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SULLA ROTTA PER LA SICILIA: L’EPIRO, CORCIRA E L’OCCIDENTE a cura di Giovanna De Sensi Sestito e Maria Intrieri Edizioni ETS www.edizioniets.com Volume pubblicato con i fondi del PRIN 2007 (MIUR 20072KYY8C_004) © Copyright 2011 EDIZIONI ETS Piazza Carrara, 16-19, I-56126 Pisa info@edizioniets.com www.edizioniets.com Distribuzione PDE, Via Tevere 54, I-50019 Sesto Fiorentino [Firenze] ISBN 978-884673091-6 LES OBJETS MÉTALLIQUES DU SANCTUAIRE DE PÉRACHORA ET LA DYNAMIQUE DES ÉCHANGES ENTRE MERS IONIENNE, ADRIATIQUE ET TYRRHÉNIENNE À L’ÉPOQUE ARCHAÏQUE Le secteur de la Mer Ionienne compris entre l’Épire, l’Illyrie et la Messapie constitue à l’époque archaïque un carrefour complexe de voies maritimes qui relient les diverses zones de la Méditerranée centrale et de l’Adriatique et qui se modifient continuellement, en fonction des transformations dans les équilibres économiques et politiques entre les puissances de la région. On pourrait trouver divers moyens pour tenter une reconstitution de la physionomie de ce nœud dense de voies maritimes, même si la documentation, souvent non publiée, ne permet pas encore d’en retracer un cadre complet. Parmi les corpus documentaires susceptibles de donner des informations sur cette question, on peut en examiner un qui ne provient pas de la zone considérée mais apporte toutefois un éclairage original et intéressant. Il a été un peu sousévalué à cet égard. Il s’agit de la série des objets métalliques d’époque archaïque qui ont été recueillis dans le sanctuaire d’Héra à Pérachora. Le site se trouve sur la côte méridionale du promontoire qui se dresse à l’est du golfe de Corinthe. C’est, avec celui d’Isthmia, l’un des plus importants lieux de culte du territoire de Corinthe. Il est mentionné par plusieurs auteurs antiques et a été exploré de manière systématique de 1930 à 1933 par une équipe dirigée par Humfry Payne1. Il a livré de très nombreuses offrandes, parmi lesquelles une riche série d’objets métalliques qui, dans leur très grande majorité, datent des VIIe-Ve siècles avant J.C. Ils proviennent de deux secteurs du site. Les plus anciens ont été mis au jour dans la zone du temple d’époque géométrique d’Héra Akraia, dans le port antique2. Ce sont avant tout des épingles, auxquelles s’ajoutent de rares fibules et d’autres parures en bronze et en or, ainsi que quelques armes, antérieures au milieu du VIIIe siècle avant J.-C. Les offrandes les plus nombreuses proviennent de la terrasse supérieure, qui domine le port à l’est3. Certaines d’entre elles ont été trouvées dans les couches superposées qui se sont déposées entre le milieu du VIIIe et le Ve siècle avant J.C. autour du bâtiment principal, dans lequel on reconnaît maintenant une salle de PAYNE 1940; DUNBABIN 1962. Voir plus récemment TOMLINSON 1992 et MORGAN 1994, 129-135, avec la bibliographie précédente. Voir aussi NOVARO-LEFÈVRE 2000. 2 PAYNE 1940, 27-77, en particulier 69-75. 3 PAYNE 1940, 116-118 et 123-190. 1 19 Stéphane Verger banquet4. La majorité provient surtout du comblement d’un bassin artificiel qui se trouve en contrebas de cette terrasse, à l’ouest5. Il a probablement été creusé au VIIIe siècle avant J.-C. et s’est rempli progressivement jusqu’au Ve siècle avant J.-C. Il contenait des fragments d’objets qui avaient peut-être glissé le long de la pente, mais surtout une grande quantité d’offrandes volontairement jetées à cet endroit, comme une série de quelque 200 phiales et plusieurs autres vases de bronze, utilisés probablement pour les libations ou pendant les banquets6. Les objets métalliques grecs de la terrasse supérieure sont beaucoup plus variés que ceux des couches géométriques autour du temple. À côté des épingles, on trouve de très nombreuses fibules, une certaine quantité de parures (bracelets, bagues, boucles d’oreilles, diadèmes et pendeloques) et quelques objets de toilette (miroirs et strigiles). Les armes semblent relativement peu nombreuses (quelques épées en fer, des pointes de flèches et des ornements de boucliers en tôle de bronze). S’y ajoute une riche série de vases métalliques des VIIe et VIe siècles avant J.-C. Les grands récipients sont rares et mal conservés. En dehors des phiales trouvées dans le bassin, on reconnaît surtout des vases du service (olpès et œnochoès) et de la consommation du vin (des kotylai notamment) ainsi que des bassins. À côté des très nombreux objets fabriqués à Corinthe ou, plus généralement, en Grèce (notamment en Grèce de l’Est, d’où provient une série de fibules de modèle phrygien), les terrasses supérieures du sanctuaire d’Héra contenaient un nombre important d’objets non grecs, qui ont été repérés par Thomas J. Dunbabin, puis recensés plus systématiquement, notamment par Imma Kilian Dirlmeier en 19857. L’inventaire que cette chercheuse en proposait alors montrait clairement que, si le rayonnement du sanctuaire corinthien au VIIe siècle n’atteignait pas celui de l’Héraion de Samos, il pouvait être comparé en revanche à celui des grands sites de Delphes et d’Olympie et dépassait très largement celui que révélait le sanctuaire de Pherai, qui était presque exclusivement tourné vers la Grèce nu nord et les Balkans. L’enquête fondamentale d’Imma Kilian Dirlmeier présente maintenant, pour ce qui concerne le sanctuaire de Pérachora, deux limitations. La première est d’ordre chronologique. L’auteur avait pour but de préciser l’impact du développement des réseaux de contacts maritimes à longue distance au début de l’époque orientalisante (“vom 8. zum Beginn des 7. Jahrhunderts v. Chr”), ce qui se justifiait dans le cadre des recherches qui étaient alors menées sur l’évolution des pratiques votives grecques entre le début de la période géométrique et l’époque orientalisante, mais qui ne convient pas pour l’enquête présente, qui porte aussi et surtout sur une phase plus récente, la seconde moitié du VIIe et les deux premiers tiers du VIe siècles avant J.-C. Si l’on regarde plus en détail les listes d’Imma Kilian Dirlmeier, on s’aperçoit d’ailleurs que certains des objets pris en compte sont sans doute plus récents que la limite basse qui avait été fixée. La deuxième limitation est d’ordre 4 5 6 7 20 Depuis TOMLINSON 1977, repris dans TOMLINSON 1992. PAYNE 1940, 119-122 et 148-156. TOMLINSON 1992, 334-335. KILIAN-DIRLMEIER 1985, 228-230, Fig. 12, et 245-246. Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora géographique. D’un point de vue général, le monde des offrandes lointaines tel que le restituait Imma Kilian Dirlmeier à partir des quatre grands sanctuaires de Pherai, Pérachora, Olympie et Samos, était un monde essentiellement oriental, centré sur la Mer Egée, s’étendant au nord jusqu’au domaine des Scythes, au sud jusqu’à l’Égypte, à l’est jusqu’à la Perse occidentale et à l’ouest jusqu’à l’Italie. Le bassin occidental de la Méditerranée en restait à l’écart, si l’on excepte les quelques peignes de Samos produits par un atelier orientalisant du sud de la péninsule ibérique8. Or, il est possible d’identifier à Pérachora d’assez nombreux objets originaires de diverses régions de la Méditerranée nord-occidentale et datant de la fin du VIIe et de la première moitié du VIe siècle avant J.-C. Les offrandes étrangères des terrasses supérieures mettent en fait en évidence la position centrale qu’occupe le sanctuaire de Pérachora dans les navigations méditerranéennes du VIIe et de la première moitié du VIe siècle. Si l’on excepte la très abondante série de scarabées, dont la présence est sans doute à mettre au compte d’une pratique votive spécifique plutôt qu’à celui du développement de relations très privilégiées avec la Méditerranée orientale, les proportions d’objets orientaux, septentrionaux et occidentaux sont assez comparables. Cet équilibre relatif rappelle celui qui a été observé par exemple, à Corinthe même, dans la série céramique provenant du Trader’s Complex, à la fin du VIIe et au début du VIe siècle avant J.-C.9 Un examen plus attentif de la série révèle l’existence de deux groupes chronologiquement distincts. Le premier concerne la fin du VIIIe et les deux premiers tiers du VIIe siècle avant J.-C.; le deuxième la fin du VIIe et les deux premiers tiers du VIe siècle. La phase ancienne: la Méditerranée orientale et l’Italie tyrrhénienne La série des objets non grecs de la phase ancienne comprend un petit groupe de vases, les uns d’origine orientale, les autres de l’Étrurie tyrrhénienne, ainsi que quelques fibules qui, elles aussi, montrent la même association caractéristique de types orientaux et d’exemplaires essentiellement tyrrhéniens. La composante orientale ancienne Parmi les premiers, on peut ranger une des nombreuses phiales mises au jour dans le sanctuaire. Elle présente un ombilic entouré de côtes concentriques moulées et un bord légèrement épaissi10 (Fig. 1, 1). Il s’agit d’un modèle typiquement phrygien dont les grands tumulus de Gordion ont livré de nombreux exemplaires11 8 9 10 11 FREYER-SCHAUENBURG 1966. KAUFMAN WILLIAMS 1974, 14-33; MAC INTOSH 1974. PAYNE 1940, pl. 55, 4 et pl. 135, 5. YOUNG 1981, 15-16, pl. 9, F-G et pl. 10, A-H (tumulus P, n. 15-27); 143-145, Fig. 91, E- 21 Stéphane Verger provenant de contextes bien datés de la seconde moitié du VIIIe siècle avant J.-C. Il n’est pas impossible qu’un fragment de disque à côtes et cannelures périphériques12 (Fig. 1, 2) provienne également d’une phiale d’un type semblable au précédent, mais avec l’intérieur de la vasque entièrement décoré de cannelures13. Ce type de phiale phrygienne est attesté par ailleurs dans le Sud de la Turquie, dans les tumulus d’Elmalı en Lycie, ainsi qu’en Crète, dans la grande nécropole d’Eleutherna14, dans des contextes du début du VIIe siècle avant J.-C. Cette répartition pourrait indiquer la voie que suivent les produits phrygiens pour atteindre la Méditerranée centrale. On doit sans doute reconnaître une autre phiale de modèle ou de fabrication phrygienne dans l’exemplaire à vasque lisse, lèvre épaissie et petit ombilic central conique15 (Fig. 1, 3). Le meilleur parallèle se trouve en effet dans le tumulus W de Gordion: la phiale W1716 a exactement les mêmes caractéristiques que celle de Pérachora. Elle se place au début de la série des phiales phrygiennes de Gordion, si l’on en croit la chronologie relative des tertres établie par R.S. Young, selon laquelle le tumulus W est le plus ancien. Une autre phiale de modèle oriental est ornée de gros godrons qui forment une rosace complexe en relief sur l’ensemble de la vasque17 (Fig. 1, 4). Le bord est très évasé. Il s’agit d’un type pour lequel on peut trouver des parallèles en Phrygie, dans les tumulus de Gordion18, mais surtout en Assyrie. C’est sans doute plutôt de cette région que provient l’exemplaire de Pérachora. Une phiale très finement godronnée (Fig. 1, 5) appartient à une série dont l’origine est à chercher aussi en Assyrie, mais qui a été largement imitée en Méditerranée orientale et jusqu’en Italie centrale tyrrhénienne. On considère généralement que l’exemplaire de Pérachora est un produit original du Moyen Orient19. On peut ajouter à ces vases un petit groupe de coupes en calotte à lèvre épaissie dans lesquelles on peut reconnaître soit des productions de la Méditerranée orientale – de Chypre notamment – soit des imitations grecques ou occidentales. Plusieurs variantes peuvent être distinguées: basse “à vasque lenticulaire” (Fig. 1, 6) (type 1a de Laurence Mercuri20); hémisphérique ouverte H, pl. 72, A-E (tumulus MM, n. 130-145); 205, Fig. 123, pl. 90, A-C (tumulus W, n. 12). Voir aussi TOKER 1992, n. 59-60, 82-83. 