La première est un fermoir de
ceinture ou un élément de harnachement présentant une tige terminée par deux
sphères aplaties et une boucle centrale ovale, reliées par une partie ajourée en
forme d’animal fantastique dressé sur ses pattes postérieures47 (Fig. 2, 3). La
pièce a été supposée d’origine orientale et comparée avec des productions de
l’Ourartou. Mais les parallèles sont approximatifs. Aucune comparaison précise
n’a d’ailleurs pu être trouvée non plus en Italie. Cependant, la forme générale de la
pièce, la morphologie de l’anneau central et la disposition de l’animal, qui rappelle
certaines compositions étrusques de la première moitié du VIIe siècle, comme
celles qui ornent la poignée en bronze revêtue d’argent n° 34 de la tombe
Barberini de Palestrina48 ou les plaques en bronze à décor zoomorphe de la tombe
38
NASO 2000, 160, Fig. 80-81; NASO 2006, 335-336, Fig. 7-8.
VERGER 2011, 181, Fig. 21, 2.
40 VERGER 2011, 195, n. 139, Fig. 33.
41 EMILIOZZI 1997b, 100.
42 EMILIOZZI 1997a, 172, Fig. 12, pl. 6 et pl. 7, 2-3.
43 EMILIOZZI 1997a, 330, n. 203; EMILIOZZI 1997b, 98, Fig. 3.
44 E MILIOZZI 1997b, 100, n. 16; 1997a, 334, n. 257 mentionne aussi un exemplaire sans
provenance de la collection Hunt.
45 CANCIANI, VON HASE 1979, 57, n. 69, pl. 49-50, 1; EMILIOZZI 1997b, 100, Fig. 5.
46 EMILIOZZI 1997a, 146-147, Fig. 16 et 18, pl. 5, 1.
47 PAYNE 1940, pl. 42, 5.
48 CANCIANI, VON HASE 1979, 43-44, pl. 21 et 22, 2-3.
39
26
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
Regolini Galassi de Cerveteri49, engagent à y voir plutôt une production d’Italie
centrale tyrrhénienne de l’orientalisant ancien ou moyen. Cela pourrait être
confirmé par le rapprochement que l’on peut faire entre le fermoir de Pérachora et
un fermoir à double plaque ajourée de la tombe Bernardini de Palestrina, dans
lequel chaque élément est orné d’un personnage50.
Parmi les fibules italiques de Pérachora, on peut placer dans le même groupe
des objets précieux de l’Orientalisant un exemplaire serpentiforme en argent à
appendices latéraux ornés de perles51 (Fig. 2, 4), qui appartient à une variante
rare et précieuse que l’on rencontre uniquement dans des ensembles funéraires
très riches de la côte tyrrhénienne. D’autres fibules de cette époque sont plus
communes: un autre exemplaire serpentiforme à appendices latéraux simples en
bronze, fragmentaire52 (Fig. 2, 5), des fibules a sanguisuga à arc épais et long
porte-ardillon53 (Fig. 2, 6-7) et plusieurs fibules à arc filiforme revêtu de pièces
d’ambre et d’os ou d’ivoire54 (Fig. 2, 8-9), qui sont encore bien représentées dans
différentes régions d’Italie et de Sicile dans la seconde moitié du VIIe siècle.
A la fin du VIIIe et dans la première moitié du VIIe siècle, le sanctuaire de
Pérachora reçoit des objets précieux de deux zones à la périphérie du monde grec:
la Phrygie d’un côté, peut-être par l’intermédiaire d’une voie de contacts
méridionale qui passe par le Sud de l’Anatolie et la Crète; l’Étrurie tyrrhénienne
de l’autre, où se développe à cette époque un milieu aristocratique très réceptif et
susceptible d’envoyer des offrandes aux grands sanctuaires de la Grèce. Dans le
cas de Pérachora, le caractère spécifiquement tyrrhénien de certains des objets
semble exclure une provenance adriatique des plus anciens objets étrusques mis au
jour dans le sanctuaire.
La phase récente: réseaux adriatiques, contacts balkaniques et relations à très
longues distances
La seconde phase couvre le dernier tiers du VIIe et les deux premiers tiers du
VIe siècle avant J.-C. Les objets non grecs sont beaucoup plus nombreux. C’est
alors qu’apparaissent des éléments originaires de diverses zones des Balkans et
des objets produits ou transmis par les populations de l’Italie adriatique et
ionienne. Il est difficile de ne pas mettre en relation cette transformation de la
49
PARETI 1947, pl. 32, n. 238-1.
CANCIANI, VON HASE 1979, 55, n. 64, pl. 45, 1-2.
51 PAYNE 1940, 186, pl. 84, 18.
52 P AYNE 1940, 183, pl. 83, 9. Sur ce type, voir C ALIÒ 2000, 170 avec bibliographie
précédente. Il est diffusé en Etrurie tyrrhénienne côtière, dans le pays falisque, dans le Latium et en
Campanie, dans la seconde moitié du VIIIe et la première moitié du VIIe siècle. Des exemplaires
sont par ailleurs connus à Adrano, Francavilla Marittima, l’Incoronata, Forraxi Nioi (Nuoro),
Winzenburg.
53 PAYNE 1940, 170-171, pl. 72, 10.
54 DUNBABIN 1962, 439-441, pl. 187, n. A239, A241, A243, A248-258, A261 et A264.
50
27
Stéphane Verger
structure des contacts dans le sanctuaire corinthien avec la fondation des colonies
de la côte ionienne d’un côté et de celle Potidée en Chalcidique de l’autre.
Les objets italiques: un tropisme adriatique
Le premier ensemble d’objets est composé de vases fabriqués en Italie de la fin
du VIIe à la seconde moitié du VIe siècle. On peut attribuer à ce groupe un grand
bassin à large bord horizontal orné de trois tresses55 (Fig. 3, 1), qui appartient à
un groupe morphologiquement hétéroclite. On en trouve dans des contextes
funéraires datés de tout le VIe siècle, surtout en Italie centrale interne et
adriatique, ainsi qu’en Italie méridionale, comme l’ont montré les différentes
cartes de répartition élaborées dans les deux dernières décennies56 (Fig. 8). On
reconnaît aussi une anse d’olpè ou d’oenochoè57 (Fig. 3, 2). Elle est rubanée, avec
une attache d’anse inférieure circulaire, et est munie de pattes de fixation latérales
dans la partie supérieure. L’objet est à mettre en relation avec une petite série de
cruches étrusques des décennies centrales du VIe siècle dont on attribue la
production à l’Étrurie interne, plus précisément aux ateliers d’Orvieto58. L’anse de
Pérachora peut être rapprochée plus particulièrement de l’exemplaire conservé au
musée de Toronto et avec la cruche d’Albate59. Toutefois, elle est de taille
relativement réduite et s’adapterait sans doute mieux à une olpè. Il existe
d’ailleurs un petit groupe de cruchons apparentés aux grandes cruches du type de
celle d’Albate, qui proviennent probablement d’un groupe d’ateliers dépassant les
limites de l’Etrurie interne, dont certains devaient être installés à Cerveteri60.
Un corps fragmentaire de cruche, dont le col présente un filet à mi-hauteur
(Fig. 3, 3), pourrait être apparenté au groupe des oenochoès “rhodiennes”61. Le
pied et l’anse ne sont pas conservés, ce qui empêche d’attribuer le vase à un des
types définis par Brian B. Shefton. La production de cette série couvre le dernier
quart du VIIe et la première moitié du VIe siècle. Elle a probablement lieu en
Etrurie, mais il est difficile de préciser dans quelles villes. Les oenochoès rhodiennes sont largement diffusées en Italie, jusque sur la côte adriatique et la côte
ionienne. Il faut enfin ajouter à ce groupe les fragments d’au moins deux bassins à
bord perlé à paroi à peu près verticale (Fig. 3, 4) dont il est difficile de restituer la
forme exacte, mais qui devaient appartenir à un type de grande taille (OsovoPürgen et Syracuse-Vulci de Dirk Krauβe)62.
55
PAYNE 1940, 159, pl. 62, 1-2.
KRAUßE 1996, 285, Fig. 204 et 432-435; EGG 1996, 91-92, Fig. 52-53; ADAM 2003, 150156, Fig. 115.
57 PAYNE 1940, 163, pl. 68, 17-18.
58 Sur ce type de cruches, voir entre autres: M. M ARTELLI dans Prospettiva 4, 1976, 44 s.;
CAMPOREALE 1976; COLONNA 1980; WEBER 1983, 164 s.
59 DE MARINIS 1988, Fig. 28, n. 164, avec bibliographie à la note 93.
60 NASO 2003, 58, n. 90.
61 PAYNE 1940, 158, pl. 61, 8.
62 PAYNE 1940, 160, Fig. 23, pl. 63, 10; KRAUßE 1996, 252-260, Fig. 181-186.
56
28
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
Fig. 3. Sanctuaire d’Héra à Pérachora, objets étrusques et italiques de la phase récente: 1.
Bassin à large bord orné de tresses; 2. Anse d’olpè; 3. Fragment de cruche; 4. Fragment de
bassin à bord perlé; 5. Fibule de type “pré-Certosa”; 6-9. Fibules à deux appendices latéraux sur
l’arc; 10-14. Fibules à arc simple épaissi; 15. Élément de mors de cheval. D’après PAYNE 1940.
Le groupe de vases étrusques du VIe siècle présente ainsi une certaine
homogénéité. Il est constitué de récipients sans doute fabriqués en Etrurie interne
(olpè à anse en ruban, bassin à large bord orné de tresses) et de vases dont le lieu
de production n’est pas connu avec précision, mais dont la diffusion est assez semblable à celle des précédents, c’est-à-dire l’Italie centrale intérieure et adriatique et
l’Italie du sud-est. Entre la première moitié du VIIe siècle d’un côté et la fin du
VIIe et la première moitié du VIe siècle de l’autre, on note un changement dans
l’origine précise des objets étrusques déposés dans le sanctuaire de Pérachora.
Dans la première phase, il s’agit de productions essentiellement tyrrhéniennes,
venant sans doute plus précisément d’Étrurie méridionale. Dans la seconde phase,
ce sont des vases dont la diffusion s’effectue plutôt par l’intermédiaire de l’Italie
centrale adriatique.
Pour ce qui concerne les fibules, de la même manière, on observe un
changement dans l’approvisionnement vers la fin du VIIe siècle. Les types attestés
à partir de cette époque, jusqu’au milieu du VIe siècle, sont pour l’essentiel
originaires des régions centrales de l’Adriatique, particulièrement fréquents dans
le Picénum et caractéristiques de la phase IVA de la culture picénienne. Ces
modèles sont diffusés de manière assez massive vers l’Italie du sud (la Basilicate
29
Stéphane Verger
et la Campanie en particulier) et jusqu’en Sicile orientale et centrale. Elles
figurent en grand nombre dans le dépôt votif archaïque de Satricum dans le
Latium. On trouve ainsi à Pérachora une fibule qualifiée de “pré-Certosa” (Fig. 3,
5) et des fibules à deux appendices latéraux sur l’arc63 (Fig. 3, 6-9). Il faut peutêtre y ajouter les fibules à arc simple (Fig. 3, 10-14), parfois difficiles à dater sans
un examen direct, et celles à arc filiforme à revêtement d’os et d’ambre à arc
anguleux64 (Fig. 2, 8-9), dont la diffusion s’étend de la Sicile orientale aux
Marches, en passant par les grandes nécropoles de la Campanie et de la Basilicate.
C’est sans doute aussi de l’Italie centrale adriatique que vient une autre pièce,
le petit cylindre à trois rangs de pointes espacées65 (Fig. 3, 15), qui entre dans une
série très abondante, mais finalement mal connue, en raison du nombre réduit
d’exemplaires provenant de contextes archéologiques fiables. M. Sannibale, qui y
voit, après d’autres auteurs, des éléments de mors de chevaux, a proposé une
typologie de ces pièces, dont la fabrication doit commencer au cours du VIe siècle
avant J.-C.66.
Pérachora, l’aire adriatique centrale et la Basilicate indigène
A la fin du VIIe et dans la première moitié du VIe siècle, les vaisselles métalliques
et les fibules étrangères réunies à Pérachora dessinent une aire de contacts
privilégiés centrée sur l’Adriatique centrale. Cette image est confirmée par la
répartition de certains types d’objets de fabrication grecque présents parmi les offrandes mises au jour dans le sanctuaire. Le cas le plus caractéristique est sans
doute celui des phiales ornées d’une frise rayonnante de protomés de griffons, dont
Humfry Payne figure plusieurs exemplaires67 (Fig. 4, 1-3). Le type est attesté dans
le sanctuaire d’Olympie68, dans la tombe 76 de la nécropole indigène de
Chiaromonte – Sotto la Croce en Basilicate69 (Fig. 4, 4), qui est datée vers le milieu
du VIe siècle avant J.-C., et dans les nécropoles de Brancoviçi et Potpecine70 en
Illyrie (Fig. 4, 5-6). Dans cette région, les tombes les plus riches du VIe siècle ont livré d’autres vases de types relativement rares, mais présents dans le sanctuaire de
Pérachora. C’est le cas de la cruche à panse sphérique de la tombe 1 du tumulus II
d’Ilijak71 ou de la lotus phiale de la tombe 1 du tumulus II d’Osovo72. La répartition
63
PAYNE 1940, 171, pl. 73, 5, 7-8 et 11.