12 PAYNE 1940, pl. 64, 4. 13 Y OUNG 1981, 15, pl. 9, D-E (tumulus P, n. 12); 141-143, Fig. 91, A-D, pl. 71 (tumulus MM, nn. 124-130). 14 STAMPOLIDIS, KARETSOU 2001, 94, n. 292; STAMPOLIDIS 2002. 15 PAYNE 1940, pl. 55, 1. 16 YOUNG 1981, 206, Fig. 124, pl. 90, E. 17 PAYNE 1940, 154, pl. 56, 3-4. 18 YOUNG 1981, 14-15, Fig. 8, pl. 9, A-C (tumulus P, n. 11); 204-205, Fig. 121-122, pl. 89, F (tumulus W, n. 10). 19 PAYNE 1940, pl. 56, 2: voir HOWES SMITH 1984, 79, 105 et 108, 3a et b; SCIACCA 2005, 79, Pe1, Fig. 104 et 294-295. 20 PAYNE 1940, pl. 62, 3; MERCURI 2004, 147-154, Fig. 43. 22 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora Fig. 1. Sanctuaire d’Héra à Pérachora, objets orientaux de la phase ancienne: 1. Phiale de type phrygien à ombilic entouré de filets en relief; 2. Fragment de phiale de type phrygien à ombilic entouré de filets en relief; 3. Phiale de type phrygien à petit ombilic conique; 4. Phiale orientale à godrons formant une rosace; 5. Phiale orientale à godrons fins; 6-10. Coupes en calotte; 11. Fibule phrygienne. D’après PAYNE 1940. à paroi évasée dans la partie supérieure (Fig. 1, 7) (type 2a21); en demi-sphère (type 2b22; Fig. 1, 8); à paroi rectiligne et fond aplati ou plat (type 423). Dans ce dernier cas, il s’agit d’un côté d’une coupe24 (Fig. 1, 9) et de l’autre un large bassin à lèvre épaissie vers l’extérieur (Fig. 1, 10), qui pourrait faire partie d’une série plus récente25. La datation et l’origine de ces vases, qui ont une forme très simple et qui ont donc pu être assez aisément imités, sont difficiles à établir en 21 PAYNE 1940, pl. 62, 8; MERCURI 2004, 155-158, Fig. 45. PAYNE 1940, pl. 62, 6; MERCURI 2004, 158-161, Fig. 46. 23 PAYNE 1940, pl. 55, 2-3; MERCURI 2004, 171, Fig. 48. 24 PAYNE 1940, pl. 55, 2. Très semblable par exemple à une coupe mise au jour dans la couche 5 du sanctuaire de Bitalemi à Géla: VERGER c.d.s., Fig. 19, 5. 25 P AYNE 1940, pl. 55, 3. On en trouve toutefois des parallèles exacts à Cirò Superiore en Calabre, dans un contexte mal daté (MERCURI 2004, 168, n. 4, Fig. 48, 3) mais aussi dans la tombe du Guerrier de Tarquinia, datée vers 700 avant J.-C. (KILIAN 1977, 34, n. 49, Fig. 13, 1). 22 23 Stéphane Verger l’absence de contexte précis26. Certaines séries (comme celle du type 2a) apparaissent dès les Xe-IXe siècles à Chypre et en Méditerranée orientale et sont attestées dès cette époque en Italie du sud (à Torre Galli en Calabre); d’autres (comme celle du type 3) persistent jusqu’à la seconde moitié du VIIe voire à la première moitié du VIe siècle, comme le montrent les exemplaires de Bitalemi et de Cerveteri (Camera degli Alari de la tombe des Dolii dans le tumulus II de la Banditaccia, vers 630 avant J.-C.). Pour la phase ancienne, les fibules orientales sont représentées par une série d’exemplaires qui viennent pour la plupart de cités de Grèce de l’est27, mais aussi par une fibule de construction plus complexe de fabrication probablement phrygienne28 (Fig. 1, 11). L’objet date du VIIIe ou de la première moitié du VIIe siècle avant J.-C. Les productions tyrrhéniennes anciennes Les productions occidentales pourraient être représentées par une phiale godronnée29 (Fig. 2, 1) qui entre dans les variantes occidentales de la série précédente, bien connues dans toute l’Italie centrale tyrrhénienne à la fin du VIIIe et dans la première moitié du VIIe siècle avant J.-C. Ferdinando Sciacca doute toutefois de son origine italique et propose plutôt d’y voir une variante régionale, grecque, d’un type oriental plus largement imité par ailleurs en Italie centrale tyrrhénienne30. La vaisselle étrusque du début de l’époque orientalisante comprend aussi un objet plus exceptionnel en Grèce. Il s’agit d’une grande tige courbée et munie de rivets à grosse tête sphérique à une extrémité31 (Fig. 2, 2) qui peut être identifiée comme un pied de support de vase cylindrique en tôle de fabrication vulcienne de la première moitié du VIIe siècle32. Un trépied muni de pieds semblables provient ainsi de la riche tombe du char de Vulci, qui date de la première moitié du VIIe siècle33. En Grèce, deux pieds appartenant probablement à un seul objet de même type, l’un entier et déformé, l’autre fragmentaire, ont été mis au jour dans le sanctuaire du Ptoion près de Thèbes34. Ces types de vaisselles étrusques sont caractéristiques des tombes les plus riches de d’Etrurie tyrrhénienne dans la première moitié du VIIe siècle. Elles s’insèrent dans le petit groupe de pièces exceptionnelles originaires de cette 26 Pour la discussion de cette question et pour la bibliographie précédente, voir MERCURI 2004, 188-192. 27 PAYNE 1940, 171, pl. 73, 21-26, 28-29, 31-32. 28 PAYNE 1940, 171, pl. 73, 30. 29 PAYNE 1940, 154, pl. 56, 1. 30 SCIACCA 2005, 79, Pe2, et 295, Fig. 105. 31 PAYNE 1940, 164, pl. 69, 5. 32 Sur ce type, voir JURGEIT 1999, 258-259, pl. 124-125, n. 414-415. 33 SGUBINI MORETTI 1997, 144, Fig. 8. 34 Les deux objets sont connus par une photographie conservée dans les archives de l’École française d’Athènes. DUCAT 1971, 431, pl. 101, n. 285 et pl. 102, n. 286. 24 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora Fig. 2. Sanctuaire d’Héra à Pérachora, objets occidentaux de la phase ancienne: 1. Phiale godronnée de fabrication grecque ou italique; 2. pied de trépied vulcien; 3. Fermoir d’origine incertaine, peut-être tyrrhénienne; 4. Fibule serpentiforme en argent; 5. Fibule serpentiforme en bronze; 6-7. fibules a sanguisuga en bronze; 8-9. Fibules à arc filiforme revêtu d’os et d’ambre. D’après PAYNE 1940 et DUNBABIN 1962. région et datées de la fin du VIIIe et de la première moitié du VIIe siècle provenant des grands sanctuaires de la Grèce. Cette série se distingue assez clairement du groupe d’objets villanoviens, qui sont des armes offensives (épées et peut-être lances) et défensives (casques) datant du IXe et des deux premiers tiers du VIIIe siècle35. Une série de fragments de boucliers circulaires étrusque de la seconde moitié du VIIIe ou de la première moitié du VIIe siècle fait la jonction entre les deux phases36. On les trouve à Dodone, Delphes, Olympie et Samos. Les objets importants du début de l’époque orientalisante sont plus variés. Mentionnons ainsi, parmi les cas bien connus, un fragment de feuille d’argent décorée par estampage et un petit chaudron sur pied à anses figurées d’Olympie37 et des fragments de vaisselles décorés de végétaux et d’animaux de Samos. Alessandro Naso a proposé de reconnaître dans deux restes de tôle 35 36 37 VON HASE 1997, 293-323; NASO 2006, 331-334. NASO 2006, 335-336, Fig. 7-8. NASO 2006, 340-341, Fig. 10-11. 25 Stéphane Verger d’Olympie, antérieurement considérés comme des fragments de boucliers, les restes du revêtement métallique d’un trône étrusque du VIIe siècle38. Il les a mis en relation, de manière très suggestive, avec le renseignement fourni par Pausanias (V, 12, 5) selon lequel se trouvait dans le temple d’Olympie le trône d’Arimnestos, roi des Tyrrhéniens, qui fut le premier des Barbares à faire une offrande au sanctuaire. Il faut toutefois rester prudent pour certains de ces fragments, car l’attribution à des boucliers ovales ou bien circulaires de très grande taille n’est pas entièrement exclue39. Il faut ajouter à ce petit groupe des objets “princiers” orientalisants d’Étrurie dans les sanctuaires grecs une pièce en bronze mise au jour dans le sanctuaire de Delphes40, dans laquelle on peut reconnaître un renfort arrière de plancher de caisse de char étrusque de la première moitié du VIIe siècle41. Ce type de pièce est attesté sur les véhicules du tumulus des Chars de Populonia42, de la tombe 8 (LXI) de la nécropole de la Contrada Morgi à Narce43 et de la tombe Regolini Galassi de Cerveteri44. Une variante pourvue d’une décoration zoomorphe ornait le char de la tombe Bernardini de Palestrina45. La forme de l’objet se retrouve également sur la pièce de bois qui formait un des angles postérieurs du plancher de la caisse du currus de la tombe du Char de Vulci46. Tous ces véhicules peuvent être attribués à la première moitié du VIIe siècle. A Pérachora même, deux autres pièces pourraient être attribuées, sans certitude absolue, aux productions d’Etrurie centrale tyrrhénienne de la fin du VIIIe ou de la première moitié du VIIe siècle. La première est un fermoir de ceinture ou un élément de harnachement présentant une tige terminée par deux sphères aplaties et une boucle centrale ovale, reliées par une partie ajourée en forme d’animal fantastique dressé sur ses pattes postérieures47 (Fig. 2, 3). La pièce a été supposée d’origine orientale et comparée avec des productions de l’Ourartou. Mais les parallèles sont approximatifs. Aucune comparaison précise n’a d’ailleurs pu être trouvée non plus en Italie. Cependant, la forme générale de la pièce, la morphologie de l’anneau central et la disposition de l’animal, qui rappelle certaines compositions étrusques de la première moitié du VIIe siècle, comme celles qui ornent la poignée en bronze revêtue d’argent n° 34 de la tombe Barberini de Palestrina48 ou les plaques en bronze à décor zoomorphe de la tombe 38 NASO 2000, 160, Fig. 80-81; NASO 2006, 335-336, Fig. 7-8. VERGER 2011, 181, Fig. 21, 2. 40 VERGER 2011, 195, n. 139, Fig. 33. 41 EMILIOZZI 1997b, 100. 42 EMILIOZZI 1997a, 172, Fig. 12, pl. 6 et pl. 7, 2-3. 43 EMILIOZZI 1997a, 330, n. 203; EMILIOZZI 1997b, 98, Fig. 3. 44 E MILIOZZI 1997b, 100, n. 16; 1997a, 334, n. 257 mentionne aussi un exemplaire sans provenance de la collection Hunt. 45 CANCIANI, VON HASE 1979, 57, n. 69, pl. 49-50, 1; EMILIOZZI 1997b, 100, Fig. 5. 46 EMILIOZZI 1997a, 146-147, Fig. 16 et 18, pl. 5, 1. 47 PAYNE 1940, pl. 42, 5. 48 CANCIANI, VON HASE 1979, 43-44, pl. 21 et 22, 2-3. 39 26 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora Regolini Galassi de Cerveteri49, engagent à y voir plutôt une production d’Italie centrale tyrrhénienne de l’orientalisant ancien ou moyen. Cela pourrait être confirmé par le rapprochement que l’on peut faire entre le fermoir de Pérachora et un fermoir à double plaque ajourée de la tombe Bernardini de Palestrina, dans lequel chaque élément est orné d’un personnage50. Parmi les fibules italiques de Pérachora, on peut placer dans le même groupe des objets précieux de l’Orientalisant un exemplaire serpentiforme en argent à appendices latéraux ornés de perles51 (Fig. 2, 4), qui appartient à une variante rare et précieuse que l’on rencontre uniquement dans des ensembles funéraires très riches de la côte tyrrhénienne. D’autres fibules de cette époque sont plus communes: un autre exemplaire serpentiforme à appendices latéraux simples en bronze, fragmentaire52 (Fig. 2, 5), des fibules a sanguisuga à arc épais et long porte-ardillon53 (Fig. 2, 6-7) et plusieurs fibules à arc filiforme revêtu de pièces d’ambre et d’os ou d’ivoire54 (Fig. 2, 8-9), qui sont encore bien représentées dans différentes régions d’Italie et de Sicile dans la seconde moitié du VIIe siècle. A la fin du VIIIe et dans la première moitié du VIIe siècle, le sanctuaire de Pérachora reçoit des objets précieux de deux zones à la périphérie du monde grec: la Phrygie d’un côté, peut-être par l’intermédiaire d’une voie de contacts méridionale qui passe par le Sud de l’Anatolie et la Crète; l’Étrurie tyrrhénienne de l’autre, où se développe à cette époque un milieu aristocratique très réceptif et susceptible d’envoyer des offrandes aux grands sanctuaires de la Grèce. Dans le cas de Pérachora, le caractère spécifiquement tyrrhénien de certains des objets semble exclure une provenance adriatique des plus anciens objets étrusques mis au jour dans le sanctuaire. La phase récente: réseaux adriatiques, contacts balkaniques et relations à très longues distances La seconde phase couvre le dernier tiers du VIIe et les deux premiers tiers du VIe siècle avant J.-C. Les objets non grecs sont beaucoup plus nombreux. C’est alors qu’apparaissent des éléments originaires de diverses zones des Balkans et des objets produits ou transmis par les populations de l’Italie adriatique et ionienne. Il est difficile de ne pas mettre en relation cette transformation de la 49 PARETI 1947, pl. 32, n. 238-1. CANCIANI, VON HASE 1979, 55, n. 64, pl. 45, 1-2. 51 PAYNE 1940, 186, pl. 84, 18. 52 P AYNE 1940, 183, pl. 83, 9. Sur ce type, voir C ALIÒ 2000, 170 avec bibliographie précédente. Il est diffusé en Etrurie tyrrhénienne côtière, dans le pays falisque, dans le Latium et en Campanie, dans la seconde moitié du VIIIe et la première moitié du VIIe siècle. Des exemplaires sont par ailleurs connus à Adrano, Francavilla Marittima, l’Incoronata, Forraxi Nioi (Nuoro), Winzenburg. 53 PAYNE 1940, 170-171, pl. 72, 10. 54 DUNBABIN 1962, 439-441, pl. 187, n. A239, A241, A243, A248-258, A261 et A264. 50 27 Stéphane Verger structure des contacts dans le sanctuaire corinthien avec la fondation des colonies de la côte ionienne d’un côté et de celle Potidée en Chalcidique de l’autre. Les objets italiques: un tropisme adriatique Le premier ensemble d’objets est composé de vases fabriqués en Italie de la fin du VIIe à la seconde moitié du VIe siècle. On peut attribuer à ce groupe un grand bassin à large bord horizontal orné de trois tresses55 (Fig. 3, 1), qui appartient à un groupe morphologiquement hétéroclite. On en trouve dans des contextes funéraires datés de tout le VIe siècle, surtout en Italie centrale interne et adriatique, ainsi qu’en Italie méridionale, comme l’ont montré les différentes cartes de répartition élaborées dans les deux dernières décennies56 (Fig. 8). On reconnaît aussi une anse d’olpè ou d’oenochoè57 (Fig. 3, 2). Elle est rubanée, avec une attache d’anse inférieure circulaire, et est munie de pattes de fixation latérales dans la partie supérieure. L’objet est à mettre en relation avec une petite série de cruches étrusques des décennies centrales du VIe siècle dont on attribue la production à l’Étrurie interne, plus précisément aux ateliers d’Orvieto58. L’anse de Pérachora peut être rapprochée plus particulièrement de l’exemplaire conservé au musée de Toronto et avec la cruche d’Albate59. Toutefois, elle est de taille relativement réduite et s’adapterait sans doute mieux à une olpè. Il existe d’ailleurs un petit groupe de cruchons apparentés aux grandes cruches du type de celle d’Albate, qui proviennent probablement d’un groupe d’ateliers dépassant les limites de l’Etrurie interne, dont certains devaient être installés à Cerveteri60. Un corps fragmentaire de cruche, dont le col présente un filet à mi-hauteur (Fig. 3, 3), pourrait être apparenté au groupe des oenochoès “rhodiennes”61. Le pied et l’anse ne sont pas conservés, ce qui empêche d’attribuer le vase à un des types définis par Brian B. Shefton. La production de cette série couvre le dernier quart du VIIe et la première moitié du VIe siècle. Elle a probablement lieu en Etrurie, mais il est difficile de préciser dans quelles villes. Les oenochoès rhodiennes sont largement diffusées en Italie, jusque sur la côte adriatique et la côte ionienne. Il faut enfin ajouter à ce groupe les fragments d’au moins deux bassins à bord perlé à paroi à peu près verticale (Fig. 3, 4) dont il est difficile de restituer la forme exacte, mais qui devaient appartenir à un type de grande taille (OsovoPürgen et Syracuse-Vulci de Dirk Krauβe)62. 55 PAYNE 1940, 159, pl. 62, 1-2. KRAUßE 1996, 285, Fig. 204 et 432-435; EGG 1996, 91-92, Fig. 52-53; ADAM 2003, 150156, Fig. 115. 57 PAYNE 1940, 163, pl. 68, 17-18. 58 Sur ce type de cruches, voir entre autres: M. M ARTELLI dans Prospettiva 4, 1976, 44 s.; CAMPOREALE 1976; COLONNA 1980; WEBER 1983, 164 s. 59 DE MARINIS 1988, Fig. 28, n. 164, avec bibliographie à la note 93. 60 NASO 2003, 58, n. 90. 61 PAYNE 1940, 158, pl. 61, 8. 62 PAYNE 1940, 160, Fig. 23, pl. 63, 10; KRAUßE 1996, 252-260, Fig. 181-186. 56 28 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora Fig. 3. Sanctuaire d’Héra à Pérachora, objets étrusques et italiques de la phase récente: 1. Bassin à large bord orné de tresses; 2. Anse d’olpè; 3. Fragment de cruche; 4. Fragment de bassin à bord perlé; 5. Fibule de type “pré-Certosa”; 6-9. Fibules à deux appendices latéraux sur l’arc; 10-14. Fibules à arc simple épaissi; 15. Élément de mors de cheval. D’après PAYNE 1940. Le groupe de vases étrusques du VIe siècle présente ainsi une certaine homogénéité. Il est constitué de récipients sans doute fabriqués en Etrurie interne (olpè à anse en ruban, bassin à large bord orné de tresses) et de vases dont le lieu de production n’est pas connu avec précision, mais dont la diffusion est assez semblable à celle des précédents, c’est-à-dire l’Italie centrale intérieure et adriatique et l’Italie du sud-est. Entre la première moitié du VIIe siècle d’un côté et la fin du VIIe et la première moitié du VIe siècle de l’autre, on note un changement dans l’origine précise des objets étrusques déposés dans le sanctuaire de Pérachora. Dans la première phase, il s’agit de productions essentiellement tyrrhéniennes, venant sans doute plus précisément d’Étrurie méridionale. Dans la seconde phase, ce sont des vases dont la diffusion s’effectue plutôt par l’intermédiaire de l’Italie centrale adriatique. Pour ce qui concerne les fibules, de la même manière, on observe un changement dans l’approvisionnement vers la fin du VIIe siècle. Les types attestés à partir de cette époque, jusqu’au milieu du VIe siècle, sont pour l’essentiel originaires des régions centrales de l’Adriatique, particulièrement fréquents dans le Picénum et caractéristiques de la phase IVA de la culture picénienne. Ces modèles sont diffusés de manière assez massive vers l’Italie du sud (la Basilicate 29 Stéphane Verger et la Campanie en particulier) et jusqu’en Sicile orientale et centrale. Elles figurent en grand nombre dans le dépôt votif archaïque de Satricum dans le Latium. On trouve ainsi à Pérachora une fibule qualifiée de “pré-Certosa” (Fig. 3, 5) et des fibules à deux appendices latéraux sur l’arc63 (Fig. 3, 6-9). Il faut peutêtre y ajouter les fibules à arc simple (Fig. 3, 10-14), parfois difficiles à dater sans un examen direct, et celles à arc filiforme à revêtement d’os et d’ambre à arc anguleux64 (Fig. 2, 8-9), dont la diffusion s’étend de la Sicile orientale aux Marches, en passant par les grandes nécropoles de la Campanie et de la Basilicate. C’est sans doute aussi de l’Italie centrale adriatique que vient une autre pièce, le petit cylindre à trois rangs de pointes espacées65 (Fig. 3, 15), qui entre dans une série très abondante, mais finalement mal connue, en raison du nombre réduit d’exemplaires provenant de contextes archéologiques fiables. M. Sannibale, qui y voit, après d’autres auteurs, des éléments de mors de chevaux, a proposé une typologie de ces pièces, dont la fabrication doit commencer au cours du VIe siècle avant J.-C.66. Pérachora, l’aire adriatique centrale et la Basilicate indigène A la fin du VIIe et dans la première moitié du VIe siècle, les vaisselles métalliques et les fibules étrangères réunies à Pérachora dessinent une aire de contacts privilégiés centrée sur l’Adriatique centrale. Cette image est confirmée par la répartition de certains types d’objets de fabrication grecque présents parmi les offrandes mises au jour dans le sanctuaire. Le cas le plus caractéristique est sans doute celui des phiales ornées d’une frise rayonnante de protomés de griffons, dont Humfry Payne figure plusieurs exemplaires67 (Fig. 4, 1-3). Le type est attesté dans le sanctuaire d’Olympie68, dans la tombe 76 de la nécropole indigène de Chiaromonte – Sotto la Croce en Basilicate69 (Fig. 4, 4), qui est datée vers le milieu du VIe siècle avant J.-C., et dans les nécropoles de Brancoviçi et Potpecine70 en Illyrie (Fig. 4, 5-6). Dans cette région, les tombes les plus riches du VIe siècle ont livré d’autres vases de types relativement rares, mais présents dans le sanctuaire de Pérachora. C’est le cas de la cruche à panse sphérique de la tombe 1 du tumulus II d’Ilijak71 ou de la lotus phiale de la tombe 1 du tumulus II d’Osovo72. La répartition 63 PAYNE 1940, 171, pl. 73, 5, 7-8 et 11. DUNBABIN 1962, 439-441, pl. 187, n. A240. 65 PAYNE 1940, pl. 82, 24. 66 SANNIBALE 1998, 276, n. 491 (type 4BA). 67 PAYNE 1940, pl. 51, 1 à 3. 68 FURTWÄNGLER 1890, pl. 52, 883. 69 Greci, Enotri e Lucani 1996, 86, n. 2.10.45. 70 Brankoviçi, tumulus V de 1896, tombe 1: L UCENTINI 1981, 109, Fig. 8, 17 et pl. II, 28; ČOVIć 1983, 149, pl. 33, 13; Potpecine: ČOVIć 1983, 149-150, pl. 33, 14-16. Collection Tyskiewicz: FROEHNER 1898, pl. 15. 71 ČOVIć 1983, 148, pl. 32, 1. Pour les parallèles à Pérachora: PAYNE 1940, pl. 58, 3-4. 72 ČOVIć 1983, 149, pl. 32, 9. Pour les parallèles à Pérachora: PAYNE 1940, pl. 52, 1-2, et 53. 64 30 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora Fig. 4. Les phiales en bronze ornées d’une frise de protomès de griffons au repoussé: 1-3. Sanctuaire de Pérachora (d’après Payne 1940); 4. Chiaromonte, Sotto la Croce, tombe 76 (d’après Greci, Enotri e Lucani 1996); 5. Brancoviçi (d’après ČOVIć 1983); 6. Potpecine (d’après ČOVIć 1983). des attaches d’anse annulaire de chaudron ornées d’une tige terminée par une palmette, dont plusieurs exemplaires sont présents à Pérachora73, indique aussi une diffusion préférentielle vers les Balkans occidentaux dès le VIe siècle74. Il faut noter que les mêmes contextes ont aussi livré des bassins à bord perlé de type Osovo ainsi que des phiales godronnées des mêmes variantes que celles de Pérachora. Il est aussi frappant de constater qu’il existe de nombreuses similitudes entre les offrandes du sanctuaire de Pérachora et les plus riches des sépultures indigènes de la Basilicate pour ce qui concerne la vaisselle métallique et les fibules 73 74 PAYNE 1940, pl. 67, 12, 14-15. ČOVIć 1983, pl. 36, 28. 31 Stéphane Verger de la fin du VIIe et du début du VIe siècle avant J.