DUNBABIN 1962, 439-441, pl. 187, n. A240.
65 PAYNE 1940, pl. 82, 24.
66 SANNIBALE 1998, 276, n. 491 (type 4BA).
67 PAYNE 1940, pl. 51, 1 à 3.
68 FURTWÄNGLER 1890, pl. 52, 883.
69 Greci, Enotri e Lucani 1996, 86, n. 2.10.45.
70 Brankoviçi, tumulus V de 1896, tombe 1: L UCENTINI 1981, 109, Fig. 8, 17 et pl. II, 28;
ČOVIć 1983, 149, pl. 33, 13; Potpecine: ČOVIć 1983, 149-150, pl. 33, 14-16. Collection
Tyskiewicz: FROEHNER 1898, pl. 15.
71 ČOVIć 1983, 148, pl. 32, 1. Pour les parallèles à Pérachora: PAYNE 1940, pl. 58, 3-4.
72 ČOVIć 1983, 149, pl. 32, 9. Pour les parallèles à Pérachora: PAYNE 1940, pl. 52, 1-2, et 53.
64
30
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
Fig. 4. Les phiales en bronze ornées d’une frise de protomès de griffons au repoussé: 1-3.
Sanctuaire de Pérachora (d’après Payne 1940); 4. Chiaromonte, Sotto la Croce, tombe 76
(d’après Greci, Enotri e Lucani 1996); 5. Brancoviçi (d’après ČOVIć 1983); 6. Potpecine
(d’après ČOVIć 1983).
des attaches d’anse annulaire de chaudron ornées d’une tige terminée par une
palmette, dont plusieurs exemplaires sont présents à Pérachora73, indique aussi une
diffusion préférentielle vers les Balkans occidentaux dès le VIe siècle74. Il faut noter
que les mêmes contextes ont aussi livré des bassins à bord perlé de type Osovo ainsi
que des phiales godronnées des mêmes variantes que celles de Pérachora.
Il est aussi frappant de constater qu’il existe de nombreuses similitudes entre
les offrandes du sanctuaire de Pérachora et les plus riches des sépultures
indigènes de la Basilicate pour ce qui concerne la vaisselle métallique et les fibules
73
74
PAYNE 1940, pl. 67, 12, 14-15.
ČOVIć 1983, pl. 36, 28.
31
Stéphane Verger
de la fin du VIIe et du début du VIe siècle avant J.-C.75. Les ensembles funéraires
italiens contiennent des vases métalliques de formes rares qui sont toutefois bien
attestés dans le sanctuaire corinthien, comme les phiales à omphalos ornées de
protomés de griffons obtenues au repoussé, mais aussi les kotylai en bronze à petit
pied conique76, ainsi que les mêmes types de bassins à bord perlé et de cruches
“rhodiennes”. La gamme des fibules italiques est identique: fibules à arc épaissi
muni de deux appendices latéraux, à arc anguleux revêtu d’ambre et d’os, à porteardillon à bouton relevé (le type dit “pré-Certosa”).
Ce sont là les signes concrets d’un renforcement des liens entre Corinthe et les
régions de la côte ionienne de l’Italie d’un côté et de l’Adriatique centrale de l’autre, favorisé par le développement d’Épidamnos et d’Apollonia, les colonies
fondées par la cité de l’Isthme et par sa colonie de Corcyre sur la côte des Balkans,
à l’entrée de l’Adriatique, dans le dernier tiers du VIIe siècle.
Des Balkans centraux à Corinthe par la Macédoine
Tous les objets originaires des Balkans ne suivent pas cette voie occidentale
jusqu’à Corinthe. L’Héraïon de Pérachora figure en fait parmi les sanctuaires de
Grèce ayant livré de nombreux objets originaires des cultures indigènes des
Balkans. La série de parures féminines dites macédoniennes y est particulièrement
bien représentée. La variété de types et de provenances est peut-être sans
équivalent, si ce n’est dans le grand sanctuaire d’Héra à Samos, qui surpasse tous
les autres par la richesse de ses offrandes métalliques. La plupart de ces petits
objets ont une distribution plus orientale que les séries précédemment examinées,
ce qui suggère que leur diffusion se fait plutôt par la vallée du Vardar, les cités de
la Chalcidique, comme Potidée, et les côtes occidentales de la Mer Egée.
La série spécifiquement macédonienne est bien représentée. On peut y ranger
au moins deux pendentifs en forme de cruche biconique77 (Fig. 5, 1-2), parmi
lesquels un exemplaire à carène basse et bec allongé78 et un autre à col haut strié,
peut-être plus précisément considéré comme une production de Chalcidique79. Le
sanctuaire a livré d’autres pendentifs en forme d’oenochoè miniature dont l’origine
précise ne peut être déterminée, faute de comparaisons précises80 (Fig. 5, 3-4). En
revanche, il faut sans doute attribuer aussi à la Chalcidique un objet annulaire à
75
Par exemple dans la nécropole Sotto la Croce à Chiaromonte: Greci, Enotri e Lucani 1996,
117 et 134-161.
76 T OCCO S CIARELLI 1980, 457-458, pl. X; Greci, Enotri e Lucani 1996, 140, n. 2.9.43;
PAYNE 1940, pl. 59.
77 Sur ce type de pendentif, voir KILIAN 1975, 111-113, pl. 93 et KILIAN 1983, 64 et pl. XIII, b.
78 PAYNE 1940, 183, pl. 83, 23; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 222, pl. 79, 1405, carte pl. 103, B,
type A.
79 P AYNE 1940, 159, pl. 66, 10; K ILIAN -D IRLMEIER 1979, 226, pl. 81, 1457. Le type est
attesté à Potidée et Amphipolis.
80 PAYNE 1940, pl. 85, 33; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 227-228, pl. 81, 1467; PAYNE 1940, pl.
85, 3; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 219, pl. 78, 1376.
32
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
Fig. 5. Sanctuaire d’Héra à
Pérachora, objets de la Macédoine et des Balkans de la
phase récente: 1-4. Pendentifs en forme de cruches
miniatures; 5. Perle biconique
à décor d’ocelles; 6-7. Pendentifs en forme d’oiseaux; 8.
Fibule de type illyrien; 9.
Bouton hémisphérique à fentes rayonnantes; 10. Revêtement de ceinture ajouré;
11-15. Pendentifs d’origine
incertaine. D’après PAYNE
1940.
décor d’ocelles81 (Fig. 5, 5) que l’on peut identifier comme une perle biconique
courte du type E de Jan Bouzek, identique à plusieurs exemplaires d’Axiokastron82 et de Potidée83.
Les objets “macédoniens” les plus connus de Pérachora sont deux pendentifs en
forme d’oiseau. La provenance du plus grand d’entre eux84 (Fig. 5, 6), qui a donné
son nom au type de Pérachora, a longtemps fait l’objet d’une discussion85. La
plupart des auteurs considèrent qu’il a été fabriqué à Corinthe au VIIIe siècle et
qu’il appartient à un groupe d’objets qui ont servi de modèle aux autres types de
pendentifs ornithomorphes qui se sont développés, notamment en Macédoine, à la
fin du VIIIe et au VIIe siècle avant J.-C. Les rares autres exemplaires connus de
ce type sont de provenance incertaine. Deux ont peut-être été trouvés à Olynthe en
Macédoine86, mais les informations sur leur découverte sont trop imprécises pour
que l’on puisse tenir compte de cette information. Un exemplaire conservé au
Musée de Genève provient sans doute d’une nécropole de la Macédoine87. Une
81
82
83
84
85
86
87
PAYNE 1940, 182, pl. 66, 12.
BOUZEK 1974, 109, Fig. 31, 11-13; BOUZEK 1987, 94, Fig. 8, 2.
KILIAN 1975, pl. 32, 12.
PAYNE 1940, 126, pl. 37, 3.
Voir KILIAN-DIRLMEIER 1979, 129-130, pl. 37, 720.
KILIAN-DIRLMEIER 1979, pl. 37, n. 721-722. Voir aussi KOZLOFF 1981, 97, n. 78.
ZIMMERMANN 1999, 24, n. 24, Fig. 4, 4.
33
Stéphane Verger
variante complexe du même type provient d’une couche d’époque géométrique du
sanctuaire de Delphes88. D’autres ont été mis au jour dans les sanctuaires de
Lindos à Rhodes et d’Ephèse, ainsi que dans la tombe 660 de Mégara Hyblaea, qui
est tardive par rapport à la date présumée de fabrication de la série89. Les
arguments en faveur d’une fabrication à Corinthe sont faibles. La présence d’un
exemplaire à Pérachora n’est pas déterminante, compte tenu du grand nombre
d’objets étrangers qui affluent dans le sanctuaire dès la fin du VIIIe et la première
moitié du VIIe siècle. L’argument technique de la fonte en creux n’est pas non plus
décisif, dans la mesure où cette technique apparaît au cours du VIIIe siècle dans
plusieurs régions de Méditerranée centrale, comme l’Italie centrale tyrrhénienne
et sans doute certaines zones des Balkans. Une fabrication macédonienne est donc
tout à fait envisageable. Le second oiseau (Fig. 5, 7) est atypique et son origine
est donc difficile à déterminer, même si le décor d’ocelles renvoie plutôt aux variantes macédoniennes90.
À côté de ces objets originaires de la Chalcidique ou de la Macédoine, le
sanctuaire de Pérachora a livré des parures balkaniques plus septentrionales, dont
la présence est exceptionnelle dans les sanctuaires grecs. On compte d’abord au
moins une fibule qui provient des Balkans centraux (Fig. 5, 8). Elle appartient au
type illyrien91 à porte-ardillon en forme de bouclier béotien, d’un type très
largement diffusé de la Croatie à la Macédoine. On en trouve en assez grand nombre
dans les régions proches des côtes de l’Adriatique, en Croatie et dans le nord de
l’Albanie. Des découvertes plus récentes ont montré qu’elles étaient bien attestées
aussi jusque dans la vallée du Vardar, où des exemplaires tout à fait semblables à
celui de Pérachora ont été mis au jour dans des sépultures datant de la fin du VIIe
ou du début du VIe siècle avant J.-C.92. Le type est extrêmement rare dans les
sanctuaires grecs et l’on ne peut guère citer que l’exemplaire publié par John
Boardman provenant du site d’Emporio à Chios93. Les deux voies d’acheminement
– occidentale et orientale – sont donc envisageables pour cette pièce.
Le deuxième objet des Balkans centraux est un bouton hémisphérique à fentes
rayonnantes muni d’une languette de fixation en ruban simple94 (Fig. 5, 9). Le
type est très courant dans les cultures de Glasinac et Mati, en Croatie et dans le
nord de l’Albanie. Plus au sud, il est attesté à la fois à l’ouest, sur la côte de la mer
Ionienne (à Valanida) et à l’est, jusqu’en Chalcidique. La voie d’acheminement
vers la Grèce ne peut donc être précisée. Le type est d’ailleurs attesté dans des
sanctuaires de Grèce (Delphes, Égine), de l’est de la mer Egée (Samos, Lindos) et
de la Grèce d’Occident (Francavilla Marittima, Sélinonte).
88
KILIAN-DIRLMEIER 1979, 130-131, pl. 38, 723.
VERGER 2010, 298-304.
90 PAYNE 1940, 126, pl. 37, 1; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 141-142, pl. 44, n. 789.
91 PAYNE 1940, pl. 73, 18.
92 MITREVSKI 1987, 34-35, Fig. 6, n. 29 (tombe 27 de Dedeli) et n. 31 (tombe 6 de Milci).
93 Sur la distribution géographique du type, voir KILIAN 1975, pl. 83 et KILIAN 1983, pl. XII,
b. Pour l’exemplaire de Chios: BOARDMAN 1967, 209, Fig. 138, n. 240.
94 PAYNE 1940, 182, pl. 82, 22; KILIAN 1975, pl. 87, 4.
89
34
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
L’objet le plus rare est la pièce principale, fragmentaire, d’un revêtement
ajouré de ceinture caractéristique de la vallée du Danube et du centre des
Balkans95 (Fig. 5, 10). Ce type d’ornement n’est pas connu dans les régions
proches de l’Adriatique. En revanche, on le trouve en contexte funéraire jusque
dans la haute vallée du Vardar, à Vuci Dol96, et peut-être en Chalcidique (Fig. 8),
ce qui pourrait suggérer l’itinéraire suivi par l’exemplaire de Corinthe, à partir de
la vallée du Danube jusqu’à la colonie corinthienne de Potidée par la vallée du
Vardar. C’est un des chemins que l’on peut envisager aussi pour la fibule
illyrienne. Le type est présent lui aussi dans la nécropole de Vuci Dol97, comme
dans d’autres sites funéraires de la vallée.
D’autres petits objets pourraient provenir des régions balkaniques, même s’ils
n’entrent précisément dans aucun type connu: un pendentif en forme de clochette
(Fig. 5, 11), qui pourrait être une variante d’un type de Chalcidique98; un
pendentif sphérique ajouré d’une variante inconnue par ailleurs99 (Fig. 5, 12); un
pendentif cylindrique à œillets à la base100 (Fig. 5, 13); un pendentif triangulaire à
quatre bélières à la base et une au sommet101 (Fig. 5, 14); des pendentifs à longue
tige bouletée102 (Fig. 5, 15).
La présence de nombreux objets d’origine balkanique à Pérachora, au nombre
desquels certaines parures particulièrement septentrionales et rares dans les sanctuaires grecs, doit sans doute être mise en relation avec la fondation de la colonie
corinthienne de Potidée dans la péninsule occidentale de la Chalcidique, vers 627
avant J.-C., selon la datation traditionnelle. La plupart des pièces rencontrées
dans le grand sanctuaire de l’Isthme appartiennent à une phase récente de l’Âge
du Fer macédonien et balkanique, correspondant probablement à la seconde moitié
du VIIe et à la première moitié du VIe siècle avant J.-C. L’itinéraire emprunté par
les objets doit suivre la vallée du Vardar jusqu’à la côte occidentale de la
Chalcidique, même si, dans certains cas, un itinéraire occidental, tout aussi corinthien, par l’intermédiaire des colonies d’Épidamnos ou d’Apollonia, est également
envisageable. Les objets balkaniques retrouvés à Pérachora, à l’exception peutêtre du revêtement de ceinture, qui est de grande taille, ont pu être utilisés comme
amulettes par des Grecques, dans la mesure où ce sont de petits objets munis d’une
perforation permettant de les suspendre.
95
PAYNE 1940, 182, pl. 82, 27. Voir la carte de répartition dans KILIAN 1975, 108, pl. 84, 1
et KILIAN 1983, pl. XII, a.
96 KILIAN 1975, pl. 55, 6.
97 KILIAN 1975, pl. 54, 9.
98 PAYNE 1940, pl. 83, 21; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 46, pl. 19, n. 287.
99 PAYNE 1940, 183, pl. 83, 14; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 112, pl. 32, n. 618.
100 P AYNE 1940, pl. 82, 23; K ILIAN -D IRLMEIER 1979, 211-212, pl. 73, 1319, sans
comparaison probante.
101 PAYNE 1940, 106, pl. 35, 3; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 209, pl. 73, 1306. L’objet pourrait
aussi venir d’Italie du sud (voir des pendentifs comparables à Oliveto Citra).
102 PAYNE 1940, 178, pl. 79, 21; 182, pl. 66, 17; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 57-58, pl. 21, n. 353.
35
Stéphane Verger
Scarabées de Méditerranée orientale et miroir égyptien
Le sanctuaire de Pérachora est fameux pour l’énorme quantité de scarabées
égyptisants qu’il a livrée. Comme le rappelle Imma Kilian Dirlmeier, seule la série
provenant du sanctuaire d’Athéna à Lindos est comparable103. 241 scarabées en
stéatite et en faïence ont été recensés, auxquels il faut ajouter les figurines
humaines et animales et les perles en faïence, toutes originaires de Méditerranée
orientale104. Comme le suppose Imma Kilian Dirlmeier105, il s’agit vraisemblablement de petits objets importés en Grèce pour être utilisés comme amulettes par
les femmes grecques pour leur propre protection ou pour celle de leurs enfants, et
offertes par elles dans le principal sanctuaire féminin du territoire de Corinthe.
On ne peut pas en dire autant d’un miroir égyptien décoré qui appartient à une
série probablement fabriquée dans un atelier de Memphis entre le VIIIe et le VIe
siècle avant J.-C., comme l’indiquent, sur certains exemplaires trouvés en Egypte,
les noms de pharaons des XXVe et XXVIe dynasties. Les plus récents sont ceux
d’Aahmes et Psamtek II. L’exemplaire de Pérachora se classe parmi ces derniers,
puisqu’il porte quant à lui le nom d’Amasis. Il présente aussi une invocation à
Mut106, ce qui est une indication importante, car cette divinité égyptienne présente
toutes les caractéristiques qui sont attribuées par les Grecs à Héra, la déesse
titulaire du sanctuaire de Pérachora. Cela pourrait laisser supposer une offrande
volontairement adressée à la titulaire du sanctuaire de l’Isthme par quelque fidèle
résidant en Égypte.
Une série originale de parures gauloises
Parmi les objets non identifiés par Thomas J. Dunbabin se trouvent deux
embouts coniques en bronze dont le sommet est surmonté d’un disque à section
lenticulaire107 (Fig. 6, 1). La surface externe de la douille est légèrement concave.
Sa base est munie d’une petite bélière latérale. Elle présente deux perforations
carrées opposées au-dessus desquelles a été tracée une série d’incisions circulaires
parallèles. Ces pièces ont une hauteur de 6,5 et 7 cm. Il s’agit de deux “talons
launaciens” très caractéristiques (Fig. 7, 1), cette forme fréquente dans les dépôts
de bronze du Languedoc dans la seconde moitié du VIIe et la première moitié du
VIe siècle avant J.-C. On peut en distinguer deux variantes: l’une courte ornée
généralement de 13 stries relativement larges, et l’autre plus élancée avec un
nombre de stries compris entre 18 et 24. L’exemplaire figuré par Humfry Payne
appartient à la variante la plus élancée qui comprend un nombre se stries compris
entre 18 et 24.
La diffusion de ces objets est très restreinte (Fig. 8): l’Est du département de
103
KILIAN-DIRLMEIER 1985, 228.
DUNBABIN 1962, 461-516, pl. 192-193; KILIAN-DIRLMEIER 1985, 245-246.
105 KILIAN-DIRLMEIER 1985, 228-230.
106 PAYNE 1940, 142-143, pl. 46.
107 PAYNE 1940, 182, pl. 68, 1. Sur toute cette série d’objets, voir VERGER 2000.
104
36
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
Fig. 6. Sanctuaire d’Héra à
Pérachora, objets de la Gaule
et de la Sicile indigène de la
phase récente: 1. Talon launacien; 2. Bouton conique à
ardillon articulé; 3-5. Bracelets fermés à décor géométrique; 6. Elément de brassard
composite à bélière de fixation; 7. Disque ajouré ventral
du Jura; 8. Pendentif en rouelle; 9. Bracelet à bossettes;
10. Bracelet “en rond de serviette”; 11. Perle biconique de
la Sicile indigène (?). D’après
PAYNE 1940.
Fig. 7. Exemples d’objets de
la France méridionale et centrale appartenant aux types
présents à Pérachora.
37
Stéphane Verger
Fig. 8. Répartition de quelques types d’objets non grecs présents dans le sanctuaire de Pérachora. Carrés: bassins à large bord orné de tresses; triangles: revêtements de ceintures
ajourés des Balkans centraux; losanges: talons launaciens; cercles: disques ajourés ventraux
franc-comtois.
l’Hérault, l’Aude et le Sud du Tarn. Cette zone couvre l’ensemble de l’aire de
répartition des dépôts launaciens et englobe le territoire occupé par le groupe
culturel défini par les tombes de faciès Grand Bassin I108. L’enfouissement de tous
ces ensembles peut être daté de la seconde moitié du VIIe et de la première moitié
du VIe siècle avant J.-C. On en connaît également de rares exemplaires dans des
dépôts votifs de la Sicile méridionale, notamment dans la couche 5 du sanctuaire
de Bitalemi à Gela, qui a livré plus d’une cinquantaine d’objets en bronze de la
même époque originaires de la France du sud et du centre109.
Un autre bouton en bronze conique plus petit est très mal conservé, mais on
distingue une longue tige de fixation qui doit être articulée sur une barre à
l’intérieur de l’objet (Fig. 6, 2). La forme générale et le dispositif de fixation
évoque précisément un groupe de boutons coniques de l’Âge du Fer du Languedoc
occidental. Ils sont caractéristiques des sépultures féminines des cimetières du
108
109
38
NICKELS, MARCHAND, SCHWALLER 1989, Fig. 313.
VERGER c.d.s.
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
faciès Grand Bassin I (du troisième quart du VIIe au début du VIe siècle avant J.C.), en particulier dans la nécropole éponyme du Grand Bassin I à Mailhac110 et
dans celle du Peyrou à Agde111 (Fig. 7, 2). Ils apparaissent aussi dans certains
dépôts launaciens, comme à Vias, près d’Agde112. La fonction exacte de ce type
d’objet n’est pas très claire, car tous les exemplaires connus proviennent
d’incinérations et de dépôts. Toutefois, dans les tombes du Languedoc, ils sont
toujours déposés par paires et sont associés à des parures féminines. On pourrait y
voir par exemple des ornements de coiffure. La distribution géographique des
boutons coniques de ce type ne dépasse guère les limites du Languedoc occidental.
Le seul exemplaire attesté en dehors de cette région est actuellement celui de la
tombe 660 de Mégara Hyblaea113, qui contenait une collection de petits objets de
parures féminines de la Gaule et des Balkans et qui peut être datée des environs de
600 avant J.-C. Cette identification reste hypothétique, car l’objet de Pérachora
n’a pu être examiné directement.
Par ailleurs, Humfry Payne mentionne et figure trois bracelets fermés ovales, à
section également ovalaire, dont la face externe est couverte d’incisions formant
des motifs géométriques (Fig. 6, 3-5). Le plus fin114 a un jonc de 0,4 cm de large
et présente un décor organisé en trois segments identiques séparés par des astragales. L’ornementation principale est un chevron dont les contours sont
marqués par deux rubans lisses. Les deux autres115, dont la largeur est de 0,9 et
1,1 cm, ont une décoration continue de chevrons plus ou moins complexes.
Il sont tout à fait comparables à un bracelet fermé à décor incisé mis au jour au
fond de la couche 5 du sanctuaire de Bitalemi116. Ces parures sont identiques aux
nombreux exemplaires de la nécropole du Peyrou à Agde dans l’Hérault (Fig. 7,
3) et peuvent être attribués à la phase Grand Bassin I classique, qui est corrélée
avec la phase Hallstatt D1-2 ancien de P.-Y. Milcent, c’est-à-dire la fin du VIIe et
le début du VIe siècle. Les tombes 109 et 192 de la nécropole du Peyrou ont ainsi
livré des exemplaires qui portent la même variante décorative que le plus fin des
bracelets de Pérachora117; les bracelets des tombes 43, 121 et 146 sont quant à
eux très semblables aux exemplaires les plus larges du sanctuaire grec118.
Un autre bracelet ovale fermé de Pérachora est muni de deux bélières
110
LOUIS, TAFFANEL 1955, 40, Fig. 32 (tombes 3 et 10) et Fig. 36 13; LOUIS, TAFFANEL
1960, 387.
111 N ICKELS , M ARCHAND , S CHWALLER 1989, 332-333 et passim. Voir notamment les exemplaires des tombes 82 (Fig. 107), 119 (Fig. 155) et 121 (Fig. 164) qui conservent l’ensemble de
l’ardillon de fixation.
112 COFFYN, GOMEZ, 1981, photo VII, au premier plan à droite.
113 VERGER 2010, 299, Fig. 3.
114 PAYNE 1940, 176, pl. 78, 2 et 12.
115 PAYNE 1940, 176, pl. 78, 3, Fig. 8 et pl. 78, 5 et 8.
116 VERGER c.d.s., Fig. 27, 1.
117 NICKELS, MARCHAND, SCHWALLER 1989, 162-164, Fig. 131, 109, b-e et k-l.
118 NICKELS, MARCHAND, SCHWALLER 1989, 94, Fig. 79, 43 i-l; 190, Fig. 164, 121 a-d; 224,
Fig. 184, 146 c.
39
Stéphane Verger
opposées percées dans un renflement interne du jonc119 (Fig. 6, 6). La section de
ce dernier est ovale, avec un aplatissement des deux faces. On passait dans les
perforations deux tiges de bronze matées aux extrémités, qui maintenaient
solidaires une série de bracelets fins identiques, de manière à former un large
brassard.