-C.75. Les ensembles funéraires italiens contiennent des vases métalliques de formes rares qui sont toutefois bien attestés dans le sanctuaire corinthien, comme les phiales à omphalos ornées de protomés de griffons obtenues au repoussé, mais aussi les kotylai en bronze à petit pied conique76, ainsi que les mêmes types de bassins à bord perlé et de cruches “rhodiennes”. La gamme des fibules italiques est identique: fibules à arc épaissi muni de deux appendices latéraux, à arc anguleux revêtu d’ambre et d’os, à porteardillon à bouton relevé (le type dit “pré-Certosa”). Ce sont là les signes concrets d’un renforcement des liens entre Corinthe et les régions de la côte ionienne de l’Italie d’un côté et de l’Adriatique centrale de l’autre, favorisé par le développement d’Épidamnos et d’Apollonia, les colonies fondées par la cité de l’Isthme et par sa colonie de Corcyre sur la côte des Balkans, à l’entrée de l’Adriatique, dans le dernier tiers du VIIe siècle. Des Balkans centraux à Corinthe par la Macédoine Tous les objets originaires des Balkans ne suivent pas cette voie occidentale jusqu’à Corinthe. L’Héraïon de Pérachora figure en fait parmi les sanctuaires de Grèce ayant livré de nombreux objets originaires des cultures indigènes des Balkans. La série de parures féminines dites macédoniennes y est particulièrement bien représentée. La variété de types et de provenances est peut-être sans équivalent, si ce n’est dans le grand sanctuaire d’Héra à Samos, qui surpasse tous les autres par la richesse de ses offrandes métalliques. La plupart de ces petits objets ont une distribution plus orientale que les séries précédemment examinées, ce qui suggère que leur diffusion se fait plutôt par la vallée du Vardar, les cités de la Chalcidique, comme Potidée, et les côtes occidentales de la Mer Egée. La série spécifiquement macédonienne est bien représentée. On peut y ranger au moins deux pendentifs en forme de cruche biconique77 (Fig. 5, 1-2), parmi lesquels un exemplaire à carène basse et bec allongé78 et un autre à col haut strié, peut-être plus précisément considéré comme une production de Chalcidique79. Le sanctuaire a livré d’autres pendentifs en forme d’oenochoè miniature dont l’origine précise ne peut être déterminée, faute de comparaisons précises80 (Fig. 5, 3-4). En revanche, il faut sans doute attribuer aussi à la Chalcidique un objet annulaire à 75 Par exemple dans la nécropole Sotto la Croce à Chiaromonte: Greci, Enotri e Lucani 1996, 117 et 134-161. 76 T OCCO S CIARELLI 1980, 457-458, pl. X; Greci, Enotri e Lucani 1996, 140, n. 2.9.43; PAYNE 1940, pl. 59. 77 Sur ce type de pendentif, voir KILIAN 1975, 111-113, pl. 93 et KILIAN 1983, 64 et pl. XIII, b. 78 PAYNE 1940, 183, pl. 83, 23; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 222, pl. 79, 1405, carte pl. 103, B, type A. 79 P AYNE 1940, 159, pl. 66, 10; K ILIAN -D IRLMEIER 1979, 226, pl. 81, 1457. Le type est attesté à Potidée et Amphipolis. 80 PAYNE 1940, pl. 85, 33; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 227-228, pl. 81, 1467; PAYNE 1940, pl. 85, 3; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 219, pl. 78, 1376. 32 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora Fig. 5. Sanctuaire d’Héra à Pérachora, objets de la Macédoine et des Balkans de la phase récente: 1-4. Pendentifs en forme de cruches miniatures; 5. Perle biconique à décor d’ocelles; 6-7. Pendentifs en forme d’oiseaux; 8. Fibule de type illyrien; 9. Bouton hémisphérique à fentes rayonnantes; 10. Revêtement de ceinture ajouré; 11-15. Pendentifs d’origine incertaine. D’après PAYNE 1940. décor d’ocelles81 (Fig. 5, 5) que l’on peut identifier comme une perle biconique courte du type E de Jan Bouzek, identique à plusieurs exemplaires d’Axiokastron82 et de Potidée83. Les objets “macédoniens” les plus connus de Pérachora sont deux pendentifs en forme d’oiseau. La provenance du plus grand d’entre eux84 (Fig. 5, 6), qui a donné son nom au type de Pérachora, a longtemps fait l’objet d’une discussion85. La plupart des auteurs considèrent qu’il a été fabriqué à Corinthe au VIIIe siècle et qu’il appartient à un groupe d’objets qui ont servi de modèle aux autres types de pendentifs ornithomorphes qui se sont développés, notamment en Macédoine, à la fin du VIIIe et au VIIe siècle avant J.-C. Les rares autres exemplaires connus de ce type sont de provenance incertaine. Deux ont peut-être été trouvés à Olynthe en Macédoine86, mais les informations sur leur découverte sont trop imprécises pour que l’on puisse tenir compte de cette information. Un exemplaire conservé au Musée de Genève provient sans doute d’une nécropole de la Macédoine87. Une 81 82 83 84 85 86 87 PAYNE 1940, 182, pl. 66, 12. BOUZEK 1974, 109, Fig. 31, 11-13; BOUZEK 1987, 94, Fig. 8, 2. KILIAN 1975, pl. 32, 12. PAYNE 1940, 126, pl. 37, 3. Voir KILIAN-DIRLMEIER 1979, 129-130, pl. 37, 720. KILIAN-DIRLMEIER 1979, pl. 37, n. 721-722. Voir aussi KOZLOFF 1981, 97, n. 78. ZIMMERMANN 1999, 24, n. 24, Fig. 4, 4. 33 Stéphane Verger variante complexe du même type provient d’une couche d’époque géométrique du sanctuaire de Delphes88. D’autres ont été mis au jour dans les sanctuaires de Lindos à Rhodes et d’Ephèse, ainsi que dans la tombe 660 de Mégara Hyblaea, qui est tardive par rapport à la date présumée de fabrication de la série89. Les arguments en faveur d’une fabrication à Corinthe sont faibles. La présence d’un exemplaire à Pérachora n’est pas déterminante, compte tenu du grand nombre d’objets étrangers qui affluent dans le sanctuaire dès la fin du VIIIe et la première moitié du VIIe siècle. L’argument technique de la fonte en creux n’est pas non plus décisif, dans la mesure où cette technique apparaît au cours du VIIIe siècle dans plusieurs régions de Méditerranée centrale, comme l’Italie centrale tyrrhénienne et sans doute certaines zones des Balkans. Une fabrication macédonienne est donc tout à fait envisageable. Le second oiseau (Fig. 5, 7) est atypique et son origine est donc difficile à déterminer, même si le décor d’ocelles renvoie plutôt aux variantes macédoniennes90. À côté de ces objets originaires de la Chalcidique ou de la Macédoine, le sanctuaire de Pérachora a livré des parures balkaniques plus septentrionales, dont la présence est exceptionnelle dans les sanctuaires grecs. On compte d’abord au moins une fibule qui provient des Balkans centraux (Fig. 5, 8). Elle appartient au type illyrien91 à porte-ardillon en forme de bouclier béotien, d’un type très largement diffusé de la Croatie à la Macédoine. On en trouve en assez grand nombre dans les régions proches des côtes de l’Adriatique, en Croatie et dans le nord de l’Albanie. Des découvertes plus récentes ont montré qu’elles étaient bien attestées aussi jusque dans la vallée du Vardar, où des exemplaires tout à fait semblables à celui de Pérachora ont été mis au jour dans des sépultures datant de la fin du VIIe ou du début du VIe siècle avant J.-C.92. Le type est extrêmement rare dans les sanctuaires grecs et l’on ne peut guère citer que l’exemplaire publié par John Boardman provenant du site d’Emporio à Chios93. Les deux voies d’acheminement – occidentale et orientale – sont donc envisageables pour cette pièce. Le deuxième objet des Balkans centraux est un bouton hémisphérique à fentes rayonnantes muni d’une languette de fixation en ruban simple94 (Fig. 5, 9). Le type est très courant dans les cultures de Glasinac et Mati, en Croatie et dans le nord de l’Albanie. Plus au sud, il est attesté à la fois à l’ouest, sur la côte de la mer Ionienne (à Valanida) et à l’est, jusqu’en Chalcidique. La voie d’acheminement vers la Grèce ne peut donc être précisée. Le type est d’ailleurs attesté dans des sanctuaires de Grèce (Delphes, Égine), de l’est de la mer Egée (Samos, Lindos) et de la Grèce d’Occident (Francavilla Marittima, Sélinonte). 88 KILIAN-DIRLMEIER 1979, 130-131, pl. 38, 723. VERGER 2010, 298-304. 90 PAYNE 1940, 126, pl. 37, 1; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 141-142, pl. 44, n. 789. 91 PAYNE 1940, pl. 73, 18. 92 MITREVSKI 1987, 34-35, Fig. 6, n. 29 (tombe 27 de Dedeli) et n. 31 (tombe 6 de Milci). 93 Sur la distribution géographique du type, voir KILIAN 1975, pl. 83 et KILIAN 1983, pl. XII, b. Pour l’exemplaire de Chios: BOARDMAN 1967, 209, Fig. 138, n. 240. 94 PAYNE 1940, 182, pl. 82, 22; KILIAN 1975, pl. 87, 4. 89 34 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora L’objet le plus rare est la pièce principale, fragmentaire, d’un revêtement ajouré de ceinture caractéristique de la vallée du Danube et du centre des Balkans95 (Fig. 5, 10). Ce type d’ornement n’est pas connu dans les régions proches de l’Adriatique. En revanche, on le trouve en contexte funéraire jusque dans la haute vallée du Vardar, à Vuci Dol96, et peut-être en Chalcidique (Fig. 8), ce qui pourrait suggérer l’itinéraire suivi par l’exemplaire de Corinthe, à partir de la vallée du Danube jusqu’à la colonie corinthienne de Potidée par la vallée du Vardar. C’est un des chemins que l’on peut envisager aussi pour la fibule illyrienne. Le type est présent lui aussi dans la nécropole de Vuci Dol97, comme dans d’autres sites funéraires de la vallée. D’autres petits objets pourraient provenir des régions balkaniques, même s’ils n’entrent précisément dans aucun type connu: un pendentif en forme de clochette (Fig. 5, 11), qui pourrait être une variante d’un type de Chalcidique98; un pendentif sphérique ajouré d’une variante inconnue par ailleurs99 (Fig. 5, 12); un pendentif cylindrique à œillets à la base100 (Fig. 5, 13); un pendentif triangulaire à quatre bélières à la base et une au sommet101 (Fig. 5, 14); des pendentifs à longue tige bouletée102 (Fig. 5, 15). La présence de nombreux objets d’origine balkanique à Pérachora, au nombre desquels certaines parures particulièrement septentrionales et rares dans les sanctuaires grecs, doit sans doute être mise en relation avec la fondation de la colonie corinthienne de Potidée dans la péninsule occidentale de la Chalcidique, vers 627 avant J.-C., selon la datation traditionnelle. La plupart des pièces rencontrées dans le grand sanctuaire de l’Isthme appartiennent à une phase récente de l’Âge du Fer macédonien et balkanique, correspondant probablement à la seconde moitié du VIIe et à la première moitié du VIe siècle avant J.-C. L’itinéraire emprunté par les objets doit suivre la vallée du Vardar jusqu’à la côte occidentale de la Chalcidique, même si, dans certains cas, un itinéraire occidental, tout aussi corinthien, par l’intermédiaire des colonies d’Épidamnos ou d’Apollonia, est également envisageable. Les objets balkaniques retrouvés à Pérachora, à l’exception peutêtre du revêtement de ceinture, qui est de grande taille, ont pu être utilisés comme amulettes par des Grecques, dans la mesure où ce sont de petits objets munis d’une perforation permettant de les suspendre. 95 PAYNE 1940, 182, pl. 82, 27. Voir la carte de répartition dans KILIAN 1975, 108, pl. 84, 1 et KILIAN 1983, pl. XII, a. 96 KILIAN 1975, pl. 55, 6. 97 KILIAN 1975, pl. 54, 9. 98 PAYNE 1940, pl. 83, 21; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 46, pl. 19, n. 287. 99 PAYNE 1940, 183, pl. 83, 14; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 112, pl. 32, n. 618. 