Cet usage de porter des brassards composés de nombreux anneaux fins reliés
par deux tiges métalliques est une particularité que l’on rencontre dans le SudOuest et le Centre-Ouest de la France. Un exemplaire complet provient de la
tombe de Mia à Saint-Georges-les-Baillargeaux, dans la Vienne120. Généralement,
les trous de fixation sont percés dans des parures à face externe décorée de reliefs
plus ou moins accusés121. Comme à Pérachora, ils peuvent ne pas être exactement
opposés mais légèrement décalés l’un par rapport à l’autre122.
Les exemplaires lisses perforés sont rares et un peu différents de celui de Pérachora. Un fragment provient de la couche 5 du sanctuaire de Bitalemi. Le dépôt des
environs de Carcassonne contient aussi un bracelet ouvert muni d’un seul renflement interne perforé123 (Fig. 7, 4). Les deux anneaux qui forment les lisières du
brassard de la tombe de Mia sont identiques à l’exemplaire de Pérachora, si ce n’est
qu’ils présentent sur une face des excroissances de forme triangulaire qui servent à
ajuster les bracelets internes à jonc brisé. Les bracelets à perforations sont datés du
Hallstatt D1 et peuvent avoir subsisté jusqu’à la transition Hallstatt D1/2 (comme
dans la sépulture de Mia par exemple124).
Un autre objet, classé par Humfry Payne parmi les pièces de harnachement de
chevaux, est un disque en épaisse tôle de bronze ajourée de 10,1 cm de diamètre,
aux deux tiers conservé, qui présente par ailleurs deux lacunes sur le bord125 (Fig.
6, 7). La partie centrale est convexe et portait huit perforations triangulaires
rayonnantes (six d’entre elles sont conservées). La bordure est renforcée par deux
filets en relief obtenus à la coulée qui encadrent un bandeau ajouré orné de triangles alternés aux angles émoussés. Entre ce registre périphérique et le renflement
central, l’espace est occupé par deux autres bandeaux décoratifs séparés par un
ruban lisse. Le registre intérieur s’organise autour de quatre cercles équidistants
(trois conservés) séparés par des ajours en triangle et en croissant; le registre
externe autour de huit cercles (6 conservés) séparés par un ajour triangulaire encadré par deux ajours en croissant.
119
PAYNE 1940, 176, pl. 78, 10.
MOHEN 1980, pl. 201, 7.
121 Comme par exemple dans les dépôts de Rossay dans la Vienne (MOHEN 1980, pl. 198, 13,
16 et 17), de la grotte de Roucadour à Thémines dans le Lot (MOHEN 1980, pl. 189, 10) ou de
Roque-Courbe à Saint-Saturnin dans l’Hérault (GARCIA 1987, Fig. 12, nombreux exemplaires).
122 Comme sur un bracelet fermé du dépôt des environs de Carcassonne: GUILAINE 1972, Fig.
131, 5.
123 GUILAINE 1968, pl. 10, n. 89.
124 La tombe est datée de cette époque par une épingle à tête sphérique en tôle de bronze. MOHEN
1980, pl. 201, 2.
125 PAYNE 1940, 182, pl. 82, 26.
120
40
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
Cette pièce a été identifiée d’abord par Paul Jacobsthal puis par Brian B.
Shefton, qui le signala dans une note de son ouvrage Die “rhodischen”
Bronzekannen126. Elle appartient à la série hallstattienne bien caractérisée des
disques ajourés à renflement médian du Jura (les “boucliers de pudeur”, selon l’expression affectionnée par Jacques-Pierre Millotte)127. Il s’agit de la partie centrale
d’une lourde parure féminine composée en outre d’une série d’anneaux concentriques à section lenticulaire ornés de triangles hachurés incisés (Fig. 7, 6). Les
différents éléments étaient maintenus par des liens organiques et se portaient sur
le ventre ou à la ceinture.
La diffusion de ce type de pièces est relativement restreinte128 (Fig. 8). Elle ne
dépasse guère les limites du Jura et de la Suisse occidentale, si l’on excepte de rares
exemplaires isolés dans le Valais129 et dans les Alpes françaises130 (ainsi qu’un
fragment d’anneau mobile dans le camp de Chassey en Bourgogne131). Les disques
ajourés à renflement médian sont caractéristiques du Hallstatt D1 franccomtois132. Ils apparaissent dans la phase III de la nécropole de Subingen dans le
canton de Soleure133. Ils peuvent donc être datés du dernier quart du VIIe ou de la
première moitié du VIe s. avant J.-C.134.
La décoration des disques peut donner lieu à un certain nombre de variations
dans le nombre de registres ajourés (trois ou quatre) et dans la forme et la distribution des ajours. L’objet peut ou non présenter des filets concentriques en relief
entre les registres décoratifs. La variante exacte de l’exemplaire de Pérachora
correspond au Durchbruchmuster D de B. Schmid-Sikimic135 qui est attesté en
Suisse occidentale, sur le disque de la tombe inférieure du tumulus III d’Ins136 et
sur un exemplaire mis au jour dans le canton de Vaud mais de provenance précise
inconnue137.
Parmi les pendeloques en bronze, on trouve une rouelle à bélière de
suspension138 (Fig. 6, 8). À l’intérieur du cercle fait d’un fin ruban à section ovale,
126
SHEFTON 1979, 39, n. 41.
Un premier commentaire dans VERGER 1998, 301-303, Fig. 12; VERGER 2000, 391-392,
Fig. 3, 6; 5, 1 et 6. L’objet a été commenté de manière différente dans SHEFTON 2001, 17-18, Fig.
5-6. Voir aussi la mention de l’objet, sans commentaire, dans SCHMID-SIKIMIC 1996, 194.
128 MILLOTTE 1963, 192-194; DRACK 1966-1967; BICHET, MILLOTTE 1992, 108, Fig. 78.
129 A Conthey et Visp: DRACK 1964, 62-63, pl. 29, 21-22 et pl. G, 4 et H, 2; SCHMID-SIKIMIC
1996, 182, pl. 70, A 115 et 183, pl. 72, A 118.
130 A Saint-Ferréol et Talloires en Haute-Savoie: BOCQUET 1991, 98, Fig. 3, 1-2; WILLIGENS
1991, 174, Fig. pl. XIII, n. 172 et 185-186, pl. XIII, n. 386.
131 THEVENOT 1997, 174, Fig. 2, 3.
132 GANARD et alii 1992, 40, Fig. 4, 3; DUNNING 1992, 84-85, Fig. 3, en bas à gauche, Fig. 7, 1 et
Fig. 8, 1.
133 LÜSCHER 1989; LÜSCHER 1991, 22-25, en particulier tableau de la 24.
134 Pour une discussion d’ensemble précise de la chronologie des disques ajourés à renflement
central, voir SCHMID-SIKIMIC 1996, 189-192.
135 SCHMID-SIKIMIC 1996, 179, Fig. 1, D, et commentaire 194.
136 DRACK 1958, 7, pl. 5, 16 et pl. H, 1; SCHMID-SIKIMIC 1996, 181, pl. 65, A 108.
137 DRACK 1964, 57, pl. J, 2.
138 PAYNE 1940, 176, pl. 78, 16; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 16, n. 54, pl. 4.
127
41
Stéphane Verger
quatre tiges rayonnantes maintiennent une partie centrale pleine en forme de carré
aux côtés arrondis. Cette partie centrale est légèrement convexe.
Cet objet appartient à la même série que les pendeloques en rouelle de la tombe
660 de Mégara Hyblaea et du dépôt votif archaïque de Satricum. Il ressemble aux
exemplaires du Jura et de la Bourgogne139 sans en présenter les caractères morphologiques précis. Les pendeloques franc-comtoises se distinguent de l’exemplaire
de Pérachora par le fait que leur partie centrale est toujours plane et que le cercle
périphérique est généralement plus large. En revanche, l’une des quatre “rondelles
ornementales” provenant du dépôt de Rossay dans la Vienne140 a exactement les
mêmes caractéristiques que la rouelle du sanctuaire grec. Elle a été trouvée en
association avec un lot de parures annulaires et de pendeloques datables du Hallstatt D1141.
Un autre bracelet a les caractéristiques suivantes142 (Fig. 6, 9): il est fermé,
creux, orné de seize bossettes séparées par des filets en relief. Son diamètre est de
6,8 cm. De chaque côté des bossettes, le bord du jonc est souligné par un filet en
relief. Les bracelets à bossettes sont bien connus dans le domaine hallstattien
occidental. Des séries relativement nombreuses proviennent du Centre-Ouest de la
France (sépulture 87 HIJ 19 d’Antran143 et dépôts de Saint-Jouin-de-Marnes144,
de Mondion145 et de Rossay146 par exemple) et du Languedoc (dépôt launacien de
Roque-Courbe147). Les exemplaires connus présentent toutefois des différences de
détail par rapport au bracelet de Pérachora: ils sont généralement ouverts, avec
une interruption au centre d’une bossette; ils ne présentent pas de filet périphérique. Cette dernière caractéristique se retrouve en revanche sur une parure de
la sépulture 1 de la nécropole d’Ifs, dans le Calvados148. L’objet est très semblable
au bracelet du sanctuaire grec, mais, à la différence de ce dernier, il est ouvert.
Quoiqu’aucun parallèle exact n’ait pu être identifié, on peut toutefois supposer que
l’objet entre dans la série des parures occidentales du Hallstatt D1 et s’intègre
donc dans le groupe présenté précédemment.
On trouve enfin un exemplaire du type communément appelé “en rond de
serviette”149 (Fig. 6, 10). Il s’agit d’un large anneau de 3,3 cm de haut, à section en
139 Pour le Jura: MILLOTTE 1963, 189; BICHET, MILLOTTE 1992, 112, Fig. 7, 7-8, Fig. 36, 2124, Fig. 58, 8; GANARD et alii 1992, 40, Fig. 4, 5. Pour la Bourgogne: NICOLARDOT 1993, 47-49,
Fig. 13, 1; 22 et 23, 6.
140 TAUVEL 1974, 18, Fig. 15, 1; MOHEN 1980, 310, pl. 198, 4.
141 GOMEZ DE SOTO, MILCENT 2000, Fig. 5 et 6.
142 PAYNE 1940, 176, pl. 78, 4 et 6.
143 PAUTREAU 1991, 213-214, Fig. 5-6.
144 TAUVEL 1974, 9, Fig. 12, 8-9 et Fig. 13, 8.
145 TAUVEL 1974, 3, Fig. 11.
146 MOHEN 1980, 310, pl. 198, 7-9.
147 GARCIA 1987, Fig. 14, 10 et 14-15.
148 VERRON 1976, Fig. 1, 16; VERNEY 1993, 100, Fig. 5, 15-16. Photographie dans Celtes en
Normandie 1990, 2e planche couleur.
149 PAYNE 1940, 176, pl. 78, 1, Fig. 25.
42
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
C ouvert, en épaisse tôle de bronze, avec deux filets latéraux en relief. Le bandeau
central de sa face externe est orné de trois lignes brisées qui délimitent des zones
alternativement lisses et hachurées. Un bracelet de forme identique a été mis au
jour, avec le bracelet à oves cité précédemment, dans la sépulture 1 d’Ifs150. L’objet
est plus haut. Le bandeau central de la face externe porte un simple décor de stries
transversales. Malgré l’absence de parallèles exacts, l’exemplaire de Pérachora
peut être classé parmi les productions du Hallstatt D1 de l’Ouest de la France – et
peut-être de la Normandie, qui n’a pas encore fourni une série assez abondante
d’ensembles funéraires pour que l’on connaisse toutes les variantes de parures
annulaires disponibles alors dans la région.
Enfin, d’autres bracelets godronnés qui pourraient aussi s’intégrer à cette série
occidentale du Hallstatt D1 sont mentionnés mais non figurés.
De la Gaule méridionale à l’isthme de Corinthe: quels intermédiaires ?