100 P AYNE 1940, pl. 82, 23; K ILIAN -D IRLMEIER 1979, 211-212, pl. 73, 1319, sans comparaison probante. 101 PAYNE 1940, 106, pl. 35, 3; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 209, pl. 73, 1306. L’objet pourrait aussi venir d’Italie du sud (voir des pendentifs comparables à Oliveto Citra). 102 PAYNE 1940, 178, pl. 79, 21; 182, pl. 66, 17; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 57-58, pl. 21, n. 353. 35 Stéphane Verger Scarabées de Méditerranée orientale et miroir égyptien Le sanctuaire de Pérachora est fameux pour l’énorme quantité de scarabées égyptisants qu’il a livrée. Comme le rappelle Imma Kilian Dirlmeier, seule la série provenant du sanctuaire d’Athéna à Lindos est comparable103. 241 scarabées en stéatite et en faïence ont été recensés, auxquels il faut ajouter les figurines humaines et animales et les perles en faïence, toutes originaires de Méditerranée orientale104. Comme le suppose Imma Kilian Dirlmeier105, il s’agit vraisemblablement de petits objets importés en Grèce pour être utilisés comme amulettes par les femmes grecques pour leur propre protection ou pour celle de leurs enfants, et offertes par elles dans le principal sanctuaire féminin du territoire de Corinthe. On ne peut pas en dire autant d’un miroir égyptien décoré qui appartient à une série probablement fabriquée dans un atelier de Memphis entre le VIIIe et le VIe siècle avant J.-C., comme l’indiquent, sur certains exemplaires trouvés en Egypte, les noms de pharaons des XXVe et XXVIe dynasties. Les plus récents sont ceux d’Aahmes et Psamtek II. L’exemplaire de Pérachora se classe parmi ces derniers, puisqu’il porte quant à lui le nom d’Amasis. Il présente aussi une invocation à Mut106, ce qui est une indication importante, car cette divinité égyptienne présente toutes les caractéristiques qui sont attribuées par les Grecs à Héra, la déesse titulaire du sanctuaire de Pérachora. Cela pourrait laisser supposer une offrande volontairement adressée à la titulaire du sanctuaire de l’Isthme par quelque fidèle résidant en Égypte. Une série originale de parures gauloises Parmi les objets non identifiés par Thomas J. Dunbabin se trouvent deux embouts coniques en bronze dont le sommet est surmonté d’un disque à section lenticulaire107 (Fig. 6, 1). La surface externe de la douille est légèrement concave. Sa base est munie d’une petite bélière latérale. Elle présente deux perforations carrées opposées au-dessus desquelles a été tracée une série d’incisions circulaires parallèles. Ces pièces ont une hauteur de 6,5 et 7 cm. Il s’agit de deux “talons launaciens” très caractéristiques (Fig. 7, 1), cette forme fréquente dans les dépôts de bronze du Languedoc dans la seconde moitié du VIIe et la première moitié du VIe siècle avant J.-C. On peut en distinguer deux variantes: l’une courte ornée généralement de 13 stries relativement larges, et l’autre plus élancée avec un nombre de stries compris entre 18 et 24. L’exemplaire figuré par Humfry Payne appartient à la variante la plus élancée qui comprend un nombre se stries compris entre 18 et 24. La diffusion de ces objets est très restreinte (Fig. 8): l’Est du département de 103 KILIAN-DIRLMEIER 1985, 228. DUNBABIN 1962, 461-516, pl. 192-193; KILIAN-DIRLMEIER 1985, 245-246. 105 KILIAN-DIRLMEIER 1985, 228-230. 106 PAYNE 1940, 142-143, pl. 46. 107 PAYNE 1940, 182, pl. 68, 1. Sur toute cette série d’objets, voir VERGER 2000. 104 36 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora Fig. 6. Sanctuaire d’Héra à Pérachora, objets de la Gaule et de la Sicile indigène de la phase récente: 1. Talon launacien; 2. Bouton conique à ardillon articulé; 3-5. Bracelets fermés à décor géométrique; 6. Elément de brassard composite à bélière de fixation; 7. Disque ajouré ventral du Jura; 8. Pendentif en rouelle; 9. Bracelet à bossettes; 10. Bracelet “en rond de serviette”; 11. Perle biconique de la Sicile indigène (?). D’après PAYNE 1940. Fig. 7. Exemples d’objets de la France méridionale et centrale appartenant aux types présents à Pérachora. 37 Stéphane Verger Fig. 8. Répartition de quelques types d’objets non grecs présents dans le sanctuaire de Pérachora. Carrés: bassins à large bord orné de tresses; triangles: revêtements de ceintures ajourés des Balkans centraux; losanges: talons launaciens; cercles: disques ajourés ventraux franc-comtois. l’Hérault, l’Aude et le Sud du Tarn. Cette zone couvre l’ensemble de l’aire de répartition des dépôts launaciens et englobe le territoire occupé par le groupe culturel défini par les tombes de faciès Grand Bassin I108. L’enfouissement de tous ces ensembles peut être daté de la seconde moitié du VIIe et de la première moitié du VIe siècle avant J.-C. On en connaît également de rares exemplaires dans des dépôts votifs de la Sicile méridionale, notamment dans la couche 5 du sanctuaire de Bitalemi à Gela, qui a livré plus d’une cinquantaine d’objets en bronze de la même époque originaires de la France du sud et du centre109. Un autre bouton en bronze conique plus petit est très mal conservé, mais on distingue une longue tige de fixation qui doit être articulée sur une barre à l’intérieur de l’objet (Fig. 6, 2). La forme générale et le dispositif de fixation évoque précisément un groupe de boutons coniques de l’Âge du Fer du Languedoc occidental. Ils sont caractéristiques des sépultures féminines des cimetières du 108 109 38 NICKELS, MARCHAND, SCHWALLER 1989, Fig. 313. VERGER c.d.s. Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora faciès Grand Bassin I (du troisième quart du VIIe au début du VIe siècle avant J.C.), en particulier dans la nécropole éponyme du Grand Bassin I à Mailhac110 et dans celle du Peyrou à Agde111 (Fig. 7, 2). Ils apparaissent aussi dans certains dépôts launaciens, comme à Vias, près d’Agde112. La fonction exacte de ce type d’objet n’est pas très claire, car tous les exemplaires connus proviennent d’incinérations et de dépôts. Toutefois, dans les tombes du Languedoc, ils sont toujours déposés par paires et sont associés à des parures féminines. On pourrait y voir par exemple des ornements de coiffure. La distribution géographique des boutons coniques de ce type ne dépasse guère les limites du Languedoc occidental. Le seul exemplaire attesté en dehors de cette région est actuellement celui de la tombe 660 de Mégara Hyblaea113, qui contenait une collection de petits objets de parures féminines de la Gaule et des Balkans et qui peut être datée des environs de 600 avant J.-C. Cette identification reste hypothétique, car l’objet de Pérachora n’a pu être examiné directement. Par ailleurs, Humfry Payne mentionne et figure trois bracelets fermés ovales, à section également ovalaire, dont la face externe est couverte d’incisions formant des motifs géométriques (Fig. 6, 3-5). Le plus fin114 a un jonc de 0,4 cm de large et présente un décor organisé en trois segments identiques séparés par des astragales. L’ornementation principale est un chevron dont les contours sont marqués par deux rubans lisses. Les deux autres115, dont la largeur est de 0,9 et 1,1 cm, ont une décoration continue de chevrons plus ou moins complexes. Il sont tout à fait comparables à un bracelet fermé à décor incisé mis au jour au fond de la couche 5 du sanctuaire de Bitalemi116. Ces parures sont identiques aux nombreux exemplaires de la nécropole du Peyrou à Agde dans l’Hérault (Fig. 7, 3) et peuvent être attribués à la phase Grand Bassin I classique, qui est corrélée avec la phase Hallstatt D1-2 ancien de P.-Y. Milcent, c’est-à-dire la fin du VIIe et le début du VIe siècle. Les tombes 109 et 192 de la nécropole du Peyrou ont ainsi livré des exemplaires qui portent la même variante décorative que le plus fin des bracelets de Pérachora117; les bracelets des tombes 43, 121 et 146 sont quant à eux très semblables aux exemplaires les plus larges du sanctuaire grec118. Un autre bracelet ovale fermé de Pérachora est muni de deux bélières 110 LOUIS, TAFFANEL 1955, 40, Fig. 32 (tombes 3 et 10) et Fig. 36 13; LOUIS, TAFFANEL 1960, 387. 111 N ICKELS , M ARCHAND , S CHWALLER 1989, 332-333 et passim. Voir notamment les exemplaires des tombes 82 (Fig. 107), 119 (Fig. 155) et 121 (Fig. 164) qui conservent l’ensemble de l’ardillon de fixation. 112 COFFYN, GOMEZ, 1981, photo VII, au premier plan à droite. 113 VERGER 2010, 299, Fig. 3. 114 PAYNE 1940, 176, pl. 78, 2 et 12. 115 PAYNE 1940, 176, pl. 78, 3, Fig. 8 et pl. 78, 5 et 8. 116 VERGER c.d.s., Fig. 27, 1. 117 NICKELS, MARCHAND, SCHWALLER 1989, 162-164, Fig. 131, 109, b-e et k-l. 118 NICKELS, MARCHAND, SCHWALLER 1989, 94, Fig. 79, 43 i-l; 190, Fig. 164, 121 a-d; 224, Fig. 184, 146 c. 39 Stéphane Verger opposées percées dans un renflement interne du jonc119 (Fig. 6, 6). La section de ce dernier est ovale, avec un aplatissement des deux faces. On passait dans les perforations deux tiges de bronze matées aux extrémités, qui maintenaient solidaires une série de bracelets fins identiques, de manière à former un large brassard. Cet usage de porter des brassards composés de nombreux anneaux fins reliés par deux tiges métalliques est une particularité que l’on rencontre dans le SudOuest et le Centre-Ouest de la France. Un exemplaire complet provient de la tombe de Mia à Saint-Georges-les-Baillargeaux, dans la Vienne120. Généralement, les trous de fixation sont percés dans des parures à face externe décorée de reliefs plus ou moins accusés121. Comme à Pérachora, ils peuvent ne pas être exactement opposés mais légèrement décalés l’un par rapport à l’autre122. Les exemplaires lisses perforés sont rares et un peu différents de celui de Pérachora. Un fragment provient de la couche 5 du sanctuaire de Bitalemi. Le dépôt des environs de Carcassonne contient aussi un bracelet ouvert muni d’un seul renflement interne perforé123 (Fig. 7, 4). Les deux anneaux qui forment les lisières du brassard de la tombe de Mia sont identiques à l’exemplaire de Pérachora, si ce n’est qu’ils présentent sur une face des excroissances de forme triangulaire qui servent à ajuster les bracelets internes à jonc brisé. Les bracelets à perforations sont datés du Hallstatt D1 et peuvent avoir subsisté jusqu’à la transition Hallstatt D1/2 (comme dans la sépulture de Mia par exemple124). Un autre objet, classé par Humfry Payne parmi les pièces de harnachement de chevaux, est un disque en épaisse tôle de bronze ajourée de 10,1 cm de diamètre, aux deux tiers conservé, qui présente par ailleurs deux lacunes sur le bord125 (Fig. 6, 7). La partie centrale est convexe et portait huit perforations triangulaires rayonnantes (six d’entre elles sont conservées). La bordure est renforcée par deux filets en relief obtenus à la coulée qui encadrent un bandeau ajouré orné de triangles alternés aux angles émoussés. Entre ce registre périphérique et le renflement central, l’espace est occupé par deux autres bandeaux décoratifs séparés par un ruban lisse. Le registre intérieur s’organise autour de quatre cercles équidistants (trois conservés) séparés par des ajours en triangle et en croissant; le registre externe autour de huit cercles (6 conservés) séparés par un ajour triangulaire encadré par deux ajours en croissant. 