Le parcours maritime entre le Languedoc et Pérachora passe par la Sicile
méridionale grecque. Plus d’une dizaine de sites de cette zone ont livré des objets
originaires de la gaule méridionale et centrale. Dans la plupart des cas, ils sont
associés à des objets de parure provenant de diverses zones des Balkans. La tombe
660 de Mégara Hyblaea, par exemple, contenait ainsi un collier composé
d’amulettes dans lequel étaient associés des pendentifs de la Franche Comté et du
Languedoc occidental, d’un côté, et des perles et des pendentifs de la Macédoine et
des Balkans centraux151 de l’autre. On peut supposer un double itinéraire à partir
du nord-ouest, par l’intermédiaire de Sélinonte, d’un côté, et à partir du nord-est,
par l’intermédiaire de l’Isthme de Corinthe, de l’autre (Fig. 12). Si l’on examine
plus précisément les objets “balkaniques” mis au jour en Sicile, on peut distinguer
les trois composantes identifiées à propos des objets métalliques de Pérachora:
ceux qui viennent de la Slovénie, de l’Istrie, du nord de la Croatie et du Picénum, à
travers une voie terrestre trans-italique; ceux qui sont originaires des Balkans
centre-occidentaux, qui passent par la voie côtière est-adriatique et ionienne; ceux
qui proviennent de la Macédoine et des Balkans centraux, qui doivent passer par la
Chalcidique (Potidée) et l’Isthme de Corinthe. S’ajoute à ces trois groupes une
composante beaucoup plus originale. On trouve en effet dans au moins deux sites
de Sicile méridionale, dont Géla, des fragments de vases originaires des cultures
de l’Âge du Fer du Caucase, qui ne se retrouvent nulle part ailleurs en
Méditerranée. Leur présence pourrait s’expliquer d’une part par une spécificité
rituelle du sanctuaire de Bitalemi et des cultes thesmophoriques de la Sicile
méridionale, d’autre part par le réseau de contacts et d’échanges mis en place par
Mégare et par ses colonies occidentales de Sicile et orientales de Propontide, qui se
développe à partir de la fin de la seconde moitié du VIIe siècle avant J.-C.
150 V ERNEY 1993, 100, Fig. 5, 8. Photographie dans Celtes en Normandie 1990, 2 e planche
couleur.
151 VERGER 2010, 298-304.
43
Stéphane Verger
Deux réseaux isthmiques: Corinthe et Mégare
La carte synthétique de ce système complexe de circulations d’objets métalliques
semble indiquer l’existence de deux réseaux isthmiques superposés: un réseau corinthien, qui contrôle vers l’est et vers l’ouest les contacts avec différentes régions dans
les Balkans méridionaux et centraux à travers les colonies ioniennes à l’ouest et à
travers Potidée à l’est; un réseau mégarien qui explique les extensions occidentale (à
travers Sélinonte et Mégara Hyblaea) et orientale (à travers les colonies mégariennes de la Propontide) de ce circuit qui dure de la fin du VIIe au troisième quart du
VIe siècle. De ce point de vue, il est intéressant de noter que les cartes synthétiques
de la provenance des objets non grecs de l’Héraïon de Pérachora (Fig. 9) et de la
couche 5 archaïque du sanctuaire de Bitalemi à Géla152 sont très semblables.
À Pérachora, la composante proprement sicilienne est très discrète. Les
cultures indigènes de la Sicile ne sont pas absentes, même si elles ne sont représentées que par une petite perle biconique à extrémités évasées153 (Fig. 6, 11)
qui rappelle tout particulièrement l’exemplaire de la tombe 392 de la nécropole de
Buffa à Sélinonte154. La datation de ces pièces n’est pas très précise, entre la
seconde moitié du VIIIe et la première moitié du VIe siècle avant J.-C. Elles
étaient portées en colliers par les femmes indigènes de Sicile, mais des exemplaires isolés proviennent aussi de tombes grecques, généralement des sépultures
d’enfants, dans lesquelles elles faisaient fonction d’amulettes.
Après 540/530: les données de Corcyre et d’Olympie
Pour préciser les indications fournies par le sanctuaire de Pérachora sur la
physionomie des réseaux d’échanges qui se mettent en place dans la seconde moitié
du VIIe siècle avant J.-C. entre les mers ionienne et adriatique et sur leur insertion
dans le contexte de navigations méditerranéennes de cette époque, l’étude de séries
métalliques comparables provenant de la zone de Corcyre et d’Ambracie, d’une part,
et de celle d’Apollonia et d’Épidamnos, d’autre part, serait nécessaire. Malheureusement, la documentation dans ce domaine fait à peu près défaut, si ce n’est dans
le sanctuaire de Mon Repos à Corcyre, dont une partie du matériel a fait l’objet d’une
publication préliminaire. Elle donne toutefois quelques indications importantes pour
la période immédiatement postérieure à celle de la deuxième phase de la série
métallique de Pérachora.
L’Adriatique, Corcyre et Corinthe à la fin du VIe siècle: quelques documents
Pour cette phase postérieure à 540/530 avant J.-C., les sanctuaires de l’Isthme
ne livrent pas beaucoup d’informations sur les réseaux d’échanges à longue
152
VERGER c.d.s., Fig. 36.
PAYNE 1940, 178, pl. 79, 23.
154 MEOLA 1996, pl. 81, T: 392, 4.
153
44
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
Fig. 9. Carte des zones de provenance des objets métalliques non grecs du sanctuaire de Pérachora (VIIIe-VIe siècle avant J.-C.).
distance, en raison de la raréfaction des objets métalliques déposés. A Pérachora, c’est d’ailleurs un objet en os que l’on peut mentionner à propos des
connections adriatiques à cette époque. Il s’agit d’un pendentif en forme de tête
de bélier155 de type étrusque (Fig. 10, 1). Il est identique à ceux du dépôt votif
archaïque d’Anagni dans le Latium156. Ces objets reproduisent la forme d’une
série de pendentifs en ambre étrusques de la fin du VIe et du Ve siècle avant J.C. Ces derniers sont largement diffusés, entre autres, en Etrurie padane (à
Spina), dans le Picénum (dans la “tombe de la Reine” de Sirolo) ainsi que dans
les Balkans (en Croatie 157 et dans les grandes tombes de Novi Pazar 158 et
d’Atenica notamment159).
Le sanctuaire d’Isthmia a livré quant à lui une attache d’anses mobiles de ciste
à cordons (Fig. 10, 2) de fabrication nord-italique ou nord-adriatique160 qu’il est
difficile de dater précisément en l’absence de fragments de la panse du vase. Deux
tronçons d’anses torsadées pourraient faire partie de récipients de la même
catégorie161 (Fig. 10, 3-4). Une attache d’anse identique associée à une anse
155
DUNBABIN 1962, 442, pl. 188, A308.
GATTI, RUFFO 1994-1995, 108, n. 342, Fig. 69, 485-487.
157 PALAVESTRA 1993, Fig. 11, n. 101a-c, carte à la 236.
158 PALAVESTRA, KRSTIć 2006, 149-177, n. 64-142; Balkani 2007, 86, n. 35.
159 DJUKNIć, JOVANOVIć 1965, 9, pl. 10, 2 et pl. 16, 2-3; 10, pl. 19, 2-4; 10, pl. 21, 19.
160 RAUBITSCHEK 1998, 23, pl. 19, 90.
161 RAUBITSCHEK 1998, pl. 25, 133-134.
156
45
Stéphane Verger
Fig. 10. Quelques objets de provenance italique dans les sanctuaires grecs de Pérachora,
Isthmia, Olympie et Corcyre: 1. Pérachora, pendentif en os en forme de tête de bélier (d’après
DUNBABIN 1962); 2-4. Isthmia, fragments d’anses mobiles de cistes à cordons (d’après
RAUBITSCHEK 1998); 5-6. Olympie, fragments d’anses mobiles de cistes à cordons ou de
situles (d’après GAUER 1991).
torsadée provient du sanctuaire d’Olympie162 (Fig. 10, 5). Dans ce site, une autre
anse, plus fragmentaire163 (Fig. 10, 6), peut appartenir aussi bien à une ciste à
cordons qu’à une situle tronconique. Les cistes à cordons authentiquement norditaliques sont rares dans les sanctuaires grecs. On peut mentionner une anse
identique provenant de l’Héraïon à l’embouchure du Sele dans le territoire de
Poséidonia en Campanie, qui est inédite. En revanche, quelques exemplaires
proviennent de contextes funéraires grecs (à Cumes) mais surtout indigènes de la
Sicile orientale (Paternò) et des Pouilles (Rudiae)164. Ici aussi, une diffusion de ce
type de vases par les voies adriatiques est probable. Il est intéressant de
mentionner, à la suite de Claude Rolley, le cas d’une ciste à cordons provenant
d’Ambracie qui est une imitation méridionale de ciste à cordons nord-italique
munie d’anses coulées (à décor de palmette et volutes)165. Elle s’insère dans un
petit groupe bien représenté en Italie du sud, notamment en Campanie (à Cumes et
dans la grande tombe de Sala Consilina) et dans les Pouilles (à Cavallino et à
Rudiae)166. Le groupe n’est pas homogène et l’on peut supposer l’existence de
plusieurs ateliers de production en Italie du sud, à la fin du VIe et dans la première
162
GAUER 1991, E 187.
GAUER 1991, E 188.
164 ROLLEY 1993; ROLLEY 1995, 172.
165 ROLLEY 1995, 172.
166 Voir surtout pour ce groupe: MARTELLI 1982; ROLLEY 1993.
163
46
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
moitié du Ve siècle avant J.-C. Une arrivée en Épire du vase – ou bien du modèle,
si l’on envisage une production locale – suppose encore une fois des relations
étroites entre Corcyre-Ambracie et l’Italie centrale et méridionale adriatique vers
la fin du VIe siècle avant J.-C.
La même observation peut être faite à propos des bassins à bord perlé étrusques
mis au jour dans les nécropoles de Corcyre et d’Ambracie, où ils servaient d’urnes
cinéraires. Ils appartiennent à deux variantes de D. Krauβe: celle de Brolio167, qui
peut être datée de la seconde moitié du VIIe et de la première moitié du VIe siècle
avant J.-C. et qui est diffusée en Etrurie interne et méridionale, dans le Picénum,
dans les Pouilles et en Basilicate; celle d’Imola-Hundersingen, qui est
caractéristique de l’Etrurie interne dans la seconde moitié du VIe siècle avant J.C. et est diffusée essentiellement par l’intermédiaire de l’Italie centrale et septentrionale adriatique168. Ils documentent donc pour le VIe siècle les relations qu’entretiennent les groupes aristocratiques de Corcyre avec l’Italie centrale adriatique.
La distribution d’autres types d’objets illustre d’ailleurs ces contacts
spécifiques entre Corinthe et les Balkans centre-occidentaux par l’intermédiaire de
la côte ionienne et adriatique. Mentionnons ainsi, pour la seconde moitié du VIe
siècle, celle des casques illyriens de la variante IIIA1, dont un exemplaire est
présent à Isthmia et de nombreux autres autre à Olympie, et qui montre une large
diffusion dans les Balkans occidentaux, de la région du lac Ochryd (à Trebenište) à
la Slovénie (Novo Mesto169) en passant par la Croatie et la Serbie (Gorica, Bublin
et Putičevo)170.
Corcyre, Olympie et la Gaule méridionale dans la seconde moitié du VIe siècle:
quelques documents
A partir de 540/530 avant J.-C., les objets de parure originaires de la Gaule
méridionale et centrale semblent disparaître complètement en Sicile, en Italie et en
Grèce. La date est assez précise: elle correspond à la fois à la fin de la phase du
Hallstatt D1 dans le domaine hallstattien occidental et au scellement de la couche
5 du sanctuaire de Bitalemi à Géla. L’interruption des voies de circulation que ces
objets illustrent est sans doute due à la transformation des équilibres politiques et
militaires entre les grandes puissances de la Méditerranée occidentale après la
bataille de la Mer de Sardaigne. L’itinéraire entre le Languedoc et la Sicile
occidentale passe par les secteurs maritimes désormais contrôlés plus strictement
par Massalia et par Carthage. Pourtant, une petite série d’objets en bronze
provenant de Corcyre et d’Olympie montre que les contacts entre la Gaule
méridionale, la Mer Ionienne et la Grèce ne se sont pas totalement interrompus
dans la seconde moitié du VIe siècle.
167
KRAUßE 1996, 260-262, Fig. 187-188.
KRAUßE 1996, 262-269, Fig. 189-192.
169 EGG 1999, 321-325, Fig. 4-6.
170 PFLUG 1988, 52-54, Fig. 14.
168
47
Stéphane Verger
Le premier groupe provient du sanctuaire de Mon Repos à Corfou171. Il s’agit de
quatre plaques de ceinture en bronze découvertes lors des fouilles menées dans les
années 1960 (Fig. 11, 1-3). Ces pièces ont immédiatement été illustrées dans les
comptes rendus de fouille et identifiées comme des fermoirs originaires d’Espagne
ou du Sud de la France datables de la fin du VIe ou du Ve siècle avant J.-C.172. Les
fermoirs à échancrures latérales, à un, deux ou trois crochets et décor estampé ou
incisé sont en effet très nombreux en Languedoc occidental (notamment à Mailhac,
Pézenas et Couffoulens) et en Catalogne (à Ampurias par exemple) ainsi que sur
une bonne partie de la côte orientale de l’Espagne, jusqu’à la province d’Alicante
au sud (El Molar). Quelques exemplaires isolés sont attestés en Languedoc oriental
(Saint-Rémèze) et dans la France de l’Ouest, jusque dans la Vienne (Savigné). Les
plaques de ceinture de ce type appartiennent à la phase immédiatement postérieure
à celle des nécropoles d’Agde et du Grand Bassin I de Mailhac. En Languedoc,
elles sont caractéristiques du faciès Grand Bassin II. En France comme en
Espagne, on les trouve dans des mobiliers funéraires à partir du deuxième quart du
VIe siècle avant J.-C. Les exemplaires les plus récents datent de la seconde moitié
du VIe siècle avant J.-C. Les fermoirs retrouvés à Corfou appartiennent aux variantes 2.5.2.1.1 et 2.5.2.1.2 définies plus récemment par Raimon Graells i Fabregat173. La première est attestée dans des contextes funéraires des deuxième et
troisième quarts du VIe siècle alors que la seconde n’est attestée que dans le
troisième quart du VIe siècle. Les fermoirs de ceinture de Corcyre semblent donc
clore la série des offrandes gauloises dans les sanctuaires grecs.
Les fermoirs de ceinture du type de ceux de Corcyre font partie de l’équipement
masculin. Ils sont associés dans les sépultures à des armes offensives et l’on peut
supposer qu’ils étaient utilisés pour fermer la ceinture de suspension de l’épée. On
pourrait voir là le signe d’une transformation dans la nature des offrandes
languedociennes ou catalanes déposées dans les sanctuaires grecs. Toutefois, ce
changement n’est pas nécessairement à mettre au compte d’une transformation
des relations – pacifiques d’abord, puis belliqueuses à partir de l’enrôlement des
Ibères et des Élisyques dans les armées carthaginoises – qui pouvaient exister entre Grecs et indigènes occidentaux. En effet, on retrouve là une rupture qui
caractérise l’histoire des sociétés languedociennes dans la première moitié du VIe
siècle174. Pendant la phase Grand Bassin I, les parures féminines sont souvent
riches et abondantes, aussi bien dans les tombes que dans les dépôts de bronze.
Comme l’a noté André Nickels, les tombes à armes sont alors très rares (dans la
nécropole d’Agde par exemple). Ces dernières se multiplient dans les premières
décennies du VIe siècle (dans la nécropole de Pézenas par exemple). Certaines
171
Une présentation générale du sanctuaire dans DONTAS 1968 et 1976.
AD 19, 1964, 325, pl. 365, g; AD 22, 1967, 365, pl. 272, e; AD 23, 1968, 309, pl. 249, b
(deux exemplaires, dont un seul figuré); FRASER 1969-70, 18-19, Fig. 32; GARCÍA Y BELLIDO
1974; LUQUÉ ALVAREZ 1984.
173 GRAELLS 2003.
174 NICKELS 1983, 415-416; NICKELS, MARCHAND, SCHWALLER 1989, 456-457.
172
48
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
Fig. 11. Quelques objets
originaires de la Gaule du sud
ou du Nord-Est de la Péninsule Ibérique dans les sanctuaires grecs de Corcyre et
d’Olympie: 1-3. Corcyre, Mon
Repos, plaques de ceinture
échancrées (d’après LUQUÉ
ALVAREZ 1984); 4. Olympie,
cnémide occidentale (d’après
CLAUSING 2002); 5. Olympie,
plaque de ceinture échancrée
(d’après GARCÍA Y BELLIDO
1934); a. plan du Sanctuaire
d’Hera de Mon Repos à
Corcyra, avec l’enclos d’Apollon, à gauche, et le détail de
l’autel d’Apollon en haut (d’après AΔ).
tombes masculines (comme les tombes 13 et 15 de Couffoulens175, celle de
Castelnau-de-Guers176 ou celles de Llinars del Vallès177 et de la Granja Soley178
plus au sud) sont alors d’une richesse jamais atteinte auparavant dans la région.
De Pérachora à Corcyre, le remplacement des parures féminines par des ceintures
masculines ne fait donc que refléter une transformation qui touche, en Languedoc
et en Catalogne même, la composition des plus riches des mobiliers funéraires.
Un autre point commun entre les objets occidentaux de Pérachora et de
Corcyre provient du fait que les deux sanctuaires sont probablement consacrés à la
même divinité. L’attribution à Héra Akraia ne fait pas de doute dans le premier
cas179. Elle est plus hypothétique dans le deuxième cas, puisqu’elle ne repose que
sur une inscription trouvée en 1846 à proximité de la zone du temple de la villa
Mon Repos180, ainsi que sur la présence de koulouria en terre cuite181 identiques à
ceux de Perachora et de l’Héraïon d’Argos. Toutefois, les objets ont été mis au
jour plus précisément dans un petit enclos cultuel pourvu d’un autel qui se trouve à
175
SOLIER, RANCOULE, PASSELAC 1976, 13-20.
HOULÈS, JANIN 1992.
177 SANMARTÍ-GREGO 1993.
178 SANMARTÍ et alii 1982.
179 TOMLINSON 1977, 200.
180 IG IX 12 4, nr. 862. RE VIII, 1, 1912, 381 et XI, 2, 1922, 1411-1412.
181 AD 19, 1964, pl. 372, d; 23, 1968, pl. 252, a-b.
176
49
Stéphane Verger
l’ouest du sanctuaire, immédiatement à l’extérieur du mur du téménos182 (Fig. 11,
a). Plusieurs dédicaces archaïques indiquent qu’il s’agit d’un lieu de culte consacré
à Apollon Korkyraios183. Il est donc intéressant de constater à la fois la continuité
du lien des offrandes nord-occidentales avec le culte d’Héra, mais aussi le
changement de la divinité qui les reçoit à l’intérieur du sanctuaire – une divinité
masculine mieux adaptée à la nouvelle catégorie d’objets concernée.
Deux objets originaires du Languedoc ou du Nord-est de la Péninsule ibérique
proviennent également du grand sanctuaire d’Olympie. Le plus ancien d’entre eux
est une cnémide en tôle de bronze à décor de filets périphériques en relief (Fig. 11,
4). Christoph Clausing, qui l’a récemment étudiée, est revenu sur la question
débattue de son origine184. En l’attribuant clairement à sa variante 3B, qui est
caractérisée par un rang de perforations périphériques, il la rattache de manière
convaincante à un groupe maintenant bien connu du VIIIe au VIe siècle avant J.C. dans des nécropoles de toute la côte orientale de la péninsule ibérique, jusqu’au
Languedoc occidental, et dans des dépôts de Provence. Il la rapproche plus
particulièrement des cnémides de Cabezo Lucero dans la province d’Alicante, et de
celle de l’aven Plérimond à Aups dans le Var, qui présentent une ornementation
très semblable. L’objet pourrait être contemporain des plaques de ceinture du type
de celles de Corcyre. Il a pu être porté par le même type de personnage aux
fonctions militaires.
L’autre pièce est une plaque de ceinture ibérique publiée en 1894 et identifiée
dans les années 1930 par Antonio Garcia y Bellido185 (Fig. 11, 5). Elle appartient
au type à deux évidements latéraux et trois crochets, qui est bien représenté dans
tout l’Est de la péninsule ibérique, dans les Pyrénées et en Languedoc oriental.
Quelques exemplaires ont été trouvés dans le Centre-Ouest de la France, en
Provence et dans la nécropole d’Aléria186. Ils peuvent être datés de la seconde
moitié du VIe ou du début du Ve siècle avant J.-C. Comme les exemplaires de
Corcyre, l’objet a été mis en relation avec la présence de mercenaires celtiques et
ibériques dans l’armée envoyée au secours des Lacédémoniens par Denys de
Syracuse, qui débarque à Corinthe en 368187. Cette supposition ne s’accorde pas
avec la chronologie de ce type de fermoir; mais surtout, elle ne rend pas compte du
fait que cette plaque de ceinture s’intègre dans une série continue d’objets
d’origine languedocienne et ibérique offerts dans les sanctuaires grecs liés plus ou
moins directement à Corinthe depuis la seconde moitié du VIIe siècle188. On retrouve ici plusieurs des caractéristiques dégagées à propos des cas de Pérachora et
182
AD 23, 1968, 309-313, Fig. 1-2, pl. 249-253.
AD 23, 1968, 311, 313, pl. 251 et 253.
184 CLAUSING 2002, 173 et 175, Fig. 13, 3 et Fig. 16 (carte).
185 GARCÍA Y BELLIDO 1934, 32-33, pl. 5.
186 CERDEÑO SERRANO 1978, Fig. 3; MOHEN 1980, Fig. 130; JEHASSE 1973, 456, pl. 147, n.
1819.
187 GARCÍA Y BELLIDO 1934, 32-33.
188 H. Philipp signale également que la fibule à double ressort n. 989 d’Olympie pourrait
également être originaire de la péninsule ibérique: PHILIPP 1981, 263, pl. 59, n. 989.
183
50
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
de Corcyre: il s’agit d’une pièce d’équipement militaire qui en outre a été retrouvée
au sud du temple d’Héra.
En Languedoc comme sur la côte orientale de la péninsule ibérique, la première
moitié du VIe siècle avant J.-C. est marquée, comme on l’a rappelé, par l’apparition
massive des armes dans les tombes. La panoplie régionale se constitue alors,
parfois grâce à des emprunts aux armées voisines. C’est ainsi que les épées et poignards à antennes, fabriqués sans doute régionalement au VIe siècle, dépendent
d’un modèle hallstattien de la seconde moitié du VIIe et de la première moitié du
VIe siècle. C’est sans doute aussi au cours du VIe siècle qu’Ibères et Elisyques
commencent à former des troupes susceptibles de servir dans les nouvelles armées
qui s’affrontent en Méditerranée occidentale. La notice, rapportée par Hérodote
(VII, 165), d’une participation de ces deux peuples aux côtés des Carthaginois à la
bataille qui oppose ces derniers aux Grecs à Himère en 480 constitue certes la
première attestation du rôle militaire que jouent désormais les peuples les plus
occidentaux du bassin méditerranéen dans les conflits internationaux. Pourtant, ce
n’est sans doute que l’aboutissement d’un processus d’intégration progressive de
ces populations dans les réseaux d’alliances diplomatiques qui se mettent en place
au cours du VIe siècle.
Les petits ensembles d’objets nord-occidentaux de Corcyre et d’Olympie nous
apprennent que les relations entre la Gaule et la Méditerranée centrale se sont bien
prolongées au-delà du premier tiers du VIe siècle avant J.-C. mais aussi qu’elles se
sont modifiées sensiblement au cours du deuxième ou troisième tiers du siècle. Les
circulations de parures féminines, qui prennent place dans le contexte de parcours
religieux entre la périphérie septentrionale du monde et le cœur de la
Méditerranée, laisse la place à de plus épisodiques circulations d’armes et de pièces
d’équipement masculin qui prennent peut-être la suite des précédentes, mais qui
peuvent aussi être interprétées comme les indices d’une présence de mercenaires
ibères dans les conflits méditerranéens de la seconde moitié du VIe siècle, comme
des prises de guerre offertes dans les sanctuaires les plus adaptés à cet effet,
comme celui d’Olympie. Il est intéressant de noter la place centrale que joue désormais Corcyre dans les relations entre la Méditerranée occidentale et la Grèce.
Toutefois, la documentation est encore bien limitée pour que l’on puisse pousser
très loin le commentaire.
***
Une ultime carte synthétique (Fig. 12) permet de résumer les résultats
provisoires livrés par l’examen de la série d’objets métalliques non grecs du
sanctuaire de Pérachora. Elle montre clairement la complexité des réseaux
d’échanges entrecroisés qui se développent à la fin du VIIe et au VIe siècle avant
J.-C. Deux points restent encore en grande partie obscurs. Quel est d’une part le
rôle exact joué par Corcyre, qui est située à un emplacement nodal par rapport à la
trame dense des contacts maritimes, dans la mise en place et le développement des
voies d’échanges avec l’aire adriatique, les Balkans occidentaux et l’Italie du sud
et dans la prise en charge des extensions occidentales de ces contacts? La
documentation disponible à Corcyre même, à Ambracie et dans les colonies corin51
Stéphane Verger
Fig. 12. Carte des circulations méditerranéennes illustrées par les séries métalliques des sanctuaires de Bitalemi et de Pérachora dans la seconde moitié du VIIe et la première moitié du VIe
siècle avant J.-C.
thiennes d’Illyrie (Apollonia et Epidamnos) est trop limitée pour permettre de
répondre à cette question. D’autre part, quelle est la position exacte de la zone du
lac Ochrid dans ces réseaux de contacts: l’enrichissement des élites indigènes de
cette région, qui se marque dans la seconde moitié du VIe siècle par l’abondance
d’importations grecques de très grand prix dans les tombes de Trebenište, est-elle
due à un contact privilégié avec Corinthe par l’intermédiaire du réseau corinthien
égéen, par la voie qui relie la métropole à sa colonie de Chalcidique, ou bien ionien,
par celle qui la relie à Corcyre et aux colonies de l’Illyrie? Cette question a été au
centre des derniers débats qui ont opposé Claude Rolley et Conrad Stibbe189, sans
qu’un consensus ait pu être atteint.