119 PAYNE 1940, 176, pl. 78, 10. MOHEN 1980, pl. 201, 7. 121 Comme par exemple dans les dépôts de Rossay dans la Vienne (MOHEN 1980, pl. 198, 13, 16 et 17), de la grotte de Roucadour à Thémines dans le Lot (MOHEN 1980, pl. 189, 10) ou de Roque-Courbe à Saint-Saturnin dans l’Hérault (GARCIA 1987, Fig. 12, nombreux exemplaires). 122 Comme sur un bracelet fermé du dépôt des environs de Carcassonne: GUILAINE 1972, Fig. 131, 5. 123 GUILAINE 1968, pl. 10, n. 89. 124 La tombe est datée de cette époque par une épingle à tête sphérique en tôle de bronze. MOHEN 1980, pl. 201, 2. 125 PAYNE 1940, 182, pl. 82, 26. 120 40 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora Cette pièce a été identifiée d’abord par Paul Jacobsthal puis par Brian B. Shefton, qui le signala dans une note de son ouvrage Die “rhodischen” Bronzekannen126. Elle appartient à la série hallstattienne bien caractérisée des disques ajourés à renflement médian du Jura (les “boucliers de pudeur”, selon l’expression affectionnée par Jacques-Pierre Millotte)127. Il s’agit de la partie centrale d’une lourde parure féminine composée en outre d’une série d’anneaux concentriques à section lenticulaire ornés de triangles hachurés incisés (Fig. 7, 6). Les différents éléments étaient maintenus par des liens organiques et se portaient sur le ventre ou à la ceinture. La diffusion de ce type de pièces est relativement restreinte128 (Fig. 8). Elle ne dépasse guère les limites du Jura et de la Suisse occidentale, si l’on excepte de rares exemplaires isolés dans le Valais129 et dans les Alpes françaises130 (ainsi qu’un fragment d’anneau mobile dans le camp de Chassey en Bourgogne131). Les disques ajourés à renflement médian sont caractéristiques du Hallstatt D1 franccomtois132. Ils apparaissent dans la phase III de la nécropole de Subingen dans le canton de Soleure133. Ils peuvent donc être datés du dernier quart du VIIe ou de la première moitié du VIe s. avant J.-C.134. La décoration des disques peut donner lieu à un certain nombre de variations dans le nombre de registres ajourés (trois ou quatre) et dans la forme et la distribution des ajours. L’objet peut ou non présenter des filets concentriques en relief entre les registres décoratifs. La variante exacte de l’exemplaire de Pérachora correspond au Durchbruchmuster D de B. Schmid-Sikimic135 qui est attesté en Suisse occidentale, sur le disque de la tombe inférieure du tumulus III d’Ins136 et sur un exemplaire mis au jour dans le canton de Vaud mais de provenance précise inconnue137. Parmi les pendeloques en bronze, on trouve une rouelle à bélière de suspension138 (Fig. 6, 8). À l’intérieur du cercle fait d’un fin ruban à section ovale, 126 SHEFTON 1979, 39, n. 41. Un premier commentaire dans VERGER 1998, 301-303, Fig. 12; VERGER 2000, 391-392, Fig. 3, 6; 5, 1 et 6. L’objet a été commenté de manière différente dans SHEFTON 2001, 17-18, Fig. 5-6. Voir aussi la mention de l’objet, sans commentaire, dans SCHMID-SIKIMIC 1996, 194. 128 MILLOTTE 1963, 192-194; DRACK 1966-1967; BICHET, MILLOTTE 1992, 108, Fig. 78. 129 A Conthey et Visp: DRACK 1964, 62-63, pl. 29, 21-22 et pl. G, 4 et H, 2; SCHMID-SIKIMIC 1996, 182, pl. 70, A 115 et 183, pl. 72, A 118. 130 A Saint-Ferréol et Talloires en Haute-Savoie: BOCQUET 1991, 98, Fig. 3, 1-2; WILLIGENS 1991, 174, Fig. pl. XIII, n. 172 et 185-186, pl. XIII, n. 386. 131 THEVENOT 1997, 174, Fig. 2, 3. 132 GANARD et alii 1992, 40, Fig. 4, 3; DUNNING 1992, 84-85, Fig. 3, en bas à gauche, Fig. 7, 1 et Fig. 8, 1. 133 LÜSCHER 1989; LÜSCHER 1991, 22-25, en particulier tableau de la 24. 134 Pour une discussion d’ensemble précise de la chronologie des disques ajourés à renflement central, voir SCHMID-SIKIMIC 1996, 189-192. 135 SCHMID-SIKIMIC 1996, 179, Fig. 1, D, et commentaire 194. 136 DRACK 1958, 7, pl. 5, 16 et pl. H, 1; SCHMID-SIKIMIC 1996, 181, pl. 65, A 108. 137 DRACK 1964, 57, pl. J, 2. 138 PAYNE 1940, 176, pl. 78, 16; KILIAN-DIRLMEIER 1979, 16, n. 54, pl. 4. 127 41 Stéphane Verger quatre tiges rayonnantes maintiennent une partie centrale pleine en forme de carré aux côtés arrondis. Cette partie centrale est légèrement convexe. Cet objet appartient à la même série que les pendeloques en rouelle de la tombe 660 de Mégara Hyblaea et du dépôt votif archaïque de Satricum. Il ressemble aux exemplaires du Jura et de la Bourgogne139 sans en présenter les caractères morphologiques précis. Les pendeloques franc-comtoises se distinguent de l’exemplaire de Pérachora par le fait que leur partie centrale est toujours plane et que le cercle périphérique est généralement plus large. En revanche, l’une des quatre “rondelles ornementales” provenant du dépôt de Rossay dans la Vienne140 a exactement les mêmes caractéristiques que la rouelle du sanctuaire grec. Elle a été trouvée en association avec un lot de parures annulaires et de pendeloques datables du Hallstatt D1141. Un autre bracelet a les caractéristiques suivantes142 (Fig. 6, 9): il est fermé, creux, orné de seize bossettes séparées par des filets en relief. Son diamètre est de 6,8 cm. De chaque côté des bossettes, le bord du jonc est souligné par un filet en relief. Les bracelets à bossettes sont bien connus dans le domaine hallstattien occidental. Des séries relativement nombreuses proviennent du Centre-Ouest de la France (sépulture 87 HIJ 19 d’Antran143 et dépôts de Saint-Jouin-de-Marnes144, de Mondion145 et de Rossay146 par exemple) et du Languedoc (dépôt launacien de Roque-Courbe147). Les exemplaires connus présentent toutefois des différences de détail par rapport au bracelet de Pérachora: ils sont généralement ouverts, avec une interruption au centre d’une bossette; ils ne présentent pas de filet périphérique. Cette dernière caractéristique se retrouve en revanche sur une parure de la sépulture 1 de la nécropole d’Ifs, dans le Calvados148. L’objet est très semblable au bracelet du sanctuaire grec, mais, à la différence de ce dernier, il est ouvert. Quoiqu’aucun parallèle exact n’ait pu être identifié, on peut toutefois supposer que l’objet entre dans la série des parures occidentales du Hallstatt D1 et s’intègre donc dans le groupe présenté précédemment. On trouve enfin un exemplaire du type communément appelé “en rond de serviette”149 (Fig. 6, 10). Il s’agit d’un large anneau de 3,3 cm de haut, à section en 139 Pour le Jura: MILLOTTE 1963, 189; BICHET, MILLOTTE 1992, 112, Fig. 7, 7-8, Fig. 36, 2124, Fig. 58, 8; GANARD et alii 1992, 40, Fig. 4, 5. Pour la Bourgogne: NICOLARDOT 1993, 47-49, Fig. 13, 1; 22 et 23, 6. 140 TAUVEL 1974, 18, Fig. 15, 1; MOHEN 1980, 310, pl. 198, 4. 141 GOMEZ DE SOTO, MILCENT 2000, Fig. 5 et 6. 142 PAYNE 1940, 176, pl. 78, 4 et 6. 143 PAUTREAU 1991, 213-214, Fig. 5-6. 144 TAUVEL 1974, 9, Fig. 12, 8-9 et Fig. 13, 8. 145 TAUVEL 1974, 3, Fig. 11. 146 MOHEN 1980, 310, pl. 198, 7-9. 147 GARCIA 1987, Fig. 14, 10 et 14-15. 148 VERRON 1976, Fig. 1, 16; VERNEY 1993, 100, Fig. 5, 15-16. Photographie dans Celtes en Normandie 1990, 2e planche couleur. 149 PAYNE 1940, 176, pl. 78, 1, Fig. 25. 42 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora C ouvert, en épaisse tôle de bronze, avec deux filets latéraux en relief. Le bandeau central de sa face externe est orné de trois lignes brisées qui délimitent des zones alternativement lisses et hachurées. Un bracelet de forme identique a été mis au jour, avec le bracelet à oves cité précédemment, dans la sépulture 1 d’Ifs150. L’objet est plus haut. Le bandeau central de la face externe porte un simple décor de stries transversales. Malgré l’absence de parallèles exacts, l’exemplaire de Pérachora peut être classé parmi les productions du Hallstatt D1 de l’Ouest de la France – et peut-être de la Normandie, qui n’a pas encore fourni une série assez abondante d’ensembles funéraires pour que l’on connaisse toutes les variantes de parures annulaires disponibles alors dans la région. Enfin, d’autres bracelets godronnés qui pourraient aussi s’intégrer à cette série occidentale du Hallstatt D1 sont mentionnés mais non figurés. De la Gaule méridionale à l’isthme de Corinthe: quels intermédiaires ? Le parcours maritime entre le Languedoc et Pérachora passe par la Sicile méridionale grecque. Plus d’une dizaine de sites de cette zone ont livré des objets originaires de la gaule méridionale et centrale. Dans la plupart des cas, ils sont associés à des objets de parure provenant de diverses zones des Balkans. La tombe 660 de Mégara Hyblaea, par exemple, contenait ainsi un collier composé d’amulettes dans lequel étaient associés des pendentifs de la Franche Comté et du Languedoc occidental, d’un côté, et des perles et des pendentifs de la Macédoine et des Balkans centraux151 de l’autre. On peut supposer un double itinéraire à partir du nord-ouest, par l’intermédiaire de Sélinonte, d’un côté, et à partir du nord-est, par l’intermédiaire de l’Isthme de Corinthe, de l’autre (Fig. 12). Si l’on examine plus précisément les objets “balkaniques” mis au jour en Sicile, on peut distinguer les trois composantes identifiées à propos des objets métalliques de Pérachora: ceux qui viennent de la Slovénie, de l’Istrie, du nord de la Croatie et du Picénum, à travers une voie terrestre trans-italique; ceux qui sont originaires des Balkans centre-occidentaux, qui passent par la voie côtière est-adriatique et ionienne; ceux qui proviennent de la Macédoine et des Balkans centraux, qui doivent passer par la Chalcidique (Potidée) et l’Isthme de Corinthe. S’ajoute à ces trois groupes une composante beaucoup plus originale. On trouve en effet dans au moins deux sites de Sicile méridionale, dont Géla, des fragments de vases originaires des cultures de l’Âge du Fer du Caucase, qui ne se retrouvent nulle part ailleurs en Méditerranée. Leur présence pourrait s’expliquer d’une part par une spécificité rituelle du sanctuaire de Bitalemi et des cultes thesmophoriques de la Sicile méridionale, d’autre part par le réseau de contacts et d’échanges mis en place par Mégare et par ses colonies occidentales de Sicile et orientales de Propontide, qui se développe à partir de la fin de la seconde moitié du VIIe siècle avant J.-C. 150 V ERNEY 1993, 100, Fig. 5, 8. Photographie dans Celtes en Normandie 1990, 2 e planche couleur. 151 VERGER 2010, 298-304. 43 Stéphane Verger Deux réseaux isthmiques: Corinthe et Mégare La carte synthétique de ce système complexe de circulations d’objets métalliques semble indiquer l’existence de deux réseaux isthmiques superposés: un réseau corinthien, qui contrôle vers l’est et vers l’ouest les contacts avec différentes régions dans les Balkans méridionaux et centraux à travers les colonies ioniennes à l’ouest et à travers Potidée à l’est; un réseau mégarien qui explique les extensions occidentale (à travers Sélinonte et Mégara Hyblaea) et orientale (à travers les colonies mégariennes de la Propontide) de ce circuit qui dure de la fin du VIIe au troisième quart du VIe siècle. De ce point de vue, il est intéressant de noter que les cartes synthétiques de la provenance des objets non grecs de l’Héraïon de Pérachora (Fig. 9) et de la couche 5 archaïque du sanctuaire de Bitalemi à Géla152 sont très semblables. À Pérachora, la composante proprement sicilienne est très discrète. Les cultures indigènes de la Sicile ne sont pas absentes, même si elles ne sont représentées que par une petite perle biconique à extrémités évasées153 (Fig. 6, 11) qui rappelle tout particulièrement l’exemplaire de la tombe 392 de la nécropole de Buffa à Sélinonte154. La datation de ces pièces n’est pas très précise, entre la seconde moitié du VIIIe et la première moitié du VIe siècle avant J.