Stéphane Verger
École Pratique des Hautes Études (EA 4115 HISTARA)
UMR 8546 AOROC (CNRS-ENS), Paris
verger.s@orange.fr
189
52
STIBBE 2003.
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
Bibliographie
ADAM 2003 = A.-M. ADAM, Les vases de bronze étrusques, in C. ROLLEY (dir.), La tombe
princière de Vix, Paris 2003, 144-160.
Balkani 2007 = Balkani. Antiche civiltà tra il Danubio e l’Adriatico, Adria 2007.
BICHET, MILLOTTE 1992 = P. BICHET, J.-P. MILLOTTE, L’Âge du Fer dans le haut Jura.
Les tumulus de la région de Pontarlier (Doubs), Paris 1992.
BOARDMAN 1967 = J. BOARDMAN, Excavations in Chios. 1952-1955. Greek Emporion,
London 1967.
BOCQUET 1991 = A. BOCQUET, L’archéologie de l’Âge du Fer dans les Alpes occidentales
françaises, in DUVAL 1991, 91-155.
BOUZEK 1974 = J. BOUZEK, Graeco-Macedonian Bronzes. Analysis and Chronology,
Prague 1974.
BOUZEK 1987 = J. BOUZEK, Macedonian and Thessalian Bronzes. Macedonian Beads.
Acta universitatis carolinae - Philologica, 1, GLP 11, 1987, 77-101.
CALIÒ 2000 = L.M. CALIÒ, La collezione Bonifacio Falcioni, I, Città del Vaticano 2000.
CAMPOREALE 1976 = G. CAMPOREALE, Un gruppo di brocchette etrusche arcaiche di
bronzo, in Homenaje a García Bellido, II, Madrid 1976, 159-168.
CANCIANI, VON HASE 1979 = F. CANCIANI, F.-W. VON HASE, La tomba Bernardini di
Palestrina, Roma 1979.
Celtes en Normandie 1990 = Les Celtes en Normandie, Catalogue de l’exposition au
Musée d’Evreux, Evreux 1990.
CERDEÑO SERRANO 1978 = M.L. CERDEÑO SERRANO, Los broches de cinturon
peninsulares de tipo celtico, Trabajos de prehistoria 35, 1978, 279-306.
CLAUSING 2002 = C. CLAUSING, Geschnürte Beinschienen der späten Bronze- und älteren
Eisenzeit, JRGZ 49, 2002, 149-187.
COFFYN, GOMEZ, MOHEN = A. COFFYN, J. GOMEZ, J.-P. MOHEN, L’apogée du Bronze
atlantique. Le dèpôt de Vénat, Paris 1981.
COLONNA 1980 = G. COLONNA, Problemi dell’archeologia e della storia di Orvieto etrusca,
Annali della fondazione per il Museo Claudio Faina 1, 1980, 43-58.
ČOVIć 1983 = B. CŏVIć, Importation of Bronze Vessels in the Western Balkans (7th to 5th
Century), in L’Adriatico tra Mediterraneo e penisola balcanica nell’antichità. Atti del
Congresso dell’Associazione internazionale di studi del sud-est europeo (Lecce-Matera,
21-27 ottobre 1973), Taranto 1983, 147-154.
DE MARINIS 1988 = R. DE MARINIS, I commerci dell’Etruria con i paesi a nord del Po dal
IX al VI secolo a.C., in Gli Etruschi a nord del Po, I, a cura di R. DE MARINIS,
Mantova 1988, 52-80.
DJUKNIĆ, JOVANOVIĆ 1965 = M. DJUKNIĆ, B. JOVANOVIĆ, Illyrian Princely Necropolis at
Atenica, Archaeologia Jugoslavica 6, 1965, 1-35.
DONTAS 1968 = G. DONTAS, Le grand sanctuaire de “Mon Repos” à Corfou, Aρχαιολογικα
αναλεκτα εξ Αθηνων 1, 1968, 66-69.
53
Stéphane Verger
DONTAS 1976 = G. DONTAS, Denkmäler und Geschichte eines kerkyräischen Heiligtums,
in Neue Forschungen in griechischen Heiligtümern, hrsg. von U. JANTZEN, Tübingen
1976, 121-133.
DRACK 1958 = W. DRACK, Ältere Eisenzeit der Schweiz. Kanton Bern, I. Teil, Bâle
1958.
DRACK 1964 = W. DRACK, Ältere Eisenzeit der Schweiz. Die Westschweiz = Kantone
Freiburg, Genf, Neuenburg, Waadt und Wallis, Bâle 1964.
DRACK 1966-1967 = W. DRACK, Anhängeschmuck der Hallstattzeit aus dem
schweizerischen Mittelland und Jura, Jahrbuch der schweizerischen Gesellschaft für
Ur- und Frühgeschichte, 53, 1966-1967, 29-61.
DUCAT 1971 = J. DUCAT, Les kouroi du Ptoion. Le sanctuaire d’Apollon Ptoieus à
l’époque archaïque, Paris 1971.
DUNBABIN 1962 = T.J. DUNBABIN, Perachora: the Sanctuaries of Hera Akraia and
Limenia, II: Pottery, Ivories, Scarabs and other Objects from the Votive Deposit of
Hera Limenia, Oxford 1962.
DUNNING 1992 = C. DUNNING, Le Premier Âge du Fer sur le versant suisse du Jura, in
KAENEL, CURDY 1992, 83-97.
DUVAL 1991 = A. DUVAL (éd.), Les Alpes à l’Âge du Fer, Paris 1991.
EGG 1996 = M. EGG, Die hallstattzeitliche Fürtsengrab von Strettweg bei Judenburg in
der Obersteiermark, Mainz 1996.
EGG 1999 = M. EGG, Waffenbrüder? Eine ungewöhnliche Bestattung der Frühlatènezeit
in Novo Mesto in Slowenien, JRGZ 46, 1999, 317-356.
EMILIOZZI 1997a = Carri da guerra e principi etruschi, a cura di A. EMILIOZZI, Roma 1997.
EMILIOZZI 1997b = A. EMILIOZZI, La ricerca moderna: i primi risultati, in EMILIOZZI
1997a, 95-103.
FRASER 1969-1970 = P.M. FRASER, Archaeology in Greece, 1969-70, JHS, Archaeological Reports for 1969-1970, 3-31.
FREYER-SCHAUENBURG 1966 = B. FREYER-SCHAUENBURG, Kolaios und die westphönikischen Elfenbeine, MDAI(M) 7, 1966, 89-108.
FROEHNER 1898 = W. FROEHNER, Collection d’antiquités du Comte M. Tyskiewicz, Paris
1898.
FURTWÄNGLER 1890 = A. FURTWÄNGLER, Die Bronzen und die übrige kleineren Funde
von Olympia, Berlin 1890.
GANARD et alii 1992 = V. GANARD, F. PASSARD, J.-F. PININGRE, J.-P. URLACHER, Nécropoles, pratiques funéraires et société au Premier Âge du Fer dans le massif du Jura
et le bassin supérieur de la Saône, in KAENEL, CURDY 1992, 37-64.
GARCIA 1987 = D. GARCIA, Le dépôt de bronzes launacien de Roque-Courbe, SaintSaturnin (Hérault), DAM 10, 1987, 9-29.
GARCÍA Y BELLIDO 1934 = A. GARCÍA Y BELLIDO, Factores que contribuyeron a la
helenización de la España prerromana. I. Los Iberos en la Grecia propria y en el
Oriente helenístico, Madrid 1934.
54
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
GARCÍA Y BELLIDO 1974 = A. GARCÍA Y BELLIDO, Otros testimonios más de la presencia
de mercenarios españoles en el Mediterráneo, in Simposio internacional de
colonizaciones (Barcelona, 1971), Barcelona 1974, 201-203.
GATTI, RUFFO 1994-1995 = S. GATTI, M. RUFFO, Anagni (Frosinone). Località S. Cecilia.
Indagini nel santuario ernico: il deposito votivo arcaico, NSA 1994-1995, 5-164.
GAUER 1991 = W. GAUER, Die Bronzegefässe von Olympia, Berlin, New York 1991.
GOMEZ DE SOTO, MILCENT 2000 = J. GOMEZ DE SOTO, P.-Y. MILCENT, De la Méditerranée
à l’Atlantique: échanges et affinités culturelles entre le nord-ouest (Armorique, CentreOuest, Limousin) et le sud-ouest de la France (principalement Languedoc occidental)
de la fin du Xe au Ve s. avant J.-C., in JANIN 2000, 351-371.
GRAELLS 2003 = R. GRAELLS, Origen i dispersió dells fermalls de dos garfis i placa
única, in Món ibèric als països catalans. Homenatge a Josep Barberà i Farràs, II,
Puigcerdà 2003, 769-781.
Greci, Enotri e Lucani 1996 = Greci, Enotri e Lucani nella Basilicata meridionale,
Catalogo della mostra di Policoro, Napoli 1996.
GUILAINE 1968 = J. GUILAINE, Le dépôt de bronzes de Carcassonne, RAN 2, 1968, 1-45.
GUILAINE 1972 = J. GUILAINE, L’Âge du Bronze en Languedoc occidental, Roussillon,
Ariège, Paris 1972.
GUILAINE 1976 = J. GUILAINE (dir.), La préhistoire Française. II. Les civilisations
néolitiques et protohistoriques de la France, Paris 1976.
HASE 1997 = F.-W. VON HASE, Présences étrusques et italiques dans les sanctuaires
grecs (VIIIe-VIIe siècle av. J.-C.), in Les Etrusques, les plus religieux des hommes.
Etat de la recherche sur la religion étrusque, éd. par F. GAULTIER, D. BRIQUEL, Paris
1997, 293-323.
VON
HOULÈS, JANIN 1992 = N. HOULÈS, TH. JANIN, Une tombe du premier Âge du Fer au
lieu-dit Saint-Antoine à Castelnau-de-Guers (Hérault), RAN 25, 1992, 433-442.
HOWES SMITH 1984 = P.H.G. HOWES SMITH, Bronze Ribbed Bowls from Central Italy
and Etruria. Import and Imitation, BABesch 59, 1984, 73-112.
JANIN 2000 = Mailhac et la premier Âge du Fer en Europe Occidentale. Hommages à
Odette et Jean Toffanel, éd. par TH. JANIN, Lattes 2000.
JEHASSE 1973 = J. e L. JEHASSE, La nécropole préromaine d’Aléria, Paris 1973.
JURGEIT 1999 = F. JURGEIT, Die etruskischen und italischen Bronzen sowie Gegenstände
aus Eisen, Blei und Leder im badischen Landesmuseum Karlsruhe, Pisa, Roma 1998.
KAENEL, CURDY 1992 = G. KAENEL, PH. CURDY (éd.), L’Âge du Fer dans la Jura,
Lausanne, Lons-le-Saunier 1992.
KAUFMAN WILLIAMS 1974 = C. KAUFMAN WILLIAMS II, Excavations at Corinth, 1973,
Hesperia 43, 1974, 1-33.
KILIAN 1975 = K. KILIAN, Trachtzubehör der Eisenzeit zwischen Ägäis und Adria,
Prähistorische Zeitschrift 50, 1975, 9-140.
KILIAN 1977 = K. KILIAN, Das Kriegergrab von Tarquinia, Beigaben aus Metal und
Holz, JDAI 92, 1977, 24-98.
55
Stéphane Verger
KILIAN 1983 = K. KILIAN, Oggetti dell’ornamento personale caratteristici in Bosnia e
Macedonia, loro divulgazione in Grecia ed in Italia durante l’Età del Ferro, in
L’Adriatico tra Mediterraneo e penisola balcanica nell’antichità. Atti del Congresso
dell’Associazione internazionale di studi del sud-est europeo (Lecce-Matera, 21-27
ottobre 1973), Taranto 1983, 61-65.
KILIAN-DIRLMEIER 1979 = I. KILIAN-DIRLMEIER, Anhänger in Griechenland von der
mykenischen bis zur Spätgeometrischen Zeit (= PBF XI, 2), München 1979.
KILIAN-DIRLMEIER 1985 = I. KILIAN-DIRLMEIER, Fremde Weihungen in griechischen
Heiligtümern vom 8. bis zum Beginn des 7. Jahrhunderts v. Chr., JRGZ 32, 1985,
215-254.
KOZLOFF 1981 = A.P. KOZLOFF, Animals in Ancient Art from the Leo Mildenberg
Collection, Cleveland 1981.
KRINZINGER 2000 = Die Ägäis und das westliche Mittelmeer. Beziehungen um
Wechselwirkungen 8. bis 5. Jh. v. Chr. Akten des Symposion (Wien, 24-27 März
1999), hrsg. von F. KRINZINGER, Wien 2000.
KRAUßE 1996 = D. KRAUßE, Hochdorf III. Das Trink- und Speiseservice aus dem späthallstattzeitlichen Fürstengrab von Eberdingen-Hochdorf (Kr. Ludwigsburg), Stuttgart 1996.
LOUIS, TAFFANEL 1955 e 1960 = M. LOUIS, O. e J. TAFFANEL, Le premier Âge du Fer
languedocien, I e III, Bordighera 1955 e 1960.
LUCENTINI 1981 = N. LUCENTINI, Sulla cronologia delle necropoli di Glasinac nell’età del
ferro, in Studi di protostoria adriatica, a cura di R. PERONI, Roma 1981, 67-163.
LÜSCHER 1989 = G. LÜSCHER, Die hallstattzeitliche Nekropole von Subingen SO, Archäologie des Kantons Solothurn 6, 1989, 101-118.
LÜSCHER 1991 = G. LÜSCHER, La période de Hallstatt en Suisse, in Les Celtes dans le
Jura. L’Âge du Fer dans le massif jurassien (800-15 avant J.-C.), Yverdon-les-Bains
1991, 16-33.
LUQUÉ ALVAREZ 1984 = J. LUQUÉ ALVAREZ, Nuevos broches celticos (peninsulares) en
Grecia y la cuestion de los primeros mercenarios ibericos en el Mediterraneo (en el siglo
VI a.C.), Archivo español de arqueologia 57, 1984, 3-14.
MAC INTOSH 1974 = J. MAC INTOSH, Etruscan Bucchero Pottery Imports in Corinth,
Hesperia 43, 1974, 34-45.
MARTELLI 1982 = M. MARTELLI, Cista a cordoni da Cuma, in ΑΠΑΡΧΑΙ. Nuove
ricerche e studi sulla Magna Grecia e la Sicilia antica in onore di Paolo Enrico Arias,
Pisa 1982, 185-190.
MEOLA 1996 = E. MEOLA, Necropoli di Selinunte. I - Buffa, Palermo 1996.
MERCURI 2004 = L. MERCURI, Eubéens en Calabre à l’époque archaïque. Formes de
contacts et d’implantation, Rome 2004.
MILLOTTE 1963 = J.-P. MILLOTTE, Le Jura et les plaines de la Saône aux Âges des
Métaux, Paris 1963.
MITREVSKI 1987 = D. MITREVSKI, Bow Fibulae from Iron Age Sites in the Vardar
Valley, Archaeologia iugoslavica 24, 1987, 29-42.
56
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
MOHEN 1980 = J.-P. MOHEN, L’Âge du Fer en Aquitaine du VIIIe au IIIe siècle avant
J.-C., Paris 1980.
MORGAN 1994 = C. MORGAN, The Evolution of a Sacral “Landscape”: Isthmia, Perachora, and the Early Corinthian State, dans Placing the Gods. Sanctuaries and Sacred
Space in Ancient Greece, ed. by S.E. ALCOCK, R. OSBORNE, Oxford 1994, 105-142.
NASO 2000 = A. NASO, Etruskische und italische Weihungen in griechischen
Heiligtumern: altbekannte und neue Funde, in KRINZINGER 2000, 157-163.
NASO 2003 = A. NASO, I bronzi etruschi e italici del Römisch-Germanisches Zentralmuseum, Mainz 2003.
NASO 2006 = A. NASO, Etruschi (e Italici) nei santuari greci, in Stranieri e non cittadini
nei santuari greci. Atti del convegno internazionale, a cura di A. NASO, Firenze 2006,
325-358.
NICKELS 1983 = A. NICKELS, Les Grecs en Gaule, l’exemple du Languedoc, in Modes de
contacts et processus de transformation dans les sociétés antiques. Actes du Colloque de
Cortone (24-30 mai 1981), Pisa-Roma 1983, 409-428.
NICKELS, MARCHAND, SCHWALLER 1989 = A. NICKELS, G. MARCHAND, M. SCHWALLER,
Agde, la nécropole du premier Âge du Fer, Paris 1989.
NICOLARDOT 1993 = J.-P. NICOLARDOT, Le tumulus n° 1 des Champs-d’Aniers à
Marcilly-Ogny (Côte-d’Or). Premiers résultats des fouilles 1988-1990, RAE 44,
1993, 39-60.
NOVARO-LEFÈVRE 2000 = D. NOVARO-LEFÈVRE, Le culte d’Héra à Pérachora (VIIIe-VIe
s.): essai de bilan, REG 113, 2000, 42-69.
PALAVESTRA 1993 = A. PALAVESTRA, Praistorijski ćilibar na centralnom i zapadnom
Balkanu, Beograd 1993.
PALAVESTRA, KRSTIĆ 2006 = A. PALAVESTRA, V. KRSTIĆ, The Magic of Amber, Beograd
2006.
PARETI 1947 = L. PARETI, La tomba Regolini Galassi del Museo Gregoriano Etrusco e la
civiltà dell’Italia centrale nel sec. VII a.C., Città del Vaticano 1947.
PAUTREAU 1991 = J.-P. PAUTREAU, Inhumation du premier Âge du Fer à Antran
(Vienne), BSPF 87, 1991, 210-220.
PAYNE 1940 = H. PAYNE, Perachora. The Sanctuaries of Hera Akraia and Limenia.
Excavations of the British School of Archaeology at Athens 1930-1933. Architecture,
Bronzes, Terracottas, Oxford 1940.
PFLUG 1988 = H. PFLUG, Illyrische Helme, in Antike Helme, Mainz 1988, 42-64.
PHILIPP 1981 = H. PHILIPP, Bronzeschmuck aus Olympia, Olympische Forschungen,
XIII, Berlin 1981.
RAUBITSCHEK 1998 = I.K. RAUBITSCHEK, Isthmia VII. The Metal Objects (1952-1989),
Princeton 1998.
ROLLEY 1993 = C. ROLLEY, Bronzes en Messapie, in I Messapi. Atti del XXX Convegno di
studi sulla Magna Grecia (Taranto-Lecce, 4-9 ottobre 1990), Taranto 1993, 185-207.
ROLLEY 1995 = C. ROLLEY, Production et circulation des vases de bronze, de la Grande
Grèce à l’Europe hallstattienne, Ocnus 3, 1995, 163-178.
57
Stéphane Verger
SANMARTÍ et alii 1982 = E. SANMARTÍ, J. BARBERA, F. COSTA, P. GARCIA, Les troballes
funeraries d’època ibèrica arcaica de la Granja Soley (Santa Perpètua de Mogoda),
Vallès Occidental, Barcelona), Ampurias 44, 1982, 71-103.
SANMARTÍ-GREGO 1993 = E. SANMARTÍ-GREGO, Una tomba de guerrer de la primera edad
del ferro trobada a Llinars del Vallès (Vallès Oriental, Barcelona), Granollers 1993.
SANNIBALE 1998 = M. SANNIBALE, Le armi della collezione Gorga al Museo Nazionale
Romano, Roma 1998.
SCHMID-SIKIMIĆ 1996 = B. SCHMID-SIKIMIĆ, Der Arm- und Beinschmuck der Hallstattzeit in der Schweiz (= PBF X, 5), Stuttgart 1996.
SCIACCA 2005 = F. SCIACCA, Patere baccellate in bronzo. Oriente, Grecia, Italia in età
orientalizzante, Roma 2005.
SGUBINI MORETTI 1997 = A.M. SGUBINI MORETTI, La tomba del carro, in EMILIOZZI
1997a, 139-145.
SHEFTON 1979 = B.B. SHEFTON, Die ‘rhodischen’ Bronzekannen, Mainz 1979.
SHEFTON 2001 = B.B. SHEFTON, Adriatic Links between Aegean Greece and Iron Age
Europe during the Archaic and Classical Period, Anemos 2, 2001, 7-44.
SOLIER, RANCOULE, PASSELAC 1976 = Y. SOLIER, G. RANCOULE, M. PASSELAC, La nécropole de “Las Peyros”. VIe siècle av. J.-C. à Couffoulens (Aude), Paris 1976.
STAMPOLIDIS, KARETSOU 2001 = Il Mediterraneo orientale. Cipro - Dodecaneso - Creta.
16°-6° sec. a.C., a cura di N.C. STAMPOLIDIS, A. KARETSOU, Atene, Roma 2001.
STAMPOLIDIS 2002 = N. STAMPOLIDIS, From the Geometric and Archaic Necropolis
at Eleutherna, in Excavating Classical Culture. Recent Archaeological Discoveries
in Greece (= BAR International Series 1031), ed. by M. STAMATOPOULOU, M.
YEROULANOU, Oxford 2002, 327-332.
STIBBE 2003 = C.M. STIBBE, Trebenishte. The Fortunes of an Unusual Excavation,
Rome 2003.
TAUVEL 1974 = D. TAUVEL, Le premier Âge du Fer dans la Vienne, III - Les dépôts,
Revue archéologique du Centre 13, 1974, 3-24.
THEVENOT 1997 = J.-P. THEVENOT, Que représente Chassey au premier Âge du Fer?, in
Vix et les éphémères principantés celtiques, éd. par P. BRUN, B. CHAUME, Paris 1997,
173-178.
TOCCO SCIARELLI 1980 = G. TOCCO SCIARELLI, Aspetti culturali della Val d’Agri dal VII
al VI secolo a.C. Scritti in onore di Dinu Adamesteanu. Attività archeologica in
Basilicata. 1964-1977, Matera 1980, 439-475.
TOKER 1992 = A. TOKER, Museum of Anatolian Civilizations. Metal Vessels, Istanbul
1992.
TOMLINSON 1977 = R.A. TOMLINSON, The Upper Terraces at Perachora, BSA 72, 1977,
197-202.
TOMLINSON 1992 = R.A. TOMLINSON, Perachora, in Le sanctuaire grec (= Entretiens
sur l’Antiquité classique 37), éd. par O. REVERDIN, B. GRANGE, Genève 1992, 321-351.
58
Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora
VERGER 1998 = S. VERGER, Un graffite archaïque dans l’habitat hallstattien de
Montmorot (Jura, France), SE 64, 1998, 265-316.
VERGER 2000 = S. VERGER, Des objets languedociens et hallstattiens dans le sanctuaire
d’Héra à Pérachora (Corinthe), in JANIN 2000, 387-414.
VERGER 2010 = S. VERGER, Archéologie du couchant d’été, in Routes du monde et
passages obligés, éd. par J.-P. LE BIHAN, J.-P. GUILLAUMET, Quimper 2010, 293-336.
VERGER 2011 = S. VERGER, Duel privé, duel public. Le trône de la tombe 89/1972 Lippi
de Verucchio, aux origines de la représentation des rituels politiques étrusques, in
Finem dare. Il confine, tra sacro, profano e immaginario. A margine della stele
bilingue del Museo Leone di Vercelli, a cura di G. CANTINO WATAGHIN, Vercelli 2011,
171-215.
VERGER c.d.s. = S. VERGER, Dévotions féminines et bronzes de l’extrême nord dans le
thesmophorion de Géla, in Archéologie des espaces sacrés. Contributions à l’étude des
sanctuaires antiques en Méditerranée (Grèce, Italie, Sicile, Espagne), éd. par F.
QUANTIN, Pau, sous presse.
VERNEY 1993 = A. VERNEY, Les nécropoles de l’Âge du Fer en Basse-Normandie. Bilan
de trois siècles de découvertes, in Les Celtes en Normandie. Les rites funéraires en
Gaule (IIIe-Ier siècle avant J.-C.), Revue archéologique de l’Ouest, Supplément 6,
Rennes 1993, 95-113.
VERRON 1976 = G. VERRON, Les civilisations de l’Âge du Fer en Normandie, in GUILAINE
1976, 802-815.
WEBER 1983 = TH. WEBER, Bronzekannen. Studien zu ausgewahlten archaischen und
klassischen Oinochoenformen aus Metall in Griechenland und Etrurien, Frankfurt,
Bern 1983.
WILLIGENS 1991 = M.-P. WILLIGENS, L’Âge du Fer en Savoie et Haute-Savoie, in DUVAL
1991, 157-226.
YOUNG 1981 = R.S. YOUNG, The Gordion Excavations Final Reports. I. Three Great
Early Tumulus, Philadelphia 1981.
ZIMMERMANN 1999 = L. ZIMMERMANN, Bronzes ornementaux de Genève et parures archaïques de Macédoine, Genève 1999.
59
Edizioni ETS
Piazza Carrara, 16-19, I-56126 Pisa
info@edizioniets.com - www.edizioniets.com
Finito di stampare nel mese di settembre 2011