-C. Elles étaient portées en colliers par les femmes indigènes de Sicile, mais des exemplaires isolés proviennent aussi de tombes grecques, généralement des sépultures d’enfants, dans lesquelles elles faisaient fonction d’amulettes. Après 540/530: les données de Corcyre et d’Olympie Pour préciser les indications fournies par le sanctuaire de Pérachora sur la physionomie des réseaux d’échanges qui se mettent en place dans la seconde moitié du VIIe siècle avant J.-C. entre les mers ionienne et adriatique et sur leur insertion dans le contexte de navigations méditerranéennes de cette époque, l’étude de séries métalliques comparables provenant de la zone de Corcyre et d’Ambracie, d’une part, et de celle d’Apollonia et d’Épidamnos, d’autre part, serait nécessaire. Malheureusement, la documentation dans ce domaine fait à peu près défaut, si ce n’est dans le sanctuaire de Mon Repos à Corcyre, dont une partie du matériel a fait l’objet d’une publication préliminaire. Elle donne toutefois quelques indications importantes pour la période immédiatement postérieure à celle de la deuxième phase de la série métallique de Pérachora. L’Adriatique, Corcyre et Corinthe à la fin du VIe siècle: quelques documents Pour cette phase postérieure à 540/530 avant J.-C., les sanctuaires de l’Isthme ne livrent pas beaucoup d’informations sur les réseaux d’échanges à longue 152 VERGER c.d.s., Fig. 36. PAYNE 1940, 178, pl. 79, 23. 154 MEOLA 1996, pl. 81, T: 392, 4. 153 44 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora Fig. 9. Carte des zones de provenance des objets métalliques non grecs du sanctuaire de Pérachora (VIIIe-VIe siècle avant J.-C.). distance, en raison de la raréfaction des objets métalliques déposés. A Pérachora, c’est d’ailleurs un objet en os que l’on peut mentionner à propos des connections adriatiques à cette époque. Il s’agit d’un pendentif en forme de tête de bélier155 de type étrusque (Fig. 10, 1). Il est identique à ceux du dépôt votif archaïque d’Anagni dans le Latium156. Ces objets reproduisent la forme d’une série de pendentifs en ambre étrusques de la fin du VIe et du Ve siècle avant J.C. Ces derniers sont largement diffusés, entre autres, en Etrurie padane (à Spina), dans le Picénum (dans la “tombe de la Reine” de Sirolo) ainsi que dans les Balkans (en Croatie 157 et dans les grandes tombes de Novi Pazar 158 et d’Atenica notamment159). Le sanctuaire d’Isthmia a livré quant à lui une attache d’anses mobiles de ciste à cordons (Fig. 10, 2) de fabrication nord-italique ou nord-adriatique160 qu’il est difficile de dater précisément en l’absence de fragments de la panse du vase. Deux tronçons d’anses torsadées pourraient faire partie de récipients de la même catégorie161 (Fig. 10, 3-4). Une attache d’anse identique associée à une anse 155 DUNBABIN 1962, 442, pl. 188, A308. GATTI, RUFFO 1994-1995, 108, n. 342, Fig. 69, 485-487. 157 PALAVESTRA 1993, Fig. 11, n. 101a-c, carte à la 236. 158 PALAVESTRA, KRSTIć 2006, 149-177, n. 64-142; Balkani 2007, 86, n. 35. 159 DJUKNIć, JOVANOVIć 1965, 9, pl. 10, 2 et pl. 16, 2-3; 10, pl. 19, 2-4; 10, pl. 21, 19. 160 RAUBITSCHEK 1998, 23, pl. 19, 90. 161 RAUBITSCHEK 1998, pl. 25, 133-134. 156 45 Stéphane Verger Fig. 10. Quelques objets de provenance italique dans les sanctuaires grecs de Pérachora, Isthmia, Olympie et Corcyre: 1. Pérachora, pendentif en os en forme de tête de bélier (d’après DUNBABIN 1962); 2-4. Isthmia, fragments d’anses mobiles de cistes à cordons (d’après RAUBITSCHEK 1998); 5-6. Olympie, fragments d’anses mobiles de cistes à cordons ou de situles (d’après GAUER 1991). torsadée provient du sanctuaire d’Olympie162 (Fig. 10, 5). Dans ce site, une autre anse, plus fragmentaire163 (Fig. 10, 6), peut appartenir aussi bien à une ciste à cordons qu’à une situle tronconique. Les cistes à cordons authentiquement norditaliques sont rares dans les sanctuaires grecs. On peut mentionner une anse identique provenant de l’Héraïon à l’embouchure du Sele dans le territoire de Poséidonia en Campanie, qui est inédite. En revanche, quelques exemplaires proviennent de contextes funéraires grecs (à Cumes) mais surtout indigènes de la Sicile orientale (Paternò) et des Pouilles (Rudiae)164. Ici aussi, une diffusion de ce type de vases par les voies adriatiques est probable. Il est intéressant de mentionner, à la suite de Claude Rolley, le cas d’une ciste à cordons provenant d’Ambracie qui est une imitation méridionale de ciste à cordons nord-italique munie d’anses coulées (à décor de palmette et volutes)165. Elle s’insère dans un petit groupe bien représenté en Italie du sud, notamment en Campanie (à Cumes et dans la grande tombe de Sala Consilina) et dans les Pouilles (à Cavallino et à Rudiae)166. Le groupe n’est pas homogène et l’on peut supposer l’existence de plusieurs ateliers de production en Italie du sud, à la fin du VIe et dans la première 162 GAUER 1991, E 187. GAUER 1991, E 188. 164 ROLLEY 1993; ROLLEY 1995, 172. 165 ROLLEY 1995, 172. 166 Voir surtout pour ce groupe: MARTELLI 1982; ROLLEY 1993. 163 46 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora moitié du Ve siècle avant J.-C. Une arrivée en Épire du vase – ou bien du modèle, si l’on envisage une production locale – suppose encore une fois des relations étroites entre Corcyre-Ambracie et l’Italie centrale et méridionale adriatique vers la fin du VIe siècle avant J.-C. La même observation peut être faite à propos des bassins à bord perlé étrusques mis au jour dans les nécropoles de Corcyre et d’Ambracie, où ils servaient d’urnes cinéraires. Ils appartiennent à deux variantes de D. Krauβe: celle de Brolio167, qui peut être datée de la seconde moitié du VIIe et de la première moitié du VIe siècle avant J.-C. et qui est diffusée en Etrurie interne et méridionale, dans le Picénum, dans les Pouilles et en Basilicate; celle d’Imola-Hundersingen, qui est caractéristique de l’Etrurie interne dans la seconde moitié du VIe siècle avant J.C. et est diffusée essentiellement par l’intermédiaire de l’Italie centrale et septentrionale adriatique168. Ils documentent donc pour le VIe siècle les relations qu’entretiennent les groupes aristocratiques de Corcyre avec l’Italie centrale adriatique. La distribution d’autres types d’objets illustre d’ailleurs ces contacts spécifiques entre Corinthe et les Balkans centre-occidentaux par l’intermédiaire de la côte ionienne et adriatique. Mentionnons ainsi, pour la seconde moitié du VIe siècle, celle des casques illyriens de la variante IIIA1, dont un exemplaire est présent à Isthmia et de nombreux autres autre à Olympie, et qui montre une large diffusion dans les Balkans occidentaux, de la région du lac Ochryd (à Trebenište) à la Slovénie (Novo Mesto169) en passant par la Croatie et la Serbie (Gorica, Bublin et Putičevo)170. Corcyre, Olympie et la Gaule méridionale dans la seconde moitié du VIe siècle: quelques documents A partir de 540/530 avant J.-C., les objets de parure originaires de la Gaule méridionale et centrale semblent disparaître complètement en Sicile, en Italie et en Grèce. La date est assez précise: elle correspond à la fois à la fin de la phase du Hallstatt D1 dans le domaine hallstattien occidental et au scellement de la couche 5 du sanctuaire de Bitalemi à Géla. L’interruption des voies de circulation que ces objets illustrent est sans doute due à la transformation des équilibres politiques et militaires entre les grandes puissances de la Méditerranée occidentale après la bataille de la Mer de Sardaigne. L’itinéraire entre le Languedoc et la Sicile occidentale passe par les secteurs maritimes désormais contrôlés plus strictement par Massalia et par Carthage. Pourtant, une petite série d’objets en bronze provenant de Corcyre et d’Olympie montre que les contacts entre la Gaule méridionale, la Mer Ionienne et la Grèce ne se sont pas totalement interrompus dans la seconde moitié du VIe siècle. 167 KRAUßE 1996, 260-262, Fig. 187-188. KRAUßE 1996, 262-269, Fig. 189-192. 169 EGG 1999, 321-325, Fig. 4-6. 170 PFLUG 1988, 52-54, Fig. 14. 168 47 Stéphane Verger Le premier groupe provient du sanctuaire de Mon Repos à Corfou171. Il s’agit de quatre plaques de ceinture en bronze découvertes lors des fouilles menées dans les années 1960 (Fig. 11, 1-3). Ces pièces ont immédiatement été illustrées dans les comptes rendus de fouille et identifiées comme des fermoirs originaires d’Espagne ou du Sud de la France datables de la fin du VIe ou du Ve siècle avant J.-C.172. Les fermoirs à échancrures latérales, à un, deux ou trois crochets et décor estampé ou incisé sont en effet très nombreux en Languedoc occidental (notamment à Mailhac, Pézenas et Couffoulens) et en Catalogne (à Ampurias par exemple) ainsi que sur une bonne partie de la côte orientale de l’Espagne, jusqu’à la province d’Alicante au sud (El Molar). Quelques exemplaires isolés sont attestés en Languedoc oriental (Saint-Rémèze) et dans la France de l’Ouest, jusque dans la Vienne (Savigné). Les plaques de ceinture de ce type appartiennent à la phase immédiatement postérieure à celle des nécropoles d’Agde et du Grand Bassin I de Mailhac. En Languedoc, elles sont caractéristiques du faciès Grand Bassin II. En France comme en Espagne, on les trouve dans des mobiliers funéraires à partir du deuxième quart du VIe siècle avant J.-C. Les exemplaires les plus récents datent de la seconde moitié du VIe siècle avant J.-C. Les fermoirs retrouvés à Corfou appartiennent aux variantes 2.5.2.1.1 et 2.5.2.1.2 définies plus récemment par Raimon Graells i Fabregat173. La première est attestée dans des contextes funéraires des deuxième et troisième quarts du VIe siècle alors que la seconde n’est attestée que dans le troisième quart du VIe siècle. Les fermoirs de ceinture de Corcyre semblent donc clore la série des offrandes gauloises dans les sanctuaires grecs. Les fermoirs de ceinture du type de ceux de Corcyre font partie de l’équipement masculin. Ils sont associés dans les sépultures à des armes offensives et l’on peut supposer qu’ils étaient utilisés pour fermer la ceinture de suspension de l’épée. On pourrait voir là le signe d’une transformation dans la nature des offrandes languedociennes ou catalanes déposées dans les sanctuaires grecs. Toutefois, ce changement n’est pas nécessairement à mettre au compte d’une transformation des relations – pacifiques d’abord, puis belliqueuses à partir de l’enrôlement des Ibères et des Élisyques dans les armées carthaginoises – qui pouvaient exister entre Grecs et indigènes occidentaux. En effet, on retrouve là une rupture qui caractérise l’histoire des sociétés languedociennes dans la première moitié du VIe siècle174. Pendant la phase Grand Bassin I, les parures féminines sont souvent riches et abondantes, aussi bien dans les tombes que dans les dépôts de bronze. Comme l’a noté André Nickels, les tombes à armes sont alors très rares (dans la nécropole d’Agde par exemple). Ces dernières se multiplient dans les premières décennies du VIe siècle (dans la nécropole de Pézenas par exemple). Certaines 171 Une présentation générale du sanctuaire dans DONTAS 1968 et 1976. AD 19, 1964, 325, pl. 365, g; AD 22, 1967, 365, pl. 272, e; AD 23, 1968, 309, pl. 249, b (deux exemplaires, dont un seul figuré); FRASER 1969-70, 18-19, Fig. 32; GARCÍA Y BELLIDO 1974; LUQUÉ ALVAREZ 1984. 173 GRAELLS 2003. 174 NICKELS 1983, 415-416; NICKELS, MARCHAND, SCHWALLER 1989, 456-457. 172 48 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora Fig. 11. Quelques objets originaires de la Gaule du sud ou du Nord-Est de la Péninsule Ibérique dans les sanctuaires grecs de Corcyre et d’Olympie: 1-3. Corcyre, Mon Repos, plaques de ceinture échancrées (d’après LUQUÉ ALVAREZ 1984); 4. Olympie, cnémide occidentale (d’après CLAUSING 2002); 5. Olympie, plaque de ceinture échancrée (d’après GARCÍA Y BELLIDO 1934); a. plan du Sanctuaire d’Hera de Mon Repos à Corcyra, avec l’enclos d’Apollon, à gauche, et le détail de l’autel d’Apollon en haut (d’après AΔ). tombes masculines (comme les tombes 13 et 15 de Couffoulens175, celle de Castelnau-de-Guers176 ou celles de Llinars del Vallès177 et de la Granja Soley178 plus au sud) sont alors d’une richesse jamais atteinte auparavant dans la région. De Pérachora à Corcyre, le remplacement des parures féminines par des ceintures masculines ne fait donc que refléter une transformation qui touche, en Languedoc et en Catalogne même, la composition des plus riches des mobiliers funéraires. Un autre point commun entre les objets occidentaux de Pérachora et de Corcyre provient du fait que les deux sanctuaires sont probablement consacrés à la même divinité. L’attribution à Héra Akraia ne fait pas de doute dans le premier cas179. Elle est plus hypothétique dans le deuxième cas, puisqu’elle ne repose que sur une inscription trouvée en 1846 à proximité de la zone du temple de la villa Mon Repos180, ainsi que sur la présence de koulouria en terre cuite181 identiques à ceux de Perachora et de l’Héraïon d’Argos. Toutefois, les objets ont été mis au jour plus précisément dans un petit enclos cultuel pourvu d’un autel qui se trouve à 175 SOLIER, RANCOULE, PASSELAC 1976, 13-20. HOULÈS, JANIN 1992. 177 SANMARTÍ-GREGO 1993. 178 SANMARTÍ et alii 1982. 179 TOMLINSON 1977, 200. 180 IG IX 12 4, nr. 862. RE VIII, 1, 1912, 381 et XI, 2, 1922, 1411-1412. 181 AD 19, 1964, pl. 372, d; 23, 1968, pl. 252, a-b. 176 49 Stéphane Verger l’ouest du sanctuaire, immédiatement à l’extérieur du mur du téménos182 (Fig. 11, a). Plusieurs dédicaces archaïques indiquent qu’il s’agit d’un lieu de culte consacré à Apollon Korkyraios183. Il est donc intéressant de constater à la fois la continuité du lien des offrandes nord-occidentales avec le culte d’Héra, mais aussi le changement de la divinité qui les reçoit à l’intérieur du sanctuaire – une divinité masculine mieux adaptée à la nouvelle catégorie d’objets concernée. Deux objets originaires du Languedoc ou du Nord-est de la Péninsule ibérique proviennent également du grand sanctuaire d’Olympie. Le plus ancien d’entre eux est une cnémide en tôle de bronze à décor de filets périphériques en relief (Fig. 11, 4). Christoph Clausing, qui l’a récemment étudiée, est revenu sur la question débattue de son origine184. En l’attribuant clairement à sa variante 3B, qui est caractérisée par un rang de perforations périphériques, il la rattache de manière convaincante à un groupe maintenant bien connu du VIIIe au VIe siècle avant J.C. dans des nécropoles de toute la côte orientale de la péninsule ibérique, jusqu’au Languedoc occidental, et dans des dépôts de Provence. Il la rapproche plus particulièrement des cnémides de Cabezo Lucero dans la province d’Alicante, et de celle de l’aven Plérimond à Aups dans le Var, qui présentent une ornementation très semblable. L’objet pourrait être contemporain des plaques de ceinture du type de celles de Corcyre. Il a pu être porté par le même type de personnage aux fonctions militaires. L’autre pièce est une plaque de ceinture ibérique publiée en 1894 et identifiée dans les années 1930 par Antonio Garcia y Bellido185 (Fig. 11, 5). Elle appartient au type à deux évidements latéraux et trois crochets, qui est bien représenté dans tout l’Est de la péninsule ibérique, dans les Pyrénées et en Languedoc oriental. Quelques exemplaires ont été trouvés dans le Centre-Ouest de la France, en Provence et dans la nécropole d’Aléria186. Ils peuvent être datés de la seconde moitié du VIe ou du début du Ve siècle avant J.-C. Comme les exemplaires de Corcyre, l’objet a été mis en relation avec la présence de mercenaires celtiques et ibériques dans l’armée envoyée au secours des Lacédémoniens par Denys de Syracuse, qui débarque à Corinthe en 368187. Cette supposition ne s’accorde pas avec la chronologie de ce type de fermoir; mais surtout, elle ne rend pas compte du fait que cette plaque de ceinture s’intègre dans une série continue d’objets d’origine languedocienne et ibérique offerts dans les sanctuaires grecs liés plus ou moins directement à Corinthe depuis la seconde moitié du VIIe siècle188. On retrouve ici plusieurs des caractéristiques dégagées à propos des cas de Pérachora et 182 AD 23, 1968, 309-313, Fig. 1-2, pl. 249-253. AD 23, 1968, 311, 313, pl. 251 et 253. 184 CLAUSING 2002, 173 et 175, Fig. 13, 3 et Fig. 16 (carte). 185 GARCÍA Y BELLIDO 1934, 32-33, pl. 5. 186 CERDEÑO SERRANO 1978, Fig. 3; MOHEN 1980, Fig. 130; JEHASSE 1973, 456, pl. 147, n. 1819. 187 GARCÍA Y BELLIDO 1934, 32-33. 188 H. Philipp signale également que la fibule à double ressort n. 989 d’Olympie pourrait également être originaire de la péninsule ibérique: PHILIPP 1981, 263, pl. 59, n. 989. 183 50 Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora de Corcyre: il s’agit d’une pièce d’équipement militaire qui en outre a été retrouvée au sud du temple d’Héra. En Languedoc comme sur la côte orientale de la péninsule ibérique, la première moitié du VIe siècle avant J.-C. est marquée, comme on l’a rappelé, par l’apparition massive des armes dans les tombes. La panoplie régionale se constitue alors, parfois grâce à des emprunts aux armées voisines. C’est ainsi que les épées et poignards à antennes, fabriqués sans doute régionalement au VIe siècle, dépendent d’un modèle hallstattien de la seconde moitié du VIIe et de la première moitié du VIe siècle. C’est sans doute aussi au cours du VIe siècle qu’Ibères et Elisyques commencent à former des troupes susceptibles de servir dans les nouvelles armées qui s’affrontent en Méditerranée occidentale. La notice, rapportée par Hérodote (VII, 165), d’une participation de ces deux peuples aux côtés des Carthaginois à la bataille qui oppose ces derniers aux Grecs à Himère en 480 constitue certes la première attestation du rôle militaire que jouent désormais les peuples les plus occidentaux du bassin méditerranéen dans les conflits internationaux. Pourtant, ce n’est sans doute que l’aboutissement d’un processus d’intégration progressive de ces populations dans les réseaux d’alliances diplomatiques qui se mettent en place au cours du VIe siècle. Les petits ensembles d’objets nord-occidentaux de Corcyre et d’Olympie nous apprennent que les relations entre la Gaule et la Méditerranée centrale se sont bien prolongées au-delà du premier tiers du VIe siècle avant J.-C. mais aussi qu’elles se sont modifiées sensiblement au cours du deuxième ou troisième tiers du siècle. Les circulations de parures féminines, qui prennent place dans le contexte de parcours religieux entre la périphérie septentrionale du monde et le cœur de la Méditerranée, laisse la place à de plus épisodiques circulations d’armes et de pièces d’équipement masculin qui prennent peut-être la suite des précédentes, mais qui peuvent aussi être interprétées comme les indices d’une présence de mercenaires ibères dans les conflits méditerranéens de la seconde moitié du VIe siècle, comme des prises de guerre offertes dans les sanctuaires les plus adaptés à cet effet, comme celui d’Olympie. Il est intéressant de noter la place centrale que joue désormais Corcyre dans les relations entre la Méditerranée occidentale et la Grèce. Toutefois, la documentation est encore bien limitée pour que l’on puisse pousser très loin le commentaire. *** Une ultime carte synthétique (Fig. 12) permet de résumer les résultats provisoires livrés par l’examen de la série d’objets métalliques non grecs du sanctuaire de Pérachora. Elle montre clairement la complexité des réseaux d’échanges entrecroisés qui se développent à la fin du VIIe et au VIe siècle avant J.-C. Deux points restent encore en grande partie obscurs. Quel est d’une part le rôle exact joué par Corcyre, qui est située à un emplacement nodal par rapport à la trame dense des contacts maritimes, dans la mise en place et le développement des voies d’échanges avec l’aire adriatique, les Balkans occidentaux et l’Italie du sud et dans la prise en charge des extensions occidentales de ces contacts? La documentation disponible à Corcyre même, à Ambracie et dans les colonies corin51 Stéphane Verger Fig. 12. Carte des circulations méditerranéennes illustrées par les séries métalliques des sanctuaires de Bitalemi et de Pérachora dans la seconde moitié du VIIe et la première moitié du VIe siècle avant J.-C. thiennes d’Illyrie (Apollonia et Epidamnos) est trop limitée pour permettre de répondre à cette question. D’autre part, quelle est la position exacte de la zone du lac Ochrid dans ces réseaux de contacts: l’enrichissement des élites indigènes de cette région, qui se marque dans la seconde moitié du VIe siècle par l’abondance d’importations grecques de très grand prix dans les tombes de Trebenište, est-elle due à un contact privilégié avec Corinthe par l’intermédiaire du réseau corinthien égéen, par la voie qui relie la métropole à sa colonie de Chalcidique, ou bien ionien, par celle qui la relie à Corcyre et aux colonies de l’Illyrie? Cette question a été au centre des derniers débats qui ont opposé Claude Rolley et Conrad Stibbe189, sans qu’un consensus ait pu être atteint. Stéphane Verger École Pratique des Hautes Études (EA 4115 HISTARA) UMR 8546 AOROC (CNRS-ENS), Paris verger.s@orange.fr 189 52 STIBBE 2003. Les objets métalliques du sanctuaire de Pérachora Bibliographie ADAM 2003 = A.-M. ADAM, Les vases de bronze étrusques, in C. ROLLEY (dir.), La tombe princière de Vix, Paris 2003, 144-160. Balkani 2007 = Balkani. Antiche civiltà tra il Danubio e l’Adriatico, Adria 2007. BICHET, MILLOTTE 1992 = P. BICHET, J.-P. MILLOTTE, L’Âge du Fer dans le haut Jura. Les tumulus de la région de Pontarlier (Doubs), Paris 1992. BOARDMAN 1967 = J. BOARDMAN, Excavations in Chios. 1952-1955. Greek Emporion, London 1967. BOCQUET 1991 = A. BOCQUET, L’archéologie de l’Âge du Fer dans les Alpes occidentales françaises, in DUVAL 1991, 91-155. BOUZEK 1974 = J. BOUZEK, Graeco-Macedonian Bronzes. Analysis and Chronology, Prague 